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Un espion à la chancellerie

Un espion à la chancellerie

Titel: Un espion à la chancellerie
Autoren: Paul C. Doherty
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militaire en Guyenne qui avait fait de lui la risée de la cour d’Angleterre ; Waterton, le clerc, avait l’air affable, mais se montrait très réservé, sauf quand il s’agissait de femmes, et là il rivalisait presque avec Ranulf en prouesses amoureuses. Le bruit de leurs débauches parvenait souvent aux oreilles de Corbett : gloussements, gémissements, cris d’extase ou encore une claque sur la croupe rebondie d’une gueuse.
    Pourtant, Corbett sentait poindre, sous la routine de ce pénible voyage, méfiance et tensions. Une fois quitté Boulogne, il eut la sensation de ne plus être épié, mais put constater à quel point les chefs de l’ambassade se faisaient peu confiance. Le roi Édouard avait confié à Corbett que Lancastre, Bretagne et Waterton, ainsi que le jeune et taciturne Henry Eastry, moine de Cantorbéry et secrétaire de l’archevêque Winchelsea, étaient tous au courant des dossiers secrets du Conseil, et que n’importe lequel d’entre eux, donc, pouvait être le traître qui livrait renseignements et hommes aux Français.
    Corbett observait discrètement Eastry, Waterton et les deux comtes, mais ils ne faisaient rien d’anormal, considérant les Français avec la même animosité étudiée que le reste de la troupe. Aucun d’eux ne se liait plus qu’il ne le devait avec un membre de l’escorte ni ne s’efforçait de prendre contact, même subrepticement, avec les édiles des villes qu’ils traversaient.
    Il leur fallut deux semaines pour atteindre les environs de Paris après un des voyages les plus ennuyeux et monotones qu’eût jamais accomplis Corbett, assommé par l’écrasante routine. Bien plus tard, en repensant à ces événements, il se rendit compte que cela avait été le moment idéal pour tendre une embuscade. Ils se trouvaient sur la route menant de Beauvais à Paris – un large chemin défoncé bordé d’épais bosquets – lorsque, du couvert des arbres, surgirent des assaillants, qui, vêtus de noir et dissimulant leurs visages sous des cagoules rouges, s’élancèrent avec un bruit de tonnerre sur leur petite troupe. L’escorte française fit volte-face, ses chefs dégainant leur épée et hurlant des ordres au moment où les agresseurs fonçaient sur les Anglais.
    Corbett saisit son long poignard gallois et se mit à frapper furieusement de tous côtés, en faisant virevolter son cheval de crainte qu’un des assaillants ne réussît à se glisser derrière lui et ne l’atteignît facilement d’un coup à la nuque. Il sentit qu’il était au plus fort de la mêlée et eut peur en voyant ces cavaliers terrifiants s’avancer dans sa direction ; il se demanda pourquoi ils avaient choisi d’attaquer cette partie du convoi et non point l’avant-garde où se trouvaient Lancastre et Richemont ou l’arrière-garde dont les chariots pouvaient receler un butin potentiel. Une silhouette se dressa devant lui, cape flottant au vent, regard étincelant d’hostilité par les fentes de la cagoule, masse d’armes levée, prête à tuer. Corbett se baissa sur l’encolure de son cheval et frappa de son poignard le ventre exposé de son ennemi, mais celui-ci portait une armure sous sa cape ; la lame dérapa et une vive douleur traversa le bras du clerc. La manoeuvre suffit, néanmoins, pour que son assaillant lâchât son arme et s’enfuît, la main crispée sur le ventre.
    Trempé de sueur, Corbett fit volte-face, terrorisé : il était encerclé. Mais les Anglais commençaient à rendre coup pour coup et l’escorte française, après avoir longtemps hésité, contre-attaquait vigoureusement, comme le constata Corbett. Les hurlements succédaient aux jurons, des hommes tombaient en s’étouffant, le sang giclant de leurs blessures ouvertes ; haches, poignards et masses d’armes tournoyaient dans l’air, quand, brusquement, Corbett entendit le son geignard et sinistre d’un carreau conique d’arbalète. Ranulf parvint à le rejoindre, les yeux fous, l’écume aux lèvres, le visage barré d’une estafilade sanglante. Sa bouche ouverte, comme pour hurler, ne laissait passer aucun son. Corbett, sans se préoccuper de lui, lança des coups d’oeil rapides et désespérés autour d’eux pour savoir dans quel camp était l’arbalétrier. Puis, aussi soudainement qu’ils étaient venus, les assaillants rompirent le combat et repartirent à travers champs dans un bruit de tonnerre en soulevant un nuage de poussière.
    Corbett resta affalé sur son
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