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Victoria

Victoria

Titel: Victoria
Autoren: Joanny Moulin
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famille à un bref service d’action de grâces à la chapelle St George de Windsor. Les hymnes, puis les prières pour l’anniversaire de l’accession de Victoria, sont suivis par le Te Deum du prince consort.
    Le lendemain, la reine sort en calèche de la gare de Paddington, où un arc de triomphe l’accueille avec la devise : « Nos cœurs votre trône. » Un peuple titanesque, convergeant vers Londres par millions depuis des semaines, lui fait une ovation continue. Des voitures sont immobilisées çà et là, prises dans la masse hurlante de la multitude. Des essaims bouillonnants submergent les grilles des jardins, s’accrochent aux statues, débordent des fenêtres et balcons, tapissent les toits. Arrivée à Hyde Park Corner, Victoria passe sous Marble Arch et s’engage dans Constitution Hill, traversant pas à pas la clameur des parcs inondés de foule, jusqu’à Buckingham Palace.
    Le soir, la reine préside l’une des huit tables rondes de douze convives, disposées tout autour de la salle du Souper. Entre l’archiduc François-Ferdinand d’Autriche et le prince de Naples, Victoria resplendit dans une robe brodée d’or, fabriquée tout exprès en Inde. Les lumières électriques, qui lui semblent beaucoup trop faibles, font scintiller son collier de diamants et les brillants de son bonnet de dentelle.
    Aux petites heures, quand le silence revient un peu dans le palais bondé d’invités et de leurs suites, Victoria ne trouve pas le sommeil. Elle écoute le rugissement inépuisable de Londres en fête, qui déferle comme une puissante tempête aux incessantes bourrasques inégales. Elle se souvient d’avoir entendu le même intimidant vacarme, à la fois si lointain et tellement proche, la nuit de son couronnement. Elle avait 18 ans. Il lui semble que c’était hier. Les mêmes larmes lui viennent aux yeux.
    « Du fond de mon cœur je remercie mon peuple bien-aimé. Dieu le bénisse ! » Victoria envoie ce télégramme dans tout l’empire en pressant un bouton électrique. Puis elle monte en voiture et la longue procession traverse lentement Londres. La foule compacte semble n’avoir pas bougé ni cessé de l’acclamer. Sa présence au milieu de son peuple paraît comme un rituel hors du temps. En arrivant dans la City, elle regrette que la barre du Temple ne soit plus là, sur le Strand, où le monarque demandait autrefois la permission d’entrer. Le lord-maire lui présente son épée, qu’elle touche. Puis il bondit sur son cheval qui, effrayé par la cohue, s’emballe et l’emporte en faisant voler son chapeau. À mesure qu’elle approche de Saint-Paul, la procession est régulièrement stoppée par des groupes qui entonnent le God Save the Queen . Voici les pensionnaires de l’hôpital militaire de Chelsea, ou bien encore les survivants de la bataille de Balaclava. Nombreux sont ceux qui, submergés par l’émotion, chantent d’une voix étranglée de sanglots et laissent couler leurs larmes.
    Devant la cathédrale, les troupes coloniales à pied sont alignées tout autour de la place. Entourée des princes, sur les marches du grand temple anglican, la souveraine est accueillie par les évêques, avec leur chape et leur crosse. À la fin du service d’action de grâces, toute la congrégation entonne en chœur le « Vieux Centième », un psaume célèbre dont les paroles ont été modifiées pour le jubilé. Victoria pleure en remerciant les primats de Cantorbéry et de Londres.
    Ce soir-là, Londres, illuminé, tire des feux d’artifice que la reine ne voit pas. Puis commence une longue suite de cérémonies officielles, qui dureront tout l’été. À Buckingham, Victoria reçoit successivement tous les lords, les membres des Communes, les présidents de conseil des comtés, les maires. Elle donne une immense garden-party pour les familles royales étrangères et britannique, les personnalités de la scène et les artistes de concert.
    Sur la route de Windsor, des milliers d’écoliers chantent l’hymne national. La reine passe en revue les troupes coloniales, chasseurs d’Afrique, policiers de Hongkong, ou sikhs des Indes à qui elle s’adresse en hindoustani. Dans les jardins de Windsor, Victoria reçoit une fois de plus tous les députés des Communes, leurs femmes et leurs enfants.
    Puis viennent les quinze Premiers ministres coloniaux qu’elle fait membres du Conseil privé, les émissaires et ambassadeurs américains, les quarante et une corporations
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