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Vie de Benjamin Franklin, écrite par lui-même - Tome II

Vie de Benjamin Franklin, écrite par lui-même - Tome II

Titel: Vie de Benjamin Franklin, écrite par lui-même - Tome II
Autoren: Benjamin Franklin
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passager ; mais la dépense est continuelle. Le bonhomme Richard dit qu'il est plus aisé de bâtir deux cheminées que d'entretenir du feu dans une. Ainsi, couchez-vous sans souper, plutôt que de vous lever avec des dettes. Gagnez tout ce qu'il vous est possible de gagner et sachez le conserver : c'est-là la pierre philosophale qui changera votre plomb en or ; et quand vous posséderez cette pierre, bien est-il sûr que vous ne vous plaindrez plus de la rigueur des temps et de la difficulté de payer les impôts.
»Cette doctrine, mes amis, est celle de la raison et de la prudence. Mais ne vous confiez pourtant pas trop à votre travail, à votre sobriété, à votre économie. Ce sont d'excellentes choses : mais elles vous seront inutiles, sans les bénédictions du ciel.
    Demandez donc humblement ces bénédictions. Ne soyez point insensibles aux besoins de ceux à qui elles sont refusées ; au contraire, accordez-leur des consolations et des secours. Souvenez-vous que Job fut pauvre et qu'ensuite il retrouva son opulence.
»Pour conclure ce discours, je vous dirai que l'école de l'expérience est chère : mais, comme le dit le bonhomme Richard, c'est fa seule où les imprudens s'instruisent et encore est-ce fort rare ; car il est certain qu'on peut donner un bon avis, mais non pas une bonne conduite. Cependant, rappelez-vous que celui qui ne sait pas recevoir un bon conseil, ne peut pas être utilement secouru ; et si vous ne voulez pas écouter la raison, dit encore le bonhomme Richard, elle vous frappera sur toutes les jointures de vos membres.»
Le vieil Abraham finit ainsi sa harangue. Les gens qui l'avoient écouté et approuvé, ne manquèrent pourtant pas de faire aussitôt le contraire de ce que prescrivoient ses maximes. Ils agirent comme s'ils venoient d'entendre un sermon ordinaire ; car dès que la vente commença, ils achetèrent à l'envi et de la manière la plus extravagante.
Je vis que le bonhomme avait soigneusement étudié mon almanach, et mis en ordre tout ce que j'avois dit sur le travail et l'économie, durant l'espace de vingt-cinq ans. Les fréquentes citations qu'il avoit faites de moi, auroient été ennuyeuses pour tout autre : mais ma vanité en fut merveilleusement flattée, quoique je fusse bien certain que la dixième partie de la sagesse qu'il m'attribuoit, ne m'appartenoit pas, et que je n'avois fait que recueillir quelques maximes du bon sens de tous les siècles et de toutes les nations.
    Cependant, je résolus de faire mon profit de ce que je venois d'entendre répéter ; et quoique j'eusse d'abord eu envie d'acheter de l'étoffe pour un habit neuf, je me retirai dans la résolution de faire durer le vieux un peu plus long-temps.—Lecteur, si vous pouvez en faire de même, vous y gagnerez autant que moi.
Richard Saunders.
    Fin du dernier Volume.
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