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Spartacus

Spartacus

Titel: Spartacus
Autoren: Eric Teyssier
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Spartacus, qui ont parfois lâché leurs armes pour s’enfuir plus vite, ne peuvent offrir aucune résistance organisée. La cavalerie romaine suffit à pourchasser les esclaves et à les anéantir en quelques jours. Selon Plutarque, « Crassus avait mis à son service la Fortune, il avait très bien dirigé la guerre ».
    A présent que Spartacus est mort, le préteur pense à bon droit qu’il a pris de vitesse son rival Pompée. Il lui faut encore marquer les esprits afin d’imprimer dans la mémoire collective que c’est bien lui le vainqueur de la troisième guerre servile. Pour cela, le dernier acte de l’histoire doit se clore de manière tragique. Seul parmi les auteurs anciens, c’est encore Appien qui rapporte ce trait pathétique : les 6 000 prisonniers « furent crucifiés tout le long de la route de Capoue à Rome ». Si l’on peut émettre des doutes légitimes sur la disparition de la dépouille de Spartacus, cette crucifixion de masse est beaucoup plus probable. Crucifier 6 000 esclaves fugitifs sur les 195 kilomètres de la via Appia représente en moyenne une croix tous les 30 mètres ; en partant de Capoue, il a fallu au moins cinq jours pour que la procession funèbre atteigne Rome. Cette voie étant la plus fréquentée d’Italie, nul à Rome ni en Campanie ne peut plus ignorer le succès du préteur et l’impitoyable punition qu’il a infligée aux vaincus. En plantant les premières croix aux portes de Capoue, Crassus marque le lieu où tout a commencé. En plaçant les dernières aux portes de Rome, à l’endroit précis où il a quitté la ville six mois plus tôt, il rappelle à tous sa victoire et la frayeur qui s’était emparée de la Ville éternelle. Il y a là de quoi rassurer les propriétaires et le bon peuple tout en terrifiant les esclaves afin de les détourner définitivement de toute tentative de révolte.
    Pour nous, la symbolique de ce supplice évoque bien sûr la mort de Jésus et ces 6 000 croix jouent un grand rôle dans l’assimilation de Spartacus à la figure douloureuse du Christ crucifié. Pourtant, il faut là encore se garder de tout anachronisme : Spartacus est mort un siècle avant le Christ et certainement pas sur la croix, contrairement à l’inoubliable image véhiculée par Stanley Kubrick et Kirk Douglas. De plus, ce symbole religieux revêt une tout autre signification pour les Romains. A leurs yeux, ce supplice horrible constitue une mort particulièrement infâme. La crucifixion, ou plutôt le crucifiement car le premier terme est traditionnellement réservé au Christ, est un mode d’exécution réservé aux non-citoyens, notamment aux rebelles et aux esclaves. Inconnu des Grecs de l’époque classique, ce supplice pratiqué par les Perses fut adopté par les royaumes hellénistiques. Egalement en usage à Carthage, il sera finalement intégré à l’arsenal des supplices romains.
    La croix romaine est constituée de deux pièces de bois séparées entre elles et assemblées au moment de l’exécution. Le stipes constitue la partie verticale. De hauteur variable, il est généralement planté à l’avance sur les lieux destinés aux exécutions, comme le Golgotha à Jérusalem ou l’Esquilin à Rome. Ce terme de stipes signifie « tronc », « pieu », mais aussi « pal ». La plupart du temps, la hauteur est calculée pour que les pieds du condamné soient à quelques centimètres du sol. Une fois le stipes assemblé avec le patibulum , ils forment ensemble la crux humilis  ; le supplice est d’autant plus infamant lorsque la petite taille des pieux permet aux chiens errants de dévorer les chairs des crucifiés morts ou agonisants. En revanche, dans le cas où la sanction est infligée dans un souci d’exemplarité, les Romains utilisent plutôt la crux sublimis  ; dans ce cas, les pieds du condamné se trouvent à au moins un mètre du sol. Cette solution a certainement été adoptée par Crassus pour les esclaves révoltés ; il importe en effet que les condamnés endurent leurs tourments le plus longtemps possible à la vue de tous ceux, libres et esclaves, qui empruntent cette voie dans les jours suivant la victoire du préteur. Dans tous les cas, le patibulum est porté par le supplicié lui-même jusqu’au lieu de l’exécution. Le patibulatus désigne ainsi le condamné portant sa croix, ce qui a donné notre « patibulaire ». Les poignets de l’homme sont attachés par une corde à la pièce de
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