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Vidocq - le Napoléon de la Police

Vidocq - le Napoléon de la Police

Titel: Vidocq - le Napoléon de la Police
Autoren: Marie-Hélène Parinaud
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pousser les ongles. Prends la peau de bête et
la massue et suis-moi. »
    Derrière les barreaux d’une cage, je
deviens un sauvage anthropophage. Jusqu’au moment où Cotte-Camus décide de me
faire mordre dans un poulet vivant.
    « Cela fait plus
sauvage. »
     
    Pas question, cette fois-ci je
m’enfuis. Je me réfugie dans la baraque d’un montreur de marionnettes. Il me
compare à « Daniel dans la fosse aux lions » et accepte de me prendre
sous son aile. Le travail est facile, je dois lui passer les personnages
pendant que sa femme fait la manche dans la salle. Plus tard, je fais les voix
de certaines marottes. Curieusement la voix d’un pantin est très difficile à
faire, elle doit être chaque fois différente et coller au rôle. Je parviens à
la perfection à imiter celles de plusieurs personnages, de l’arlequin au
barbon, toutes différentes, même celles des femmes. Lors de mes évasions ou
pour une de mes enquêtes, lorsque je me déguiserai, cette expérience me sera
précieuse.
    Mon patron charge sa charmante épouse
Élisa, âgée de seize ans, de me trouver des vêtements « corrects ».
Je suis quasi nu. À force de m’essayer les vieilles chemises de son mari, elle
finit par me caresser le torse puis les épaules, le cou, la bouche… Son mari ne
s’aperçoit de rien, nous considérant comme deux enfants jusqu’au jour…
    Un dimanche, il y a foule devant
l’échoppe, une étroite cabane de toile. Les enfants passionnés après que
Polichinelle a battu tout le monde, applaudissent à tout rompre. Le patron me
tend comme d’habitude les personnages qui ont fini de servir. En l’occurrence,
le gendarme pour que je le range. « Le commissaire, le commissaire »,
chuchote-t-il à mi-voix. Je n’entends pas car, derrière lui, j’embrasse Élisa à
pleine bouche. Il se retourne et nous voit. Il fracasse la marionnette sur
notre tête et veut nous frapper. Les murs de toile de la cabane se déchirent et
les spectateurs applaudissent et rient devant cette nouvelle bagarre.
« Guignol. Guignol ! »
     
    Je suis de nouveau sur le pavé.
Nulle autre solution que de se rendre à Arras, à pied. Pour survivre le long du
chemin, sans avoir à mendier, je sers de portefaix à un fabriquant d’élixirs,
le père Godard.
    Il vend un remède universel capable
de guérir tous les maux. En vérité, il s’agit d’un somnifère très rapide dont
je saurai me rappeler la formule et me servir, beaucoup plus tard.
    Arrivé en vue du clocher d’Arras, le
courage me manque. Parvenu aux pieds des remparts avant la fermeture des
portes, la tentation de battre en retraite me prend. Mais la fatigue l’emporte.
Toutes mes aventures m’ont épuisé. Je pousse la porte de la boutique. Ma mère
est seule. J’entre. Je tombe à ses genoux en pleurant et lui demande pardon.
    Elle me serre dans ses bras,
sanglote, me donne à manger et me conduit à mon ancienne chambre. Le passé est
aboli, mes fautes oubliées. Tout est en ordre, je suis de retour dans mon
univers. Malgré sa colère, mon père, me pardonne.
     
     
    La vieille servante se signe.
« Il récite ses prières, on dirait le Notre-Père. »
     
     
    Mes aventures, un peu enjolivées,
font le tour de la ville et chacun de mes anciens compagnons vient me voir pour
que je leur décrive « mon voyage en Amérique ». À force de le
raconter, je finis presque par y croire. Une ravissante actrice me demande de
le lui détailler dans sa loge. Bientôt je ne la quitte plus. Pour l’accompagner
en tournée, j’ai recours au tiroir-caisse paternel. Trois semaines plus tard,
mon argent dépensé, la comédienne me donne mon congé.
     
     
    Juste en dessous, au premier
étage, une vitre claque, faisant sursauter le vieux médecin et la servante qui
s’affairent autour du malade.
     
     
    De retour à Arras, je ne rentre pas
en catimini, pour implorer le pardon de mes parents. Au contraire, je vais
droit à la boulangerie et fais sonner bruyamment la porte d’entrée. À mon père
estomaqué par mon culot, j’exige son consentement pour m’engager dans l’armée,
car je n’ai que seize ans. Puisque la route de l’Amérique est bloquée, autant
essayer la carrière militaire.
    Mais c’est coûteux car il faut payer
son uniforme et son armement. Sans doute satisfaits à l’idée de me voir
repartir, les habitants du quartier se cotisent pour m’offrir ma tenue.
    Le 10 mars 1791, j’entre dans une
compagnie de chasseurs, le régiment
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