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1941-Le monde prend feu

1941-Le monde prend feu

Titel: 1941-Le monde prend feu
Autoren: Max Gallo
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a lancé :
« Le temps viendra bientôt où nous vous soulèverons vous aussi, à la pointe
de nos baïonnettes. » Le commissaire l’a tué d’un coup de pistolet.
    Mais quand l’alcool s’empare des esprits, la peur s’efface
et on dit au chef qui veut faire respecter la discipline : « Ça fait
longtemps que mon fusil a une balle pour toi dans le canon. »
    Et cette menace se paie devant un peloton d’exécution ou d’une
balle tirée à bout portant sans autre forme de procès.
     
    Combien, à la fin de l’année 1941, de soldats de l’armée
Rouge sont-ils morts ainsi, abattus pour s’être rebellés ou avoir déserté, et
combien sont-ils tombés dans les attaques des bataillons pénitentiaires ? Sûrement
plusieurs dizaines de milliers.
    Mais l’armée Rouge, malgré eux, malgré des centaines de
milliers de prisonniers, a tenu, a réussi à contre-attaquer, à faire pour la
première fois reculer la Wehrmacht sur tout le front, de Leningrad à Moscou et
Rostov.
    Cela n’aurait pas été possible si le patriotisme, la volonté
de chasser l’envahisseur n’avaient soulevé les soldats, les civils, les
partisans tapis dans toutes les forêts de la Russie.
     
    Ce patriotisme, les commissaires politiques l’exaltent, réunissant
les soldats, racontant et exaltant les actes de courage, les propos
patriotiques.
    Le soldat de l’armée Rouge, Jourba, a déclaré : « Mieux
vaut la mort que la captivité fasciste ! »
    « Lors du combat pour le village de Zaliman, un soldat
de l’armée Rouge blessé est entré dans la cour de la citoyenne Galia Iakimenko.
Elle voulait lui porter secours. Un fasciste allemand a fait irruption dans la
cour et a tué d’une balle le soldat ainsi que Galia et il a tenté de tirer sur
le fils Iakimenko âgé de quatorze ans. Un vieux voisin, Bela Beliavtesev, a
saisi un gourdin et a frappé le fasciste sur la tête. Le combattant Petrov a
surgi et il a exécuté l’Allemand. »
     
    Les combats vont ainsi jusqu’au corps à corps.
    Vassili Grossman note : « Difficulté pour l’artillerie.
Le combat a lieu dans le village même et tout est imbriqué. Une maison est à
nous, l’autre à eux. Comment utiliser ici des armes à feu de grande puissance ? »
     
    Dans la plupart des secteurs du front, après avoir reculé, les
Allemands, en cette fin décembre 1941, organisent des contre-attaques.
    Vassili Grossman assiste à l’une d’elles, depuis le haut d’un
tertre.
    « Les Allemands avancent de quelques pas en courant et
se couchent à terre. Une petite silhouette agite les bras : c’est un
officier. Encore quelques pas en avant et les voilà reculant dans le désordre… Une
fois encore, la petite silhouette agite les bras et, de nouveau, quelques pas, puis
ils recommencent à reculer. La contre-attaque a échoué.
    « C’est comme un vœu qui se réalise. Dès que les
Allemands forment un petit groupe, bing, un obus ! C’est l’œuvre du
pointeur Morozov. »
     
    « Nous reprenons l’offensive, écrit Grossman. Les
routes, la steppe sont pleines de véhicules allemands fracassés, de canons
abandonnés, par terre ce sont des centaines de cadavres allemands, des casques,
des armes… »
     
    « Fini le temps, s’exclame Grossman, où ces soldats
fascistes marchaient en rangs par les capitales de l’Europe. Ils avaient à cœur
de faire forte impression.
    « Et les voilà qui sont entrés au matin dans ce village
russe. Les soldats avaient mis des capelines de femme sous leurs casques noirs
et des caleçons longs de femme en tricot. Nombre de soldats traînaient derrière
eux des luges chargées de couvertures, d’oreillers, de petits sacs de
nourriture, de vieux seaux…
    « Il y a six heures, les Allemands étaient encore dans
l’isba. Là, sur la table, il y a leurs papiers, leurs sacs, leurs casques, les
isbas auxquelles ils ont mis le feu se consument encore, leurs corps sans vie, éventrés
par l’acier soviétique, gisent dans la neige.
    « Et les femmes, pressentant que le cauchemar de ces
derniers jours est fini, s’exclament soudain à travers leurs sanglots : “Petits
trésors, nos trésors à nous, vous êtes revenus !”
    « — Eh bien, ça s’est passé comment ? leur
demande-t-on.
    « — D’abord, les Allemands sont arrivés à pied. D’abord,
ils frappent à la porte, ils s’entassent tous dans la maison, ils sont là, debout,
près du poêle, comme des chiens efflanqués, ils claquent des
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