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Qui étaient nos ancêtres ?

Qui étaient nos ancêtres ?

Titel: Qui étaient nos ancêtres ?
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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traités de médecine avaient ajouté à leurs multiples conseils ceux de peigner les cheveux et de nettoyer les dents, de se saigner et se purger au printemps, de se laver à l’eau froide, et de prendre des bains chauds… Les bourgeois des grandes villes avaient donc volontiers fréquenté les étuves ou utilisé, chez eux, des équipements appropriés, notamment de grands baquets de bois, ancêtres de notre baignoire. Il n’empêche que ces habitudes étaient loin d’être universellement répandues, puisque l’on apprend que les moines de Cluny, pourtant équipés du confort le plus moderne pour l’époque, ne prenaient que deux bains par an. Le seigneur et sa maisnie ne se lavaient guère qu’au retour d’un voyage ou d’une chasse. Quant aux plus modestes, ils n’hésitaient pas, en été, à prendre des bains de rivière, compte-tenu du fait que la pudeur de l’époque, différente de la nôtre, n’est nullement un obstacle et qu’aucun homme n’hésite à s’y baigner nu en public. Longtemps, il faut le dire, à la cour comme aux champs, nos ancêtres ignoreront toute réserve à cet égard. On est cru et direct, et pas même une marquise ne trouvera à y redire.
    Mais ces belles dispositions ne durèrent pas et les mentalités, dès l’époque de la Renaissance, firent perdre à l’hygiène ce qu’elles donnèrent à la morale. Les étuves ayant succombé à leur réputation licencieuse, il ne resta guère que des cuveaux proposés par les barbiers, dont les eaux n’étaient évidemment pas changées d’un client, parfois scrofuleux, au baigneur suivant. Chacun s’entendit donc à préférer une bonne couche de crasse. Les nobles estimèrent de bon ton d’avoir « un peu l’aisselle surette et les pieds fumants » et le médecin Brieude n’hésita pas à dire, en 1798, que chercher à se nettoyer de la sorte revenait « à anéantir l’odeur mâle… au nom du luxe et de la mollesse, alors que l’homme se portant bien dégage finalement une odeur agréable ».
    L’odeur, d’ailleurs, n’ajoute-t-elle pas aux nombreux signes de reconnaissance auxquels on attache tant d’importance ? Comme l’habit pouvait trahir le milieu, ne dit-on pas que l’on peut aisément « distinguer les Quercinois et les Rouergats à l’odeur fétide d’ail et d’oignon qu’ils répandent autour d’eux, tandis que les Auvergnats approchent celle du petit lait aigri tournant à la putréfaction » ou que « les vachers se font suivre par une odeur aigre dont ils infectent l’air ».
    Le grand personnage qui s’en trouverait gêné pourra toujours user d’expédients en recourant à divers artifices. À l’instar des « mignons », on fera grande consommation de parfum, puis de poudre, notamment au niveau des gants, qui sont alors fabriqués par les seuls gantiers-parfumeurs., lesquels ne produisent alors aucun article qui ne soit copieusement imprégné d’esprit de musc, d’ambre gris, de civette, de bergamote, de girofle, de fleur d’oranger ou de lavande. Ainsi, vit-on la Grande Mademoiselle, cousine de Louis XIV, reculer de trois pas, malgré l’étiquette, lorsque la duchesse d’Aiguillon eut enfilé des gants imbibés d’un savant mélange de parfum qui faisait alors fureur sous le nom de « peau d’Espagne ». « Je me reculai, tenant mon nez, et lui disant qu’à moins de m’évanouir je ne pouvais m’approcher d’elle. » C’est l’époque où les précieuses de Molière ne trouvent pas ridicule d’acheter des gants parfumés « à la négligence », « au lait virginal » ou encore « à l’eau de pucelle », dite aussi, pour elles, plus précieusement « eau de Phylis ».
    Si le bain réapparaît, dès le XVIII e siècle, dans les milieux aisés, il passera, à Paris, par les meubles de toilette, avec le traditionnel bassin et sa cruche, où l’eau est évidemment bien froide en hiver, puis par l’étape des bains livrés à domicile, par des garçons de bain auvergnats, successeurs des anciens porteurs d’eau, avant que le tub ne se répande chez les bourgeois, et que ceux-ci ne finissent par aménager des salles de bains.
    À la campagne, même avec les leçons d’hygiène propagées par l’école de Jules Ferry, et l’arrivée de l’eau courante permettant de se laver près du robinet de la cuisine (le seul de la maison), à demi dissimulé derrière des chaises, il faudra attendre les aides à l’amélioration de l’habitat, dans
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