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Révolution française Tome 1

Révolution française Tome 1

Titel: Révolution française Tome 1
Autoren: Max Gallo
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l’inquiétude tenaille, qui trouve
souvent dans la maladie un refuge contre l’angoisse d’avoir un jour à être roi
de France. Dignité, charge et fonction auxquelles on le prépare en lui
enseignant l’italien, l’anglais et un peu d’allemand. Mais il aime d’abord les
mathématiques, les sciences, la géographie. Il est habile à dessiner les cartes.
    Les travaux manuels – et même ceux des jardiniers ou des
paysans qu’il côtoie – l’attirent. Il a été malingre. Il grossit, parce qu’il
dévore, engloutissant voracement, comme pour rechercher ces périodes d’engourdissement,
d’indigestion, qui lui masquent la réalité.
    Si la mort frappe d’abord Louis XV, ce qui est dans l’ordre
naturel des choses, il sera roi.
     
    Et cela l’accable.
    Et l’échéance se rapproche, puisque la mort continue à
faucher.
    La mère de Louis – la dauphine – meurt en 1767, puis, en
mars 1768, c’est la reine Marie Leczinska – la grand-mère de Louis – qui est
emportée.
    Et à chacun de ces décès c’est le dauphin – car Louis XV n’assiste
pas par exemple au service solennel à Saint-Denis en l’honneur de la reine – qui
préside ces cérémonies funèbres, à la lourde et minutieuse étiquette.
    Alors que Louis n’est pas encore roi, ces obligations
auxquelles il se soumet le paralysent, même s’il tente de donner le change. Mais
son visage rond marqué par l’ennui et presque le désespoir, son regard éteint, ses
gestes gauches, ne trompent pas.
     
    Il sait aussi qu’il ne peut combler les attentes de Louis XV,
qui ne cesse de regretter la mort du dauphin Louis-Ferdinand, son fils.
    « Vous avez bien jugé de ma douleur, écrit le roi au
duc de Parme, je me distrais tant que je peux, n’y ayant point de remède, mais
je ne puis m’accoutumer de n’avoir plus de fils et quand on appelle mon
petit-fils, quelle différence pour moi, surtout quand je le vois entrer. »
    Alors Louis, pour se protéger de cette déception, s’enferme
en lui-même, son corps s’alourdit comme si la graisse devenait une carapace, et
la myopie le moyen de ne pas voir, d’ignorer la réalité.
    Mais parfois il rompt le silence où il se terre, et dans une
réponse à La Vauguyon, il révèle son amertume et sa solitude :
    « Eh, Monsieur, qui voulez-vous que j’aime le plus ici,
où je ne me vois aimé de personne ? »
    Mais il faut accepter, subir ce que Dieu impose.
    Et le choix de Dieu s’exprime par la voix de Louis XV.
    C’est le roi qui trace la route, qui, conseillé par son
ministre Choiseul, est décidé à renforcer l’alliance avec l’Empire des
Habsbourg, et le plus symbolique et le plus efficace c’est de préparer le mariage
du dauphin avec une archiduchesse autrichienne.
    Le 24 mai 1766, l’ambassadeur de Vienne à Paris, le prince
Stahrenberg, écrit à l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche :
    « Votre Majesté sacrée peut dès ce moment regarder
comme décidé et assuré le mariage du dauphin et de l’archiduchesse
Marie-Antoinette », la plus jeune des filles de Marie-Thérèse.
    Louis XV l’a confirmé à l’ambassadeur autrichien, qui ajoute :
    « C’est aux bons offices de Monsieur de Choiseul – le
premier des ministres – que je dois principalement un succès que j’avais fort à
cœur d’obtenir. »
    Il n’est pas dans les usages que l’on se préoccupe des
sentiments du dauphin de France. La vie de Louis, duc de Berry, Louis XVI à
compter du 10 mai 1774, est donc dessinée sans qu’il ait à y redire. Et les
choix accomplis au nom de la tradition, de la politique et des décisions
royales, des contraintes dynastiques, ont modelé la personnalité de Louis.
     
    Mais maintenant qu’il est roi, il doit régner.
    Il n’est pas sûr de lui.
    On ne lui a pas appris à gouverner.
    Il sait chasser, battre le fer comme un forgeron ou un
serrurier, ou même tracer un sillon tel un laboureur, mais il ignore l’art de
la consultation et de la décision politiques.
    Il cherche autour de lui des appuis, des conseils.
    Son père, Louis-Ferdinand, avant de mourir, avait dressé une
liste de personnalités qui pourraient l’aider de leurs avis. Il interroge ses
tantes, mais les filles de Louis XV sont de vieilles demoiselles, dévotes. L’une
d’elles, Louise, a même pris le voile au carmel de Saint-Denis.
    Il se méfie de sa jeune femme Marie-Antoinette, qui n’a pas
dix-neuf ans et qui est tout entière soumise aux stratégies du
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