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1941-Le monde prend feu

1941-Le monde prend feu

Titel: 1941-Le monde prend feu
Autoren: Max Gallo
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subi le pouvoir bolchevique, se déchaînaient.
     
    Heydrich,
le dirigeant SS, avait donné pour instruction d’inciter les populations à « l’autonettoyage ».
    Il faut « établir pour la postérité aussi solidement
que possible, et avec des preuves irréfutables, le fait que la population
libérée a pris des mesures les plus radicales contre l’ennemi bolchevique et le
Juif, de sa propre initiative, sans que l’on puisse discerner aucune influence
du côté allemand ».
     
    L’Oberleutnant Karl Lemberg se souvient de « cet homme
blond, de taille moyenne, qui se tenait debout, appuyé sur une batte de bois, en
position de repos. La batte avait l’épaisseur de son avant-bras et lui arrivait
à la poitrine.
    « À ses pieds gisaient quinze à vingt personnes mortes
ou mourantes. De l’eau coulait sans discontinuer d’un tuyau d’arrosage, emportant
du sang dans le caniveau vers la bouche d’égout.
    « À quelques pas derrière lui, une vingtaine d’hommes
environ, gardés par des civils armés, attendaient leur cruelle exécution, soumis
et silencieux.
    « Obéissant à un signe négligent de la main, l’homme
suivant s’est avancé sans un mot puis a été battu à mort avec la plus extrême
sauvagerie pendant que la foule ponctuait chaque coup d’acclamations
enthousiastes.
    « Certaines femmes tenaient leurs enfants à bout de
bras pour leur permettre de mieux voir [7]  ».
     
    Partout, jour après jour, les services de sécurité SS tuent
des milliers de Juifs, fusillés, ou battus à mort avec des matraques et des
pelles.
    Là, on voit « des centaines de Juifs marchant le long
de la rue, le visage ruisselant de sang, des trous dans la tête, les mains
brisées et les yeux sortis de leurs orbites. Ils étaient couverts de sang. Certains
en portaient d’autres qui s’étaient effondrés [8]  ».
    Combien d’assassinés, de la fin du mois de juin à ces
derniers jours du mois de décembre 1941 ?
    Peut-être plusieurs centaines de mille – six cent mille ! –
en ne comptant que les Juifs, auxquels s’ajoutent les civils russes, les
soldats de l’armée Rouge, faits prisonniers et qu’on abat ou qu’on laisse
mourir de faim et de froid.
    Le développement de la guerre de partisans contre la
Wehrmacht, ou bien la découverte dans les prisons des villes occupées par les
Allemands de soldats de la Wehrmacht abattus après avoir été torturés par les
Russes, provoquent vengeances, tueries, meurtres de masse.
     
    Guerre atroce, guerre féroce en cette fin de décembre 1941, alors
que se déploie la contre-offensive russe de Joukov.
    L’Oberleutnant Karl Lemberg reçoit l’ordre de tenir, sans
reculer – Haltbefehl, a dit le Führer –, mais en même temps il
est ordonné aux troupes de ne pas laisser un village intact à l’ennemi. Maisons
et granges doivent être détruites à l’explosif, incendiées. Il s’agit d’empêcher
les troupes russes de trouver un abri dans les isbas. Rien n’est dit du sort à
réserver aux civils. Dans de nombreux cas, on n’aura pas le temps de les faire
partir.
     
    À partir du 20 décembre 1941, les arrière-gardes de la
Wehrmacht commencent leur besogne de destruction.
    « Ce fut, dit le caporal August Freita, un ordre dur
qui nous montra plus que jamais à quel point nous menions une guerre pour l’être
ou le non-être. Toi ou moi, un de nous deux doit crever… Par un froid glacial, un
vent soufflant de l’est et sous les flocons de neige, nous regardions les
habitants du village amassés en bordure de celui-ci, contemplant leurs maisons
partir en flammes.
    « Des bébés qui n’avaient pas encore respiré l’air du
dehors de leurs maisons, sur les bras de leurs mères, hurlaient d’effroi, mais
leurs cris étaient bientôt couverts par les cris de celles qui les portaient. Jamais
de ma vie je n’avais vu autant de malheur, je ne l’aurais même pas imaginé.
    « Je remerciai le bon Dieu de ne pas appartenir au
commando incendiaire [9] . »
     
    La température descend à moins 40 degrés.
    « Mon cœur s’arrêta lorsque je vis les gelures des
hommes, raconte un médecin de la Wehrmacht. Presque toujours les doigts de pied
ou les pieds entiers étaient gelés dans la botte, formant avec elle un seul
gros bloc de glace. Nous devions d’abord découper toute la botte et ensuite
longuement frotter et malaxer le pied jusqu’à ce qu’il redevînt mou et
élastique. Nous les enveloppions ensuite dans de
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