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Talleyrand, les beautés du diable

Talleyrand, les beautés du diable

Titel: Talleyrand, les beautés du diable
Autoren: Michel de Decker
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des divertissements d’autant plus impardonnables que c’était en temps de maigre, puis il rentra chez lui en claironnant victorieusement que les coupables n’avaient plus aucun souci à se faire parce que Monseigneur avait accepté de les gracier !
     
    À sept ou huit ans il excellait donc déjà dans l’art de rouler son monde terrestre et même de négocier avec Dieu.
    Et cela n’était qu’une mise en bouche.
    — Eh oui ! dira Louis-Philippe quand il viendra le visiter quelque soixante-quinze ans plus tard sur son lit d’agonie, oui, je suis convaincu que si ce diable d’homme avait pu parlementer avec la mort, elle ne l’aurait pas emporté au paradis.
     
    Mais, pour l’instant, si l’on veut bien prendre ses Mémoires pour argent comptant, Charles Maurice soutient tout simplement que son enfance fut un véritable enfer. On hésite à le croire. En a-t-il même seulement vu la porte ?
    D’abord parce qu’il n’est pas né dans le quartier le plus défavorisé de Paris ; que ses parents n’étaient pas des damnés de la terre : un père colonel dans les grenadiers de France, une mère attachée à la Maison de la dauphine Marie-Josèphe de Saxe, la belle-fille de Louis XV, la maman des trois derniers rois de France. Parce qu’il descendait d’une famille de rudes batailleurs, celle des comtes de Périgord, qui n’avaient jamais fait piètre mine sur les champs de bataille de l’Histoire de France en taillant les rangs des ennemis. Talleyrand, oui, c’est-à-dire celui qui taille-rang. À l’exemple de son arrière-grand-père mort au siège de Barcelone en 1714 ou de son aïeul tué devant Tournai, en 1745.
    Par les femmes il aurait pu aussi se trouver des ancêtres plus déshonorants car il n’y avait vraiment aucune honte à voir couler dans ses veines un peu du sang de l’amiral Jean de Vienne, de celui de Michel de Chamillard et même de celui du grand Colbert de Louis XIV.
    À la rubrique des princes de l’Église, Charles Maurice ne manquait pas non plus de croix pectorales. Son oncle, par exemple, après avoir été archevêque-duc de Reims ne finirait-il pas sa carrière à la tête de l’archevêché parisien ?
    — L’homme, disait Talleyrand bien avant qu’on ne découvre le génome, est l’addition de sa race.
    Et quelle belle colonne de chromosomes pour en arriver à ce total !
    Dans lequel il fallait aussi compter avec les Mortemart qui n’avaient jamais manqué d’esprit, à l’instar de la sensuelle madame de Montespan, née Rochechouart de Mortemart, qui avait été si chère au coeur et au corps du Roi-Soleil. C’est en effet des Mortemart que descendait l’aïeule de Charles Maurice, l’étonnante châtelaine de Chalais, chez laquelle on le pria d’aller passer quelques mois, quand il fut à peine âgé de quatre ans.
    Chalais – le château existe toujours aujourd’hui (à un vol de perdrix de Barbezieux, dans l’actuel département de la Charente) –, le petit Charles Maurice y restera deux ans.
    Deux belles années auprès d’une femme qu’il aima sincèrement et qui le lui rendit bien.
    — Cette dame était une personne fort distinguée, racontera-t-il avec beaucoup d’émotion. Son esprit, son langage, la noblesse de ses manières, le son de sa voix avaient grand charme... Je lui plus. Elle me fit connaître un genre de douceurs que je n’avais pas encore éprouvées. C’est la première personne de ma famille qui m’ait témoigné de l’affection et c’est la première aussi qui m’ait fait goûter le bonheur d’aimer. Grâces lui soient rendues ! Oui, je l’ai beaucoup aimée... Je dois vraisemblablement à ces années vécues près d’elle l’esprit général de ma conduite. Si j’ai montré des sentiments affectueux, même tendres, sans trop de familiarité, si j’ai gardé en différentes circonstances quelque élévation sans aucune hauteur, si j’aime, si je respecte les vieilles gens, c’est à Chalais, c’est près de ma grand-mère que j’ai puisé tous les bons sentiments...
    Entre son long séjour d’enfance à Chalais et ses quelques heures dans les bras de Julienne Picot, Charles Maurice avait été expédié au collège d’Harcourt.
    Si ce n’était le plus vieux collège de Paris, c’était à coup sûr le plus renommé. À son emplacement, aujourd’hui, se dresse le lycée Saint-Louis. Évidemment, en 1855, en perçant le boulevard de Sébastopol-Rive gauche (aujourd’hui boulevard
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