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Notre France, sa géographie, son histoire

Notre France, sa géographie, son histoire

Titel: Notre France, sa géographie, son histoire
Autoren: Jules Michelet
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science et
     d'art ; il n'en a qu'un, un de vie sociale. L'Angleterre est un empire,
     l'Allemagne un pays, une race ; la France est une personne.
    2 Nous avons laissé cette phrase qui exprime si bien
     la nécessité, pour la France, de recouvrer ses légitimes frontières. Non pour
     l'attaque contre un peuple dont l'amitié lui vaut mieux que la haine, mais pour
     ses garanties naturelles. (M me J. M.)

V

    La supériorité sociale de la France tient à sa
     forte personnalité.
    La personnalité, l'unité, c'est par là que l'être se place haut dans
     l'échelle des êtres. Je ne puis mieux me faire comprendre qu'en reproduisant le
     langage d'une ingénieuse physiologie.
    Chez les animaux d'ordre inférieur, poissons, insectes, mollusques
     et autres, la vie locale est forte. « Dans chaque segment de sangsue se
     trouve un système complet d'organes, un centre nerveux, des anses et des
     renflements vasculaires, une paire de lobes gastriques, des organes
     respiratoires et reproducteurs. Aussi a-t-on remarqué qu'un de ces segments
     peut vivre quelque temps, quoique séparé des autres. A mesure qu'on s'élève
     dans l'échelle animale, on voit les segments s'unir plus intimement les uns aux
     autres, et l'individualité du grand tout se prononcer davantage.
     L'individualité dans les animaux composés ne consiste pas seulement dans la
     soudure de tous les organismes, mais encore dans la jouissance commune d'un
     nombre de parties, nombre qui devient plus grand à mesure qu'on approche des
     degrés supérieurs. La centralisation est plus complète, à mesure que l'animal
     monte dans l'échelle 3  ». Les nations
     peuvent se classer comme les animaux. La jouissance commune d'un grand nombre
     de parties, la solidarité de ces parties entre elles, la réciprocité de
     fonctions qu'elles exercent l'une à l'égard de l'autre, c'est là la supériorité
     sociale. C'est celle de la France, le pays du monde où la nationalité, où la
     personnalité nationale, se rapproche le plus de la personnalité
     individuelle.
    Diminuer, sans détruire, la vie locale, particulière, au profit de
     la vie générale et commune, c'est le problème de la sociabilité humaine. Le
     peuple le mieux centralisé est aussi celui qui par son exemple, et par
     l'énergie de son action, a le plus avancé la centralisation du monde.
    3 Dugès.

VI

    Comment la France s'est unifiée et a fondé la
     patrie.
    Cette unification de la France, cet anéantissement de l'esprit
     provincial est considéré fréquemment comme le simple résultat de la conquête
     des provinces. La conquête peut attacher ensemble, enchaîner des parties
     hostiles, mais les unir, jamais.
    On a vu l'accumulation des races qui sont venues, au premier âge de
     la vie de la France, se déposer l'une sur l'autre et féconder le sol gaulois de
     leurs alluvions. Pouvait-on dire que ce fût là la France ? De ces éléments
     dont la France s'est faite un tout autre mélange pouvait résulter. Les mêmes
     principes chimiques composent l'huile et le sucre. Ainsi, les mêmes principes
     donnés, tout n'est pas donné ; reste le mystère du travail, des
     modifications que ces principes opèrent sur eux-mêmes, en un mot le mystère de
     l'existence propre, spéciale.
    Combien doit-on en tenir compte, quand il s'agit d'un mélange actif
     et vivant comme une nation.
    La conquête et la guerre n'ont fait qu'ouvrir les provinces aux
     provinces, elles ont donné aux populations isolées l'occasion de se
     connaître ; la vive et rapide sympathie du génie gallique, son instinct
     social et centralisateur ont fait le reste 4 . L'unité obtenue, ces provinces, diverses
     de climats, de mœurs et de langage, se sont comprises, se sont aimées ;
     toutes se sont senties solidaires. Le Gascon s'est inquiété de la Flandre, le
     Bourguignon a joui ou souffert de ce qui se faisait aux Pyrénées ; le
     Breton, assis au rivage de l'Océan, a senti les coups qui se donnaient sur le
     Rhin.
    Ainsi s'est formé l'esprit général, universel de la contrée.
     L'esprit local a disparu chaque jour ; l'influence du sol, du climat, de
     la race, a cédé à l'action sociale et politique. La fatalité des lieux a été
     vaincue, l'homme a échappé à la tyrannie des circonstances matérielles. Le
     Français du Nord a goûté le Midi, s'est animé à son soleil ; le Méridional
     a pris quelque chose de la ténacité, du sérieux, de la réflexion du Nord. La
    
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