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Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Titel: Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises
Autoren: Reynaert
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cyniques, il ne s’est jamais si bien porté que depuis les années 1980. En même temps, par sa seule longue présence au pouvoir, la gauche fait la preuve de sa capacité à le gérer et démontre la stabilité du système politique dont est doté le pays. Contrairement à ce que prophétisait la droite, l’arrivée au gouvernement des socialistes et de leurs alliés communistes n’a pas plongé la France dans le chaos ; contrairement à ce que pensait François Mitterrand lui-même dans les années 1960, la V e  République peut parfaitement s’adapter à une alternance politique.
    Les deux présidences suivantes n’échappent pas à ce qui semble donc devenu la loi incontournable des démocraties modernes. Jacques Chirac, en 1995, mène le combat électoral de façon très dynamique, très offensive, il joue le cavalier seul qui vise à rejeter dans le camp du conformisme et de l’inaction ceux qui viennent de se succéder aux commandes (les socialistes et ses anciens alliés balladuriens). Il promet la lutte contre la « fracture sociale », fort justement désignée comme le fléau grandissant de la société française. Sitôt entré à l’Élysée, il enlève ses bottes de campagne pour chausser les souliers qu’il ne quittera plus : des pantoufles. Après douze ans d’une présidence ronflante et immobile, il laisse les commentateurs bien en peine de mettre à son crédit la moindre réforme d’importance. L’expérience sarkozyste semble rapidement condamnée à pareille désillusion. L’homme, étourdissant de dynamisme et de volonté, se fait élire en 2007 en promettant au pays une vraie révolution, d’orientation très libérale : il faut réhabiliter le goût de l’argent et du travail, baisser les impôts, faire revenir les riches, desserrer ce carcan de réglementations tatillonnes qui découragent l’initiative, en finir avec les pesanteurs de l’État. À peine plus d’un an plus tard, la violente crise financière débutée aux États-Unis à l’automne 2008 l’oblige à en revenir, au moins dans les discours, aux vertus du dirigisme et de l’intervention de l’État, sans réussir pour autant dans la réalité à enrayer une flambée du chômage et de la misère. L’opinion en viendrait à douter des fondements mêmes de la démocratie : l’action politique a-t-elle encore une quelconque utilité dans un monde où l’économie, les financiers et la cupidité règnent en maîtres ?
    Comment s’étonner, dès lors, de l’importance, au début du xxi e  siècle, du thème du désenchantement, de la morosité ? Comment s’étonner du sentiment répandu d’une crise perpétuelle, d’une perte de sens, d’un malaise quant à l’avenir ? C’est le point final où nous voulions venir.

En guise
de conclusion
    Entre 1945 et ce début du xxi e  siècle, la société française s’est considérablement transformée. Au sortir de la guerre, la France était encore très largement un pays d’agriculture (près d’un tiers de la population en dépendait), doté par ailleurs d’un secteur industriel employant une classe ouvrière importante. La société était très structurée par les grandes appartenances politiques et religieuses : être catholique ou laïque, communiste ou de droite, membre du patronat ou militant syndical réglait la vie et les comportements. Elle est devenue un État urbanisé, jouant son développement sur le secteur tertiaire, où la révolution individualiste a rendu les mœurs plus libres, les solitudes plus grandes et les solidarités plus relâchées. Elle était un pays affamé, pauvre, ruiné par la guerre mais prêt à connaître trente ans de plein-emploi, de croissance. Elle est un pays riche et puissant qui n’arrive pas à guérir cette plaie ouverte depuis près de quatre décennies : le chômage de masse, qui rejette sur le bord du chemin une part toujours plus grande de la population. Elle allait affronter les conflits terribles et meurtriers de la décolonisation. Elle est en paix, solidement alliée à ses voisins par une Union européenne qui devrait enthousiasmer, et pourtant ennuie. La vie politique était farouche. À gauche et à droite, on l’a vu, deux grands partis, le PCF et le parti gaulliste, ne juraient que par un renversement du régime. Elle est assagie mais semble morne et donne à beaucoup l’image d’un pouvoir incapable d’affronter les vrais défis, les vraies menaces qui pèsent sur l’avenir
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