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Taï-pan

Taï-pan

Titel: Taï-pan
Autoren: James Clavell
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tout le corps. Une heure avant, à peine, il avait été tiré des décombres. Ses cheveux, sa figure, ses vêtements étaient couverts de sang séché et de plâtre. Il était en guenilles.
    « Je suis navré, dit-il. C’était le joss. Rien que le joss.
    — Je déteste ce mot. Je vous en prie, s’il vous plaît, laissez-moi seul ! »
    Quance vit l’indécision, l’incertitude, la douleur et le dégoût de soi-même sur ce visage qui ressemblait vaguement à celui qu’il avait si bien connu. Il se rappela la première fois qu’il avait vu Struan. Dans une sombre ruelle de Macao, gisant sans connaissance parmi les ordures. Sans défense, lui aussi, tout pareil, se dit-il. Non, pas pareil, jamais. Pas le même. Dirk était comme un dieu, même couché dans les ordures. Ah ! Dirk, tu as toujours eu la figure d’un dieu et la puissance d’un dieu – éveillé, endormi. Oui, et même mort, je parie. La face . Voilà ce que tu avais.
    Si différent de ton fils.
    Oui, mais pas tellement différent. Culum t’a tenu tête pour la colline. Et il a tenu tête avec toi contre Brock. Et il a serré la main de Gordon Chen devant toi. Et il a enlevé la petite, en faisant fi des conséquences. Et il a sauvé la vie de Glessing. L’étincelle est bien là.
    Rappelle-toi ce qu’il a dit en reprenant connaissance : « Je ne sais pas qui vous êtes, mais merci de m’avoir rendu la face. »
    Tu ne l’avais jamais perdue, Dirk, mon ami.
    «  Sûr. Mais rendez la sienne à mon fils.  »
    N’est-ce pas ce qu’il dirait s’il était ici ? Est-ce que tu es là ? Tu me manques bien, mon gars.
    Aristote Quance écarta sa propre tristesse et s’assit sur la marche à côté de Culum.
    « Je sais que ce n’est guère le moment d’en parler, Taï-pan, mais est-ce que vous pourriez me prêter quatre cent cinquante guinées ?
    — Quoi ? Qu’avez-vous dit ?
    — Pourriez-vous me prêter quatre cent cinquante guinées, Taï-pan ? Je sais que c’est un moment terrible, et bien mal choisi, mais cette peste de Fotheringill est vivante – aucun typhon n’osera jamais la toucher, bon Dieu ! Elle me menace de la prison pour dettes. Je n’ai personne vers qui me tourner, excepté vous.
    — Vous avez dit : “Taï-pan”. Vous m’avez appelé Taï-pan !
    — Eh bien, vous l’êtes, pas vrai ? »
    Culum se rappela alors les paroles de son père. La joie et là douleur d’être Taï-pan, d’être un homme, d’être seul ; ce qu’il avait dit de la vie, et de ses luttes.
    Son impression de solitude disparut. Il regarda les trois hommes, au pied de la colline. Son anxiété le reprit. C’est assez simple pour Aristote de dire « Taï-pan », pensa-t-il. Mais eux ? Tu dois les gagner, les amener dans ton camp. Comment ? Qu’avait donc dit mon père ? « Tu gouvernes les hommes par l’esprit et par la magie. »
    Il se releva, en vacillant un peu.
    « Je… je vais essayer. Par le Seigneur Dieu, je vais réellement essayer. Je ne vous oublierai jamais, Aristote. Jamais. »
    Le ventre crispé, mal à l’aise, il descendit la colline. Le capitaine d’armes arrivait du canot et ils se rejoignirent devant la porte de la résidence.
    « Son Excellence vous réclame à bord au plus tôt.
    — Dites-lui que j’irai dès que je pourrai, répondit Culum avec un calme qu’il n’éprouvait pas.
    — Il vous demande tout de suite.
    — Je suis occupé. Dites-lui que je suis occupé ! »
    L’homme rougit, salua puis tourna les talons et s’en fut.
    Et d’abord, qu’y a-t-il dans ces documents ? se demanda Culum. Il fit appel à toute sa volonté, et affronta Orlov, Vargas et Gordon Chen.
    « Brock a envoyé des ordres à bord de mon navire ! » s’écria Orlov.
    Il vit le sang sur les mains et les manches de Culum et frémit.
    « Des ordres de mettre en berne, par Odin ! Je l’aurais fait, n’importe comment, dès que j’aurais su. Est-ce que c’est lui qui donne les ordres, à présent ? Hein ?
    — Brock nous écrasera, monsieur Culum, gémit Vargas en se tordant les mains. Qu’allons-nous faire ?
    — Vargas, prenez des dispositions pour les obsèques. Mon père et sa dame seront enterrés ensemble.
    — Quoi ?
    — Oui. J’ai dit, ensemble. Elle est chrétienne et nous l’enterrerons avec lui. Gordon, attendez-moi. J’ai à vous parler. Orlov, allez à votre bord et hissez le Lion et le Dragon au sommet du grand mât. Ensuite, vous irez à bord du White Witch et
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