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Vie de Benjamin Franklin, écrite par lui-même - Tome II

Vie de Benjamin Franklin, écrite par lui-même - Tome II

Titel: Vie de Benjamin Franklin, écrite par lui-même - Tome II
Autoren: Benjamin Franklin
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contraires, en acquérir de bonnes et s'y affermir, avant de pouvoir compter sur une constante et uniforme rectitude de conduite : en conséquence, pour y parvenir, j'imaginai la méthode suivante.
Dans les différentes énumérations des vertus morales que j'avois vues dans mes lectures, le catalogue étoit plus ou moins nombreux, suivant que les écrivains renfermoient plus ou moins d'idées sous la même dénomination.
    La tempérance, par exemple, suivant quelques-uns, n'avoit de rapport qu'au manger et au boire, tandis que d'autres en étendoient le sens jusqu'à la modération dans tous les autres plaisirs, dans tous les appétits, inclinations ou passions du corps ou de l'ame, et même jusqu'à l'avarice et l'ambition. Je me proposai, pour plus de clarté, de faire plutôt usage d'un plus grand nombre de mots, en attachant à chacun peu d'idées, que de me servir de moins de termes, en les liant à plus d'idées. Je renfermai sous treize noms de vertus, toutes celles qu'alors je regardois comme nécessaires ou désirables, et j'attachai à chacune d'elles un court précepte qui montrait pleinement l'étendue que je donnois à leur signification.
Voici ces noms de vertus avec leur précepte :
1. Sobriété. Ne mangez pas jusqu'à être appesanti ; ne buvez pas assez pour que votre tête en soit affectée.
2. Silence. Ne dites que ce qui peut être utile aux autres et à vous-mêmes.
Évitez les conversations frivoles.
3. Ordre. Que chaque chose ait chez vous sa place, et chaque partie de vos affaires son temps.
4. Résolution. Soyez résolu de faire ce que vous devez, et faites, sans y manquer, ce que vous avez résolu.
5. Économie. Ne faites aucune dépense que pour le bien des autres ou pour le vôtre, c'est-à-dire, ne dépensez rien mal à propos.
6. Application. Ne perdez point de temps ; soyez toujours occupé à quelque chose d'utile ; abstenez-vous de toute action qui ne l'est pas.
7.Sincérité. N'usez d'aucuns déguisemens nuisibles ; que vos pensées soient innocentes et justes, et conformez-vous quand vous parlez.
    8. Justice. Ne nuisez à personne, soit en lui fesant du tort, soit en négligeant de lui faire le bien auquel vous oblige votre devoir.
9. Modération. Évitez les extrêmes ; gardez-vous de vous offenser des torts d'autrui, autant que vous croyez en avoir sujet.
10. Propreté. Ne souffrez aucune malpropreté sur votre corps, sur vos habits et dans votre maison.
11. Tranquillité. Ne vous laissez troubler ni par des bagatelles, ni par des accidens ordinaires ou inévitables.
12. Chasteté. Livrez-vous rarement aux plaisirs de l'amour, n'en usez que pour votre santé, ou pour avoir des descendans, jamais au point de vous abrutir ou de perdre vos forces, et jusqu'à nuire au repos et à la réputation de vous ou des autres.
13. Humilité. Imitez Jésus et Socrate.
Mon intention étant d'acquérir l'habitude de toutes ces vertus, je pensai qu'il seroit bon, au lieu de diviser mon attention en entreprenant de les acquérir toutes à-la-fois, de la fixer pendant un temps sur une d'elles ; et lorsque je m'en serois assuré, de passer à une autre, et ainsi de suite, jusqu'à ce que je les eusse parcourues toutes les treize. Et comme l'acquisition préalable de quelques-unes, pouvoit faciliter celle de quelques autres, je les rangeai dans cette vue comme on vient de voir : la sobriété étoit la première, parce qu'elle tend à procurer le sang-froid et la netteté de tête si nécessaires lorsqu'il faut observer une vigilance constante, et se tenir en garde contre l'attrait toujours subsistant des anciennes habitudes, et la force des tentations continuelles.
Cette vertu une fois obtenue et affermie, le silence devenoit beaucoup plus aisé.
    Mon désir étant d'acquérir des connoissances en même-temps que je me perfectionnois dans la vertu, je considérai que, dans la conversation, on y parvenoit plutôt par le secours de l'oreille que par celui de la langue ; et voulant, en conséquence, rompre l'habitude qui me gagnoit de babiller, de faire des pointes et des plaisanteries qui ne pouvoient me rendre admissible que dans des compagnies frivoles, je donnai la seconde place au silence.
J'espérois par son moyen, et avec l'ordre qui vient après, obtenir plus de temps pour suivre mon projet et mes études. La résolution une fois devenue habituelle, devoit m'affermir dans mes efforts pour obtenir les autres vertus. L'économie et l'application en me délivrant de ce qui me restoit de
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