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Stefan Zweig

Stefan Zweig

Titel: Stefan Zweig
Autoren: Dominique Bona
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Zweig est un grand bourgeois, dont la fortune récente aurait pu s’accompagner d’arrogance. Mais c’est aussi le plus discret des hommes et cette discrétion, qu’il a tenu à inculquer à ses fils, fait partie des principes de son éducation.
     
    « Même quand il fut devenu millionnaire, écrira son fils, mon père n’a jamais fumé un havane. » Moritz Zweig voyage toujours en seconde classe, n’enrichit pas son tailleur, ne fera installer que tardivement « les commodités » dans l’appartement, et fume des virginies démocratiques – les mêmes, il est vrai, que ceux qu’affectionne l’empereur ! Les Zweig, en 1900, jouissent d’un agréable train de vie et tiennent le rang qui est le leur, dans la bourgeoisie de Vienne.
     
    S’ils habitent le Ring, c’est pour mieux marquer leur position dans la société viennoise : l’adresse confirme la réussite familiale. Vienne est en effet la plus cloisonnée des capitales européennes : les gens y sont répartis selon leur groupe social. Ainsi le cœur de la ville, autour de la Hofburg (la Cour), est-il le privilège des aristocrates, qu’ils soient autrichiens, polonais, tchèques ou hongrois, ils y ont leurs palais depuis le Moyen Age. Tout autour, la petite noblesse, les hauts fonctionnaires, les grands bourgeois, les artisans et les commerçants se répartissent selon les arrondissements – les diplomates occupent le troisième, la petite bourgeoisie les arrondissements du centre, du second au neuvième, tandis que l’industrie, la banque et le grand commerce préfèrent, comme c’est le cas des Zweig, s’amalgamer dans le voisinage du Ring. Les quartiers extérieurs abritent les familles d’ouvriers, tout juste avant les forêts et les prairies où coule le Danube. Die Donau – Dunaj en tchèque et en slovaque, Dunav en serbe et en bulgare, Dunǎrea en hongrois, Dunarea en roumain – ne traverse pas Vienne mais la contourne, la néglige ou la caresse, avant de s’éloigner vers Budapest.
     
    Les parents de Stefan habitent un de ces immeubles néogothiques, construit par un architecte allemand, avec un lourd portail, des frontons à la grecque et des cariatides, qui chantent la gloire de la nouvelle élite industrielle. Ils ont quitté peu après sa naissance, en 1895, leur domicile du Schottenring (le Ring des Ecossais, du nom d’une église proche), qu’ils trouvaient trop petit avec leurs deux enfants, pour un appartement plus vaste et plus confortable, situé dans la rue de l’Hôtel-de-Ville (Rathaus-Strasse), derrière le haut monument à la tour surmontée d’un chevalier de cuivre. A deux pas, un parc étend sa verdure comme une promesse de campagne, à quelques kilomètres en deçà des faubourgs. Le quartier est à la fois huppé et très aéré. Outre l’hôtel de ville, les deux monuments les plus proches sont le Burgtheater – le plus célèbre des théâtres de Vienne – et l’université – cette autre cité dans la ville, construite dans le même style militaire et grandiose. Le Ring, avec ses avenues tirées au cordeau, bordées d’arbres disposés en ordre symétrique et d’immeubles imposants, est un des quartiers de Vienne où l’influence germanique est éclatante.
     
    Loin du centre où se trouvait le ghetto juif au Moyen Age, loin de la Leopoldstadt dans le deuxième arrondissement, où les Juifs les plus pauvres demeurent fidèles à leurs coutumes ancestrales, les Zweig ont acquis un style de vie moderne et grand bourgeois. Moritz Zweig, qui parle anglais et français, joue du piano, est comme tout Viennois, amateur de musique et d’opéra, doit son éducation à la volonté d’assimilation de ses parents. Hermann et Nanette Zweig, qui posent avantageusement sur les photos de famille en frac et robe du soir, furent les premiers à conquérir cet air incomparable viennois si policé, si raffiné. Il faut remonter à l’arrière-grand-père paternel de Stefan pour trouver trace de ces ancêtres mora ves, paysans en yarmulke et caftan, soumis au mépris des Slaves, qui cultivaient la terre du côté d’Ostrava, et dont leur arrière-petit-fils n’aura rien pu connaître.
     
    Du côté d’Ida, l’assimilation est plus ancienne encore, et plus diverse. Les Brettauer sont les ancêtres prestigieux de Stefan : sa mère s’enorgueillit d’appartenir depuis plusieurs générations à une famille de banquiers. Elle a le sentiment d’être bien née – mieux en tout cas que Moritz, avec
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