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1941-Le monde prend feu

1941-Le monde prend feu

Titel: 1941-Le monde prend feu
Autoren: Max Gallo
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aveuglés. Dans quatre semaines, ils auront perdu devant Moscou, et
plus tard ils perdront la guerre. »
     
    Pourtant les Allemands évitent l’encerclement. Ils résistent.
«  Haltbefehl. » Ils se sont enterrés. Les villages changent
plusieurs fois de mains et surtout les Russes ne disposent pas de moyens
suffisants – chars, camions – pour conclure par une victoire
éclatante – encercler les Allemands entre Moscou et Smolensk – leur
contre-offensive.
    Mais à plusieurs reprises la panique a saisi les généraux
allemands.
     
    Le général Halder note dans son journal :
    29 décembre 1941  :
    « Autre journée critique… conversation dramatique entre
le Führer et von Kluge. Le Führer interdit le repli de l’aile nord de la IV e  armée.
Crise sérieuse dans la IX e  armée où les généraux ont
visiblement perdu la tête… »
    30 décembre 1941  : « encore un trou
noir ».
    31 décembre 1941  : « sombre fin d’année ».

 
45.
    Ce mois de décembre 1941, si « sombre » et si « noir »
pour les généraux de la Wehrmacht, est moment de clarté, d’espérance pour les
adversaires du Reich. Mais à tous, Allemands ou Russes, s’impose la « vérité
cruelle de la guerre », selon les mots de Vassili Grossman, l’écrivain et
correspondant de guerre de L’Étoile rouge , le journal de l’armée russe
soviétique.
     
    Un soldat de la Wehrmacht écrit à sa femme :
    « Ne t’inquiète pas et ne sois pas triste, puisque plus
vite je serai sous terre, plus je ferai l’économie de grandes souffrances. »
    Il appartient à la VI e  armée du
Feldmarschall von Reichenau, celle qui s’est emparée de Kiev.
    Il ne dit pas – mais le souvenir le hante – qu’il
a aidé au « transport » de près de quarante mille Juifs jusqu’au
ravin de Babi Yar, à l’extérieur de la ville. Là, ils ont été massacrés par le
Sonderkommando SS.
    Le soldat a entendu les détonations et les cris d’effroi, il
a vu les corps tomber les uns sur les autres, certains encore vivants.
    Il a fermé les yeux, il a souhaité qu’une explosion mette fin
à son existence.
    Puis l’instinct de vie et la discipline ont étouffé sa
mémoire. Il se bat, il viole les jeunes filles russes qui se sont couvertes de
haillons, ont noirci de suie leurs visages, pour ne pas attirer le regard des
soldats, ne pas susciter leur désir. Elles savent qu’elles peuvent être
rassemblées pour constituer un « bordel » mis à la disposition des
troupes entre deux combats.
     
    Vassili Grossman est en première ligne.
    Il note fébrilement dans son carnet ce qu’il voit, ce qu’il
entend, ce qu’il devine. Il sait bien qu’il ne pourra pas utiliser tout ce
matériau, cette « vérité cruelle de la guerre » dans ses articles
mais il écrit, sûr qu’un jour, la guerre finie, il pourra composer un grand
livre de témoignage.
     
    « Au poste de commandement du régiment, une isba vide. Les
Allemands ont tout emporté : les chaises, les lits, les tabourets. Le
commandant de la division – le colonel Pessotchine – et le
commissaire – Serafim Snitser –, tous deux énormes, massifs, avec de
gros poings grassouillets, frappent leurs subordonnés au visage. La commission
militaire du Parti [communiste] a ouvert des actions contre l’un et l’autre. Ils
font des promesses d’ivrognes, et chaque fois ils explosent… »
     
    Ils boivent comme beaucoup de soldats, prêts à avaler tout ce
qui brûle la gorge, obscurcit la pensée, du liquide anti-ypérite ou de l’alcool
pharmaceutique.
     
    Il faut tenir ces soldats, jetés en avant contre des Panzers,
des mitrailleuses. L’état-major, les commissaires politiques craignent les
désertions. On fusille dès qu’on soupçonne. Le soldat suspect qui échappe au
peloton d’exécution est versé dans un « bataillon pénitentiaire », où
la mort est quasi certaine. Ces unités sont vouées aux attaques suicide, et
leurs hommes sont contraints d’avancer au travers des champs de mines devant
les troupes d’assaut !
    Pas de pitié pour les soldats qui s’abstiennent de dénoncer
ou d’abattre les camarades qui tentent de déserter, ou ceux qui murmurent ou
hurlent « À bas le pouvoir soviétique ».
     
    « Nos chefs se moquent de nous, a déclaré un soldat en
abandonnant son poste. Ils boivent notre sang jusqu’à la dernière goutte et
eux-mêmes s’engraissent. »
    Interrogé par le commissaire politique, il
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