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Révolution française Tome 1

Révolution française Tome 1

Titel: Révolution française Tome 1
Autoren: Max Gallo
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de la Liberté aux conventionnels.
    Et le journal Le Père Duchesne prononce, à sa manière,
l’oraison funèbre de Louis :
    « Capet est enfin mort, foutre !
    « Je ne dirai pas, comme certains badauds, n’en parlons
plus !
    « Parlons-en au contraire, pour nous rappeler tous ses
crimes et inspirer à tous les hommes l’horreur qu’ils doivent avoir pour les
rois.
    « Voilà, foutre, ce qui m’engage à entreprendre son
oraison funèbre, non pour faire son éloge ou adoucir ses défauts, mais pour le
peindre tel qu’il fut, et apprendre à l’univers si un tel monstre ne méritait
pas d’être étouffé dès son berceau ! »
    Ce lundi 21 janvier 1793, à dix heures vingt, place de la
Révolution, un homme est mort, que l’on ne nommait plus que Louis Capet. Mais c’est
le corps du roi, et l’histoire de la nation, qu’on a tranchés en deux.
    Quatre ans auparavant, en 1789, les sujets de toutes les
provinces célébraient encore ce même homme, ce roi de France.
    Et le 14 juillet 1790, il présidait la fête de la Fédération,
rassemblant autour de lui tous les citoyens des départements du royaume.
    Il était le roi des Français.
    Et en mai 1774, quand il avait succédé à son grand-père
Louis XV, les libellistes avaient écrit qu’il semblait « promettre à la
nation le règne le plus doux et le plus fortuné ».
    Qui eût osé imaginer qu’un jour, Louis XVI, Louis le Bon, serait,
sous le simple nom de Louis Capet, guillotiné, sur la ci-devant place Louis-XV,
devenue place de la Révolution ?

     
    PREMIÈRE PARTIE
    1774-1788
    « Quel fardeau et on
ne m’a rien appris ! »
    « N’oubliez jamais, Sire, que c’est la faiblesse
qui a mis la tête de Charles I er sur un billot… »
    Lettre de Turgot à
Louis XVI 30 avril 1776

     
     
    1
    Ce roi, Louis XVI, qu’on tue après l’avoir humilié, peut-être
a-t-il pressenti qu’il aurait, en accédant au trône de France, un destin
tragique ?
    Cela survient le 10 mai 1774.
    Depuis plusieurs jours déjà, il sait que son grand-père
Louis XV est condamné, et qu’il sera lui, Louis Auguste, duc de Berry, son
successeur.
    L’angoisse et l’accablement l’étreignent.
    Il a vu le corps du roi – Louis le Bien-Aimé, le plus bel
homme du royaume, avait-on qualifié Louis XV -se transformer en un tas de
chairs purulentes et puantes, le visage couvert de pustules et de croûtes.
    On s’agenouille pour prier, mais au pied de l’escalier qui
conduit à la chambre du roi, parce qu’à s’en approcher on craint la contagion.
    « Madame, j’ai la petite vérole », a dit Louis XV
à sa favorite, la comtesse du Barry.
    Il veut, après une vie dissolue, solliciter la grâce de Dieu,
et donc écarter cette maîtresse qui était – après tant d’autres – l’incarnation
du péché.
    « Il est nécessaire que vous vous éloigniez », lui
a-t-il dit.
    Elle a obéi et quitté Versailles pour le château de Rueil.
    Et le confesseur de Louis XV a pu recueillir les dernières
paroles du roi agonisant. Puis il s’est avancé vers les courtisans qui se
tiennent à distance.
    « Messieurs, le roi m’ordonne de vous dire que s’il a
causé du scandale à ses peuples, il leur en demande pardon et qu’il est dans la
résolution d’employer le reste de ses jours à pratiquer la religion en bon
chrétien comme il l’a fait dans sa jeunesse, et à la protéger et à faire le
bonheur de ses peuples. »
    Louis, duc de Berry, bientôt Louis XVI, écoute ces mots.
    Mais il est trop tard, la mort est là qui se saisit du corps
du roi, qu’il faut au plus vite enfermer dans un double cercueil de plomb
rempli d’« esprit de vin ».
    Et ce roi, si puissant, si adulé dans la première partie de
son règne, n’est plus qu’un cadavre qui se dissout, dont on s’éloigne, qu’on
veut oublier.
    On avait célébré six mille messes en 1744 lorsque la maladie
avait terrassé Louis XV. On n’en compte que trois en 1774.
    Et Louis XVI apprendra que c’est accompagné seulement de
quelques domestiques, et d’une petite escorte de gardes du corps, que le
cercueil du roi a été conduit jusqu’à Saint-Denis, la nuit du 12 mai.
    Et tout au long de la route on a entendu crier, d’un ton
joyeux : « Taïaut ! Taïaut ! » et « Voilà le
plaisir des dames ! Voilà le plaisir ».
    Oraison funèbre pour un roi qui selon le peuple s’était
davantage soucié de la chasse et des femmes que de son royaume.
    Et Louis murmurera, lui
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