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Victoria

Victoria

Titel: Victoria
Autoren: Joanny Moulin
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avant 9 heures du soir. Malgré la lumière électrique, qui reste allumée toute la journée, la reine est désormais dans le brouillard de la cataracte. Des milliers de télégrammes affluent, plus nombreux que pour le jubilé. Six personnes s’emploient à y répondre à longueur de journée.
    Non, elle ne recevra pas l’empereur d’Allemagne à Windsor. Que Willy aille donc à Cowes, s’il tient à participer aux régates. Willy se plaint de la germanophobie des Anglais. Il est vrai que la presse britannique se moque allègrement du Kaiser, qui depuis la mort de Bismarck, en 1898, se réclame du Chancelier de fer et se montre de plus en plus belliqueux. Soucieuse de ne pas jeter d’huile sur ce petit feu, Victoria charge l’un de ses secrétaires particuliers, Sir Arthur Bigge, de demander discrètement aux journaux de bien vouloir ne pas trop appuyer. Punch promet des caricatures un peu moins féroces, par égard pour Sa Majesté. Guillaume insiste, se plaignant que le gouvernement britannique méprise l’Allemagne, s’emportant contre Salisbury.
    « Ton autre lettre, lui répond la reine, m’a grandement étonnée. Le ton sur lequel tu parles de Lord Salisbury, je choisis de le mettre sur le compte d’une irritation temporaire de ta part, car autrement je ne pense pas que tu aurais écrit de cette manière, et je doute qu’aucun souverain ait jamais écrit en de tels termes à un autre souverain, à plus forte raison si cette souveraine est sa grand-mère, à propos de son Premier ministre. Je ne ferais jamais une chose pareille, et personnellement je n’ai jamais formulé d’attaque ou de plainte envers le prince Bismarck, bien que j’aie su à quel point il était un ennemi acharné de l’Angleterre. »
    Victoria déplore l’attitude de Willy, d’autant plus que la montée des tensions entre nations européennes l’inquiète. Depuis 1870, bien qu’elle s’efforce de n’en parler jamais, la France pense toujours à l’Alsace et à la Lorraine. Dans ce contexte de revanche annoncée contre l’Allemagne, l’affaire Dreyfus déchire ce pays où le débat sur la laïcité ravive les clivages profonds de la Révolution. Le 9 septembre 1899, Alfred Dreyfus est pour la deuxième fois jugé coupable. L’opinion internationale tempête contre la France. Victoria est doublement consternée de savoir que Willy est très loin de s’en offusquer.
    « Je suis trop horrifiée au-delà des mots, écrit-elle à Salisbury, par cette monstrueuse sentence contre le pauvre martyr Dreyfus. Si seulement toute l’Europe pouvait exprimer son horreur et son indignation ! »
     
    Cependant, l’Angleterre a ses propres soucis. Depuis le raid de Jameson en 1895, la tension n’a cessé de monter en Afrique du Sud. Les Boers du Transvaal et de l’État libre d’Orange refusent toujours d’accorder les droits civiques aux uitlanders majoritairement britanniques. En septembre, les ultimatums se croisent pour une déclaration de guerre réciproque. L’opinion publique est soulevée par une nouvelle vague de jingoïsme belliqueux et l’Angleterre relève le défi avec enthousiasme.
    À Buckingham Palace, assise dans sa voiture parce que ses jambes ne la portent plus guère, Victoria salue les Scottish Highlanders qui partent pour Le Cap. La petite voix d’argent, toujours perçante malgré les ans, tranche le silence sur l’esplanade.
    « Je désire vous souhaiter bonne chance. Que Dieu vous protège ! Je suis confiante que vous ferez toujours votre devoir, et maintiendrez toujours la haute réputation des Gordon Highlanders ! »
    Elle appelle le capitaine et ses lieutenants, à qui elle sert la main en leur souhaitant de revenir sains et saufs. Ils sont aussi émus qu’elle.
    « J’avais la gorge serrée en repartant, à la pensée que ces hommes remarquables ne reviendront peut-être pas tous. »
    En Afrique du Sud, les Boers attaquent la colonie du Cap. Victoria, qui suit assidûment le détail des opérations, apprend que leur offensive porte essentiellement sur trois villes frontière. Au nord-ouest, dans le Bechuanaland, ils avancent sur Mafeking et Kimberley. À l’est, au Natal, ils menacent Ladysmith. Ils assiègent et bombardent ces places. Par ailleurs, comme pendant le premier conflit en 1880, leur grande mobilité tactique met les Britanniques en difficulté, leur infligeant de très lourdes pertes.
    Victoria écoute Béatrice lui faire la lecture des comptes rendus. Elle pleure
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