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Paris Ma Bonne Ville

Paris Ma Bonne Ville

Titel: Paris Ma Bonne Ville
Autoren: Robert Merle
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languir.
    — Voire ! dit mon père.
Il n’y a eu chez nous ni mort ni navré.
    — J’opine pourtant qu’on le
pende.
    — Voire ! Bouillac, d’où
te viennent ces pécunes ?
    — C’est ce que certes je
dirai si vous acceptez mon offre.
    — C’est ce que certes tu
diras si je te mets à la question, dit Sauveterre avec un brillement courroucé
de l’œil.
    — Oui-da, Moussu, dit
Bouillac sans rabattre de sa superbe, mais la question prendra du temps, et le temps
vous presse fort. Car pour moi, étant promis à la hart, j’ai devant moi
l’éternité.
    À cette saillie qui n’était pas
sans quelque sel, ni arrière-goût ni intention, mon père rit, aimant assez la
vaillance de ce gueux, et fort friand aussi de ce qu’il aurait à révéler.
    — Bouillac, dit-il, allons
donc au plus bref. Combien offres-tu pour ta vie ?
    — Cent écus.
    Tous ici s’accoisèrent en
s’entr’envisageant, tant on était béant qu’un caïman eût tant d’étoffe. Mais au
bruit de ces pièces et piécettes, Sauveterre changea de face et dit, le ton
coupant comme cotel :
    — Deux cents.
    — Fi donc, Moussu ! dit
Bouillac. Barguigner avec un gueux !
    — Bon huguenot toujours
barguigne ! dit mon père en riant.
    — Deux cents ! dit
Sauveterre.
    — Ha, Moussu, vous
m’étranglez ! dit Bouillac.
    — Préfères-tu le nœud que tu
sais ?
    — Tope ! Tope ! dit
Bouillac avec un grand soupir, mon cou le veut !
    — Affaire faite ! dit
mon père promptement. Et voyons maintenant ce temps qui me presse si fort.
    — Moussu lou Baron, dans le
moment où je suis pour occire vos porcs et brûler votre moulin des Beunes, la
bande du capitaine Belves court sus au Breuil pour faire carnage de vos
moutons.
    — Ventre Saint-Vit !
cria mon père, je le pensais ! Combien sont-ils ?
    — Sept, avec Belves.
    — La merci à toi, Bouillac.
Je vais rhabiller cet assaut.
    Et sortant à grands pas de la
salle, mon père commanda à Miroul, Faujanet, Petromol et les deux frères Siorac
de seller incontinent les chevaux et de galoper à brides avalées pour secourir
Cabusse, lequel, à vrai dire, n’était pas seul, ayant avec lui l’herculéen
Jonas, et peut-être aussi Alazaïs, si du moins la forte garce avait pu parvenir
jusqu’à la bergerie : ce dont je ne doutais, la mâtine étant si rusée.
    — Bouillac, reprit mon père,
qui a payé et machiné cela ?
    — Un brigand qui brigande
sans sortir mie de son château ni se mouiller le petit doigt.
    — Fontenac ?
    Bouillac fit « oui » de
la tête, mais sans mot piper, et cette réticence-là, bien l’entendit mon père,
car il s’accoisa, envisageant Bouillac œil à œil.
    — Moussu lou Baron, dit le
gueux, suis-je libre ?
    — Oui-da, la rançon payée.
    — Je cours la quérir, dit
Bouillac, pour peu que vous commandiez qu’on me rende mon cheval, mes
pistolets, mon braquemart et ma dague, lesquels sont les outils sans lesquels
je ne saurais exercer mon art.
    — Nenni ! dit
Sauveterre, nous te relâchons nu. Si tu veux tes outils, cela te coûtera encore
cinquante écus.
    — Ha ! Moussu, dit
Bouillac, pour le coup, vous me mettez poire d’angoisse en gueule.
    — Cinquante écus ou rien, dit
mon père.
    — Rien ? dit Bouillac,
en levant le sourcil.
    — Rien, si tu consens à
déposer contre Fontenac devant le notaire Ricou.
    À quoi Bouillac s’accoisa un temps
fort long avant que d’acquiescer. De bien peu de conséquence pourtant fut son
témoignage, car la frérèche eut beau sur lui s’appuyer pour accuser Fontenac et
porter l’affaire devant le parlement de Bordeaux, si enflammés étaient alors
les juges papistes contre les huguenots que rien ne sortit jamais de notre
plainte.
    Mais j’anticipe. Une heure à peine
après la prise de Bouillac, Michel Siorac (qu’on distinguait maintenant de son
jumeau à la balafre qu’il avait reçue à la joue senestre lors du combat de la
Lendrevie) apparut au pied du châtelet d’entrée de Mespech sur son hongre
écumant, et cria à Escorgol qu’au Breuil on avait tout occis ou mis à
vauderoute. Mon père se concertant alors avec l’oncle Sauveterre, la frérèche
décida qu’après avoir dépêché les navrés, on entasserait les morts des deux
bandes sur un char dont on irait – la nuit étant noire encore –
déverser le chargement devant le pont-levis de Fontenac.
    — Qu’il les enfouisse !
dit Sauveterre, puisqu’il les a payés !
    Mais
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