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Révolution française Tome 1

Révolution française Tome 1

Titel: Révolution française Tome 1
Autoren: Max Gallo
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Le comte de Provence avait l’intelligence subtile, et le comte d’Artois,
le charme d’un séducteur.
    Les sœurs, Clotilde et Élisabeth, comptaient peu, face à ces
quatre fils.
    « Nos princes sont beaux et bien portants… Monseigneur
le duc de Bourgogne est beau comme le jour, et le duc de Berry ne lui cède en
rien », disait-on.
     
    Mais c’est le duc de Bourgogne qu’on fête !
    À sa naissance, en 1751, Louis XV ordonne trois jours de
chômage et d’illuminations à Paris. Rien de tel pour le duc de Berry, trois ans
plus tard. À peine quelques volées de cloches.
    A-t-on craint, comme ce fut le cas pour le duc de Bourgogne,
que des émeutiers, pauvres que la misère étrangle, que le prix du grain affame,
ne déposent dans le berceau de l’enfant un paquet de farine et un paquet de
poudre, avec ce placet : « Si l’un nous manque, l’autre ne nous
manquera pas » ?
    On avait envoyé l’une des nourrices à la Bastille, sans pour
autant démonter les rouages du complot et mettre au jour les complicités.
    Le duc de Berry reste dans l’ombre de son frère aîné. On se
soucie si peu de lui, que la nourrice qu’on lui choisit n’a pas de lait, mais
est la maîtresse d’un ministre du Roi, le duc de La Vrillière.
    Tant pis pour Louis, duc de Berry, puisqu’il ne doit pas
être roi !
    Mais la mort a d’autres projets.
    Elle rôde dans le royaume de France, qui semble si riche, si
puissant, le modèle incomparable des monarchies.
    Et cependant on meurt de faim, et les impôts dépouillent les
plus humbles, les laissant exsangues alors que nobles et ecclésiastiques
apparaissent comme des intouchables, rapaces de surcroît, levant leurs propres
impôts, avides au point de tout vouloir s’accaparer, chassant à courre, saccageant
ainsi les épis mûrs, et traînant en justice, et parfois jusqu’à l’échafaud, les
paysans qui braconnent.
    Les « émotions », les « émeutes », les « guerres
des farines », les « révoltes des va-nu-pieds », secouent donc
périodiquement le royaume.
    Et en 1757 – le duc de Berry a trois ans –, un serviteur, Damiens,
à Versailles, porte un coup de couteau au flanc du roi bien-aimé, Louis XV. Blessure
sans gravité, mais acte révélateur et châtiment à la mesure du sacrilège.
    Porter la main sur le roi c’est frapper Dieu ! Et, dans
ce royaume où on lit Voltaire, où la favorite, Madame de Pompadour, protège les
philosophes, on va couler du plomb fondu dans les entrailles ouvertes de
Damiens, puis on va atteler quatre chevaux à ses quatre membres, afin de l’écarteler,
et, pour faciliter l’arrachement des jambes et des bras, on cisaillera les
aisselles et l’aine.
     
    La mort est à l’œuvre.
    Le duc de Bourgogne meurt le 20 mars 1761, et Louis son
cadet, âgé de sept ans, que le décès de son frère aîné a plongé dans la maladie,
emménage dans la chambre du frère défunt, celle de l’enfant choyé qu’on
préparait pour le trône et qui n’est plus qu’un souvenir exemplaire dont on ne
cesse de vanter les mérites à Louis.
    On veille de plus près sur son éducation.
    « Berry fait de grands progrès dans le latin et d’étonnants
dans l’histoire », écrit son père, le dauphin Louis-Ferdinand.
    Mais les ambassadeurs qui le scrutent puisqu’il s’est
rapproché du trône sont sans indulgence.
    « Si on peut s’en rapporter aux apparences, écrit l’ambassadeur
d’Autriche en 1769 – Louis a quinze ans –, la nature semble lui avoir tout
refusé. Le prince par sa contenance et ses propos n’annonce qu’un sens très
borné, beaucoup de disgrâce et nulle sensibilité… »
    Et l’ambassadeur de Naples ajoute un trait plus sévère
encore : « Il semble avoir été élevé dans les bois. »
     
    Louis en fait est timide, d’autant plus mal à l’aise que son
père, dauphin de France, est mort le vendredi 20 décembre 1765, et que
désormais entre la charge royale et Louis, il n’y a plus que son grand-père
Louis XV, vert encore, rajeuni par sa liaison avec la comtesse du Barry qui a
succédé à la marquise de Pompadour, décédée en 1764.
    Mais le roi est lucide, et il s’exclame, plein d’inquiétude
et presque de désespoir :
    « Pauvre France, un roi âgé de cinquante-cinq ans et un
dauphin âgé de onze ans ! Pauvre France. »
    À compter de ce mois de décembre 1765, Louis, duc de Berry, est
donc en effet dauphin de France.
    Il a onze ans.
    Il n’est qu’un enfant que
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