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1941-Le monde prend feu

1941-Le monde prend feu

Titel: 1941-Le monde prend feu
Autoren: Max Gallo
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dents, ils
tremblent, ils fourrent leur main directement dans le poêle et leurs mains sont
rouges comme de la viande crue.
    « “Chauffe, chauffe”, qu’ils crient, et leurs dents
font clac, clac.
    « Bon, ils venaient à peine de se réchauffer qu’ils se
sont mis à se gratter furieusement. C’était affreux à voir et comique. Comme
des chiens, avec les pattes, ils se grattaient. Les poux, avec la chaleur, ils
étaient partis se balader sur eux. »
     
    Vérité cruelle de la guerre, cette fin décembre de l’année
1941.

 
46.
    La vérité de la guerre qui, depuis le dimanche 7 décembre
1941, se livre aux antipodes est aussi cruelle.
     
    Ce dimanche 7 décembre 1941, il a suffi d’une heure aux
Japonais pour prendre le contrôle de l’océan Pacifique.
    Ce jour-là, ils ont coulé à Pearl Harbor quatre des huit
cuirassés américains ancrés dans la rade, en endommageant gravement les autres.
    Ils n’ont pas atteint les porte-avions, mais ceux-ci sont
loin et n’interdisent pas aux Japonais de commencer à débarquer sans être menacés
dans la péninsule malaise, de même qu’aux Philippines.
    Et ces invasions interviennent presque simultanément à l’attaque
de Pearl Harbor.
     
    La grande base navale britannique de Singapour est menacée
comme celle de Hong Kong.
    Aux Philippines, les troupes japonaises qui ont débarqué se
dirigent vers Manille, et les forces américaines reculent, abandonnent la
presque totalité de l’île de Luçon. Elles se replient dans la presqu’île de
Dataan.
    Les Américains qui ont percé le code diplomatique japonais, et
décryptent les messages échangés entre les diplomates et le commandement
japonais, sont cependant démunis, comme le sont les Anglais.
     
    Hong Kong capitule le jour de Noël 1941 : la garnison
britannique de douze mille hommes est capturée.
    C’est le temps des souffrances et de l’humiliation qui
commence pour les prisonniers britanniques.
    Mais il y a pire encore pour l’orgueil anglais : les
deux cuirassés, le Prince of Wales et le Repulse , sont coulés, le
10 décembre, par l’aviation japonaise.
     
    Ce jour-là, Winston Churchill se souvient de ces marins du Prince
of Wales chantant les hymnes religieuses sur la plage arrière du cuirassé, ce
10 août 1941, au large de Terre-Neuve, pour la signature de la Charte de l’Atlantique.
    Churchill sait que ce désastre entraîne, à terme, dans
quelques semaines, la chute de Singapour.
    Que restera-t-il de la domination impériale, de ce qu’on
appelle depuis un siècle « l’Empire sur lequel le soleil ne se couche
jamais » ?
    Et la perte de Singapour entraînera la conquête japonaise de
la Birmanie, des Indes néerlandaises, et c’est l’Inde et l’Australie qui
pourraient être à leur tour menacées.
     
    Une seule réponse à ces pertes probables : souder la
Grande-Bretagne aux États-Unis, constituer à Washington un « Comité des
chefs d’état-major combinés » anglo-américains, bâtir la Grande Alliance, en
y incluant la Russie, tout en se défiant des ambitions et des arrière-pensées
de Staline. Et puisque l’entrée en guerre des États-Unis garantit la victoire, quels
que soient les échecs, il faut aller à Washington rencontrer Roosevelt.
    Le 12 décembre, Churchill embarque sur le cuirassé Duke
of York.
    Le 22 décembre 1941, il est à Washington.
     
    C’est
un homme de soixante-sept ans. Une source d’énergie inépuisable, saluant la
foule enthousiaste, bras dressés, les doigts dessinant le V de la victoire.
    Il discourt dans les banquets. Il répond aux questions des
journalistes. Il s’entretient avec Roosevelt, les ministres, les généraux, les
amiraux.
    Au cours de cette première conférence, dite Arcadia, il
passe d’un entretien à un discours, vingt heures par jour, et cela pendant
trois semaines.
    Le 27 décembre 1941 – la veille, il est intervenu
devant le Congrès américain –, il s’étouffe en essayant d’ouvrir une
fenêtre et ressent une vive douleur qui de la poitrine se prolonge dans le bras
gauche.
     
    Les
Américains – le président Roosevelt, le général Marshall, chef d’état-major,
l’industriel Stettinius – le contraindront à prendre quelques jours de
repos en Floride, dans une luxueuse villa de Palm Beach.
    Mais qui pourrait empêcher Churchill de penser, d’imaginer, de
harceler ses proches, d’intervenir ?
    La situation d’ailleurs exige qu’on organise la riposte
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