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Spartacus

Spartacus

Titel: Spartacus
Autoren: Eric Teyssier
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Lucanie, grâce à la connaissance des lieux ; il se nommait Publipor. » Pendant que Crassus s’applique à crucifier 6 000 captifs, Pompée est arrivé en Lucanie. D’après son expérience de la guerre, il sait qu’il est difficile d’exterminer 100 000 hommes jusqu’au dernier. Chaque grande bataille laisse son lot de survivants qui se regroupent autour d’un chef ou d’un officier subalterne.
    D’après Appien, quatre bandes différentes se sont échappées et ont été écrasées par les lieutenants de Crassus ; Pompée est donc probablement venu à son tour en Lucanie pour débusquer une cinquième bande, celle de Publipor. Ce dernier a sans doute rejoint Spartacus dès 73, lorsque les esclaves ont quitté la Campanie, bientôt renforcés par de nombreux bergers de Lucanie. Après la mort du Thrace, il a sans doute cru pouvoir revenir à la vie semi-sauvage des gens de cette région avec les rescapés de l’aventure. Mais Pompée ne lui en laisse pas le temps : avec ses légions aguerries, il écrase sans difficulté les lambeaux de la grande armée de Spartacus. Peu importe que cette victoire soit sans péril, elle suffit à Pompée pour triompher sans gloire. Comme le souligne Plutarque, « son succès [celui de Crassus] tourna à la gloire de Pompée » ; non sans cruauté, celui-ci « écrivit au Sénat que Crassus avait défait ces fugitifs en bataille rangée, mais que c’était lui qui avait coupé les racines de cette guerre ». Par cette forfanterie, Pompée est fidèle à son personnage plein de morgue et d’orgueil ; Plutarque le rappelle justement dans la biographie qu’il lui consacre : « Pour la défaite de Sertorius en Espagne, personne n’eût osé dire, même en plaisantant, qu’un autre que Pompée y eût pris part. » Pourtant, pendant toutes ces années, le général a combattu avec Metellus à ses côtés ; lui aussi aurait droit à la reconnaissance des Romains. Mais ces derniers semblent préférer devoir leur salut aux seuls mérites du grand Pompée plutôt qu’à Crassus ou Metellus : « Pompée avait extirpé les racines du mal. » C’est ce que ses concitoyens, « remplis d’affection pour Pompée, aimaient à entendre et à répéter ». Cet amour s’explique aussi parce que les Romains s’en veulent d’avoir eu si peur, un an plus tôt, lorsque Spartacus, un vil esclave fugitif, rôdait avec ses bandes autour de Rome ; à présent que le rebelle est mort, plus personne ne songerait à le comparer encore à Hannibal. De surcroît, une autre actualité politique retient l’attention de chaque citoyen : qui de Pompée ou de Crassus va tirer les bénéfices de cette période de crise aiguë ?

    Le triomphe pour Pompée, l’ovation pour Crassus
    Pompée est certes hautain, mais il possède une grandeur naturelle dont manque le spéculateur Crassus. A choisir, le peuple de Rome préfère le vainqueur de l’Espagne comme sauveur et oublier au plus tôt cette année 72 où il a tremblé devant des esclaves. Face à l’ingratitude des Romains, on imagine la déception et la colère de Crassus de se voir ainsi ravir sa victoire sur le fil. Cependant, même s’il avait vaincu seul, il n’est pas sûr que le Sénat lui aurait accordé les honneurs du triomphe : la guerre de Spartacus est une guerre indigne contre des adversaires que Florus hésite même à désigner comme tels. Ce n’est d’ailleurs pas pour sa courte victoire contre Publipor que Pompée reçoit le triomphe ; Plutarque le souligne bien quand il rapporte que celui-ci « triompha avec éclat de Sertorius et de l’Espagne ». Un général victorieux soumet un peuple, ses dieux et son territoire. C’est pour cela qu’on lui accorde le triomphe et que les dieux de Rome sont satisfaits. De toute évidence, Crassus n’a rien fait de tout cela. C’est donc Pompée seul qui a droit au triomphe. Monté sur un char tiré par quatre chevaux, le front ceint de lauriers et précédé de trompettes, il traverse le Forum sous les acclamations avant de gravir la pente qui le conduit au Capitole. Son armée le suit en chantant des chansons et des airs de victoire spécialement composés pour l’occasion en l’honneur de Jupiter et du général. Enfin viennent les captifs enchaînés, les chefs des tribus espagnoles vaincues et les trophées d’armes qui seront consacrés aux dieux. De grands tableaux peints avec art rappellent aux Romains les phases importantes de la campagne
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