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Vengeance pour un mort

Vengeance pour un mort

Titel: Vengeance pour un mort
Autoren: Caroline Roe
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également toi qui t’en occupes ?
    — Oh non, señor. Je leur en parlerai après être allée chercher le parchemin et le vin. Vous ne voulez plus de votre dîner ? demanda-t-elle brusquement en désignant l’agneau et le reste de poulet.
    — J’ai assez mangé. Tu peux le prendre.
    — Je vais partager avec Pep. Personne ne lui apporte à manger. Il a toujours faim.
    — Le vin, également.
    — Il y a trois pauvres âmes qui attendent d’être pendues demain matin, dit-elle. Je vais le leur donner.
     
    Quelques heures plus tard, Arnau Marça reposait sur un vrai lit dans une pièce assez vaste pour accueillir du mobilier. Sur la table était posé un gobelet de vin – « Ils s’y attendent… » – et la petite fille se tenait de l’autre côté de la cellule.
    — Pourquoi cette pièce ? demanda Arnau à voix basse.
    — Vous voyez ce mur ? dit-elle en désignant celui près duquel elle se tenait.
    — Bien entendu. C’est un mur de pierre recouvert de plâtre.
    — C’est celui du commerce voisin de la prison.
    — Tu veux dire que c’est le mur de la boutique ?
    La fillette hocha la tête.
    — La prison n’a pas ses propres murs ? demanda Arnau.
    — Pas de ce côté. Et ce n’est pas de la pierre, rien que du bois enduit de terre.
    — Attends, le seul obstacle entre la prison royale et une vulgaire échoppe, c’est un mur de terre et de bois ? C’est impossible.
    — Tout le monde le sait, fit-elle en hochant une nouvelle fois la tête.
    — Dans ce cas, tout le monde devrait s’enfuir, non ?
    — C’est vrai, mais ça coûte beaucoup d’argent. La boutiquière veut de l’or pour autoriser les gens à passer par chez elle – elle craint d’être chassée s’il y a trop d’évasions. Et puis, il y a aussi tout l’argent qu’il faut donner à mon maître.
    — Tu veux dire que Garcia est au courant ?
    — Pas exactement. Sauf qu’il demande beaucoup pour laisser dormir dans cette chambre. En temps normal, c’est la sienne. Quand quelqu’un d’autre l’occupe, il va dormir de l’autre côté de la prison, où aucun bruit n’arrive. Tenez, dit-elle en prêtant l’oreille. Vous les entendez, señor ? Ils sont là.
    Pendant des heures qui lui parurent interminables, il demeura allongé sur le lit à écouter le doux bruit du marteau et du ciseau qui attaquaient ce mur, véritable frontière entre le désespoir et l’espérance. L’enfant restait près de la porte. Pour une raison inconnue, ses sauveteurs avaient commencé leur travail alors que des passants marchaient encore dans la rue et que les gardiens déambulaient dans les couloirs de la prison, bavardant, riant ou se partageant des flacons de vin. Une fois, quand leurs pas se rapprochèrent, elle courut vers le mur et frappa dessus à plusieurs reprises. Le travail cessa. Un gardien passa la tête.
    — Qu’est-ce que tu fiches là, toi ? demanda-t-il à la petite fille.
    — Le prisonnier voulait parler à quelqu’un, répondit-elle.
    — Il aurait pu trouver mieux, grommela l’homme avant de disparaître.
    Elle donna plusieurs coups dans le mur. Marteau et ciseau reprirent leur œuvre.
    Arnau sombrait dans un sommeil léger quand un éclat de plâtre tomba à terre. Il se redressa en sursaut et vit une brèche s’ouvrir dans le mur mitoyen. Il approcha une chaise et s’assit. Après plusieurs chutes de terre séchée, de plâtre et de graviers, le trou fut assez grand pour ses épaules carrées. Il sortit sa bourse de cuir, regarda à l’intérieur, prit quelques pièces et donna tout le reste, bourse et monnaie, à l’enfant.
    — Cache bien ça et fais-en usage quand tu en auras besoin, lui dit-il. Tu m’as sauvé la vie. Merci.
    — Pas encore, señor, murmura-t-elle. Allez. C’est le moment le plus dangereux.
     
    À la lueur d’une bougie plantée dans une lanterne, Arnau put voir Jordi, son serviteur, et, derrière lui, Johana, son épouse.
    — Vite, il faut sortir de là.
    Il la serra dans ses bras, son ventre gonflé pressé contre lui.
    — Je vous avais demandé de rester au château, dit-il sans la lâcher.
    — Si je vous avais obéi, vous auriez eu rendez-vous demain avec le bourreau, répondit-elle. Nous aurons tout notre temps plus tard. Il ne faut pas qu’on vous trouve ici.
    — Vite, señor, dit à voix basse Jordi. Nous avons acheté plusieurs personnes. Que l’une d’elles parle, et nous sommes perdus.
    Jordi ouvrit prudemment la porte et
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