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Si c'est un homme

Si c'est un homme

Titel: Si c'est un homme
Autoren: Primo Levi
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trouver auprès de nous une organisation inexistante, des cadres, des armes, ou même un peu de protection, un refuge, un feu où se chauffer, une paire de chaussures.

    (1)
Giustizia
e
Libéria
(Justice
et
Liberté)
:
organisation
antifasciste
qui
joua
un
    rôle
important,
tant
dans
la
lutte
pour
la
libération
de
l'Italie
que
durant
les
    premières
années
de
l'après-‐guerre

el e
devint
un
parti
politique.
(Toutes
les
    notes,
sauf
une
qui
est
de
l'auteur
et
signalée
comme
tel e,
sont
du
traducteur.)
    – 5 –

    A cette époque on ne m'avait pas encore enseigne la doctrine que je devais plus tard apprendre si rapidement au Lager, et selon laquelle le premier devoir de 1 homme est de savoir utiliser les moyens appropries pour arriver au but qu’il s'est prescrit, et tant pis pour lui s'il se trompe , en vertu de quoi il me faut bien considérer comme pure justice ce qui arriva ensuite Trois cents miliciens fascistes, partis en pleine nuit pour surprendre un autre groupe de partisans installe dans une vallée voisine, et autrement important et dangereux que le nôtre, firent irruption dans notre refuge à la pâle clarté d'une aube de neige, et m emmenèrent avec eux dans la vallée comme suspect
    Au cours des interrogatoires qui suivirent, je préférai déclarer ma condition de « citoyen italien de race juive », pensant que c'était la le seul moyen de justifier ma présence en ces lieux, trop écartes pour un simple «
    réfugie », et estimant (a tort, comme je le vis par la suite) qu'avouer mon activité politique, c'était me condamner à la torture et à une mort certaine En tant que juif, on m'envoya à Fossoh, près de Modene, dans un camp d'internement d'abord destine aux prisonniers de guerre anglais et américains, qui accueillait désormais tous ceux
    — et ils étaient nombreux — qui n'avaient pas l'heur de plaire au gouvernement de la toute nouvelle république fasciste
    Lors de mon arrivée, fin janvier 1944, il y avait dans ce camp environ cent cinquante juifs italiens, mais au bout de quelques semaines on en comptait plus de six cents C'étaient pour la plupart des familles entières qui avaient été capturées par les fascistes ou les nazis, à la suite d'une imprudence ou d'une dénonciation Un petit nombre d'entre eux s'étaient spontanément constitués prisonniers, pour échapper au cauchemar d'une vie
    – 6 –

    errante, par manque de ressources, ou encore pour ne pas se séparer d'un conjoint arrête, et même, absurdement, « pour être en règle avec la loi » II y avait la en outre une centaine de soldats yougoslaves et quelques
    autres
    étrangers
    considères
    comme
    politiquement suspects
    L'arrivée d'un petit détachement de SS aurait dû alerter même les plus optimistes, mais on réussit en dépit de tout à donner à l'événement les interprétations les plus variées, sans en tirer la conclusion pourtant évidente qui s'imposait, de sorte que, contre toute attente, l'annonce de la déportation prit tout le monde au dépourvu
    Le 20 février, les Allemands avaient effectue dans le camp une inspection en règle, allant jusqu'à signifier publiquement au commissaire italien leur vif mécontentement pour la mauvaise organisation des cuisines et l'insuffisance du bois de chauffage, à quoi ils avaient ajoute qu'une infirmerie entrerait sous peu en service Mais le 21 au matin, on apprit que les juifs partiraient le lendemain Tous sans exception Même les enfants, même les vieux, même les malades Destination inconnue Ordre de se préparer pour un voyage de quinze jours Pour tout juif manquant à l'appel, on en fusillerait dix Seule une minorité de naïfs et de dupes s'obstina à espérer nous, nous avions eu de longues conversations avec les réfugies polonais et croates, et nous savions ce que signifiait l'ordre de départ
    A l'égard des condamnés à mort, la tradition prévoit un cérémonial austère, qui marque bien que toute colère et toute passion sont désormais sans objet, et que l'accomplissement de la justice, n'étant qu'un triste devoir envers la société, peut admettre de la part du
    – 7 –

    bourreau un sentiment de pitié envers la victime Ainsi évite-t-on au condamne tout souci extérieur, il a droit à la solitude et, s'il le désire, à toute espèce de réconfort spirituel, bref, on fait en sorte qu'il ne sente autour de lui ni haine ni arbitraire, mais la nécessité et la justice, et le
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