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Vie de Benjamin Franklin, écrite par lui-même - Tome II

Vie de Benjamin Franklin, écrite par lui-même - Tome II

Titel: Vie de Benjamin Franklin, écrite par lui-même - Tome II
Autoren: Benjamin Franklin
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TOME SECOND.
    Traduit de l'Anglais, avec des Notes,
PAR J. CASTÉRA.
Eripuit cœlo fulmen sceptrumque tyrannis.
à Noé Webster, à Hartford.
Philadelphie, le 26 décembre 1789.

J'ai reçu depuis quelque temps, monsieur, votre dissertation sur la langue anglaise. C'est un excellent ouvrage, et qui sera très-utile à nos compatriotes en leur fesant sentir la nécessité d'écrire correctement. Je vous remercie de l'envoi de ce pamphlet et de l'honneur, que vous m'avez fait, de me le dédier. J'aurois dû vous offrir plutôt ces remerciemens : mais j'en ai été empêché par une forte indisposition.
Je ne puis qu'applaudir à votre zèle, pour conserver la pureté de notre langue, soit dans l'expression, soit dans la prononciation, et pour corriger les fautes, qui ont rapport à l'une et à l'autre, et que commettent sans cesse les habitans de plusieurs des États-Unis. Permettez-moi de vous en citer quelques-unes, quoique vraisemblablement vous les connoissiez déjà. Je voudrois que dans quelqu'un des écrits que vous publierez par la suite, vous prissiez la peine de les improuver, de manière à en faire abandonner l'usage.
Le premier dont je me rappelle est le mot perfectionné [Improved.]. Quand je quittai la Nouvelle-Angleterre, en 1723, je n'avois jamais vu qu'on se fût servi de ce mot que dans le sens d'amélioré, excepté dans un vieux livre du docteur Mather, intitulé : les Bienfaits de la Providence. Comme ce docteur avoit une fort mauvaise écriture, je crus, en voyant ce mot mis au lieu d'employé, que l'imprimeur avoit mal lu le manuscrit [Qu'il avoit pris l'e d'employé pour un i, l'l pour un r et l'y pour un v. (Note du Traducteur.)] et s'étoit trompé.
     Mais lorsqu'en 1733, je retournai à Boston, je trouvai que cette innovation avoit réussi et étoit devenue fort à la mode. Je voyois souvent que dans la gazette on en fesoit un usage très-ridicule. Par exemple, en annonçant qu'une maison de campagne étoit à vendre, on disoit qu'elle avoit été long-temps perfectionnée comme taverne ; et en parlant d'un homme qui venoit de mourir, on ne manquoit pas d'observer qu'il avoit été pendant plus de trente ans perfectionné comme juge de paix.
Cette acception du mot perfectionné est particulière à la Nouvelle-Angleterre ; et elle n'est point reçue dans les autres pays, où l'on parle anglais, en-deçà, ni au-delà des mers.
À mon retour de France, j'ai trouvé que plusieurs autres mots nouveaux s'étoient introduits dans notre langue parlementaire. Par exemple, on a fait un verbe du substantif connoissance. Je n'aurois point connoissancé cela [Au lieu de donné connoissance de cela.], dit-on, si l'opinant n'avoit pas, etc. On a fait un autre verbe du substantif avocat, en disant : le représentant qui avocate, ou qui a avocaté cette motion.—Encore un autre du substantif progrès ; et celui-ci est le plus mauvais, le plus condamnable de tous. Le comité ayant progressé, résolut de s'ajourner [De pareilles innovations se sont quelquefois introduites dans l'assemblée nationale de France ; et s'il y en a eu d'heureuses, il y en a eu aussi de très-ridicules. Cet abus menaçoit même de corrompre la pureté de notre langue : mais le bon goût en a fait justice. (Note du Traducteur.)]. Le mot résister [Il y a dans l'original opposer, qui, en anglais, est le synonyme de résister.] est un mot nouveau : mais je l'ai vu employer d'une manière neuve, en disant : Les représentans qui ont résisté à cette mesure à laquelle j'ai toujours moi-même résisté.
Si vous pensez comme moi sur ces innovations, vous ne manquerez pas de vous servir de tous les moyens qui sont en votre pouvoir pour les faire proscrire.
    La langue latine, qui a long-temps servi à répandre les connoissances parmi les différentes nations de l'Europe, est chaque jour plus négligée ; et une des langues modernes, la langue française, l'a remplacée et est devenue presqu'universelle. On la parle dans toutes les cours de l'Europe ; et la plupart des gens de lettres, de tous les pays, ceux même qui ne savent pas la parler, l'entendent assez bien pour pouvoir lire aisément les livres français. Cela donne un avantage considérable à la nation française. Ses écrivains peuvent répandre leurs sentimens, leurs opinions, sur les points importans qui ont rapport aux intérêts de la France, ou qui peuvent servir à sa gloire, et contribuer au bien général de l'humanité.
Peut-être n'est-ce que parce
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