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Spartacus

Spartacus

Titel: Spartacus
Autoren: Eric Teyssier
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remportée contre Sertorius. Puis Pompée immole un taureau en l’honneur de Jupiter Optimus Maximus (« le meilleur et le plus grand »). Crassus, lui, n’a pas droit à de tels honneurs. La consolation qu’il reçoit n’en est que plus humiliante. D’après Plutarque, « Crassus n’essaya même pas de demander le grand triomphe. Il dut se contenter de ce triomphe à pied qu’on appelle l’ovation. Encore parut-il montrer peu de noblesse et de dignité en triomphant pour une guerre menée contre des esclaves ». L’ovation constitue, aux dires mêmes de Plutarque, un « petit triomphe ». L’origine de cette « ovation » ne tient pas aux cris qui l’accompagnent (le grand triomphe est aussi une occasion de liesse), mais au sacrifice dédié aux dieux. Dans le grand triomphe les généraux immolent un bœuf, et dans le petit ils ne sacrifient qu’une brebis, que les Romains appellent ovis . De là vient le nom donné à ce triomphe mineur qu’est l’ovation. En plus de l’animal sacrifié qui est plus modeste, l’ovation possède d’autres traits qui la rendent moins glorieuse. Le général est à pied et non sur un char ; il est précédé de flûtes et non de trompettes 103  ; enfin sa couronne n’est pas faite de lauriers mais de branches d’olivier 104 ou de myrte. Crassus a insisté pour bénéficier d’une dérogation : d’après Aulu-Gelle, « cette couronne de myrte fut rejetée avec dédain par M. Crassus, lorsque, après avoir terminé la guerre contre les esclaves fugitifs, il fit son entrée dans Rome avec les honneurs de l’ovation ; ce général même eut assez de crédit pour faire porter un sénatus-consulte qui substituait le laurier au myrte 105  ». Pline nous rapporte aussi que « Postumius Tubertus, vainqueur des Sabins pendant son consulat, qui le premier fut honoré de l’ovation, marcha couronné du myrte de Vénus victorieuse parce qu’il avait obtenu facilement le succès sans verser de sang, et rendit cet arbre désirable même aux ennemis. Ce fut dès lors la couronne de l’ovation, excepté pour M. Crassus qui, ayant vaincu les esclaves fugitifs et Spartacus, marcha couronné du laurier 106  ». Crassus a bien versé le sang des esclaves. Sans doute voulait-il que cela se sache. Couronné d’olivier ou de myrte, son petit triomphe aurait pu passer pour la récompense d’une promenade militaire et d’un succès acquis pacifiquement. Il n’en est rien et il faut bien le signifier. Le fait que le Sénat accepte cette entorse à la tradition qui sera encore dans les mémoires des Romains deux siècles plus tard montre bien l’influence dont jouit encore Crassus. Le sénatus-consulte vise également à réduire l’écart de dignité dont jouissent les deux hommes forts du moment.

    Et maintenant, la guerre civile ?
    A la fin du printemps 71, la guerre de Spartacus est définitivement terminée. Certes, quelques individus ont échappé aux recherches en se réfugiant dans les montagnes de Lucanie, dans les massifs de la Sila et de l’Aspromonte, mais ils ne représentent plus un danger. En 63, la conjuration de Catilina menacera à son tour la République. Vaincu par le consul Cicéron, les restes de sa bande iront rejoindre les survivants de l’armée de Spartacus. Il faudra attendre l’année suivante, onze ans après le début de la révolte, pour que ces desperados soient définitivement anéantis. Le tout dernier épisode semble d’ailleurs se situer à Thurium, là même où l’armée des esclaves s’était organisée sous l’autorité de Spartacus. D’après Suétone, c’est C. Octavius, le père du futur empereur Auguste, qui mène cette ultime opération : « Il obtint, après sa préture, la province de Macédoine. En s’y rendant, il remplit la mission extraordinaire dont le Sénat l’avait chargé : il anéantit les restes des fugitifs des troupes de Spartacus et de Catilina qui infestaient le territoire de Thurium 107 . » Mais, au printemps 71, Rome ne s’intéresse déjà plus à ces reliquats. Ils ont simplement rejoint les rangs des bandes de brigands qui écument ces régions hostiles depuis toujours.
    Pour l’heure, un autre conflit se dessine déjà. Pompée et Crassus sont tous les deux aux portes de Rome. Contre tous les usages et à l’encontre des lois de la République, les généraux vainqueurs sont toujours accompagnés de leurs soldats. D’après Appien, Crassus « ne licencia point son armée,
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