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Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Titel: Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises
Autoren: Reynaert
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militaires qu’ils possèdent encore dans l’Hexagone. On peut ajouter là-dessus une intransigeance crispée à l’égard de toute avancée européenne qui lui semble attentatoire à la souveraineté nationale, c’est-à-dire à ses conceptions personnelles. De son point de vue, cela s’appelle « restaurer la grandeur de la France ». Du point de vue de ses partenaires de Bruxelles ou de Washington, cela s’appelle jouer avec les nerfs des gens pour un résultat très limité : sinon à avoir cassé l’Europe pour un temps, on peut se demander, en effet, à quoi cette politique a abouti.
    Contentons-nous de noter que l’on peut vouloir replacer sans cesse son « cher et vieux pays » dans une histoire que l’on considère comme millénaire et être d’une parfaite myopie sur ce qui s’y vit au présent. Comme il l’a écrit au début de ses Mémoires, le général de Gaulle a « toujours eu une certaine idée de la France », merveilleuse abstraction. Il n’en a pas eu beaucoup sur l’évolution de la société française.
    Les années 1960 voient l’irruption dans la galaxie politique d’une nouvelle planète turbulente, la jeunesse. Nous voici à l’heure du grand chamboulement issu de Mai 68, auquel le vieux chef de l’État n’a pas compris grand-chose. L’émancipation des femmes, le libre droit de chacun à la sexualité qu’il a choisie, la fin d’une société d’ordre et d’autorité, ce n’était pas de son temps à lui. C’est pourtant ce que la société attendait, comme elle le prouva en adoptant assez vite des valeurs qui, quelques années auparavant, apparaissaient comme propres à conduire à l’anarchie, et à l’horreur. Un an après 1968, après un référendum raté portant sur une histoire de régionalisation dont personne n’a cherché à comprendre le sens, de Gaulle s’en va. Au pouvoir, le très pépère Georges Pompidou le remplace. Des jeunes gens plus échevelés se chargent de donner le ton à la société.
    Soyons justes : les acteurs de 68 eux-mêmes, et surtout leurs épigones des années 1970, les gauchistes , comme on appelle les membres des innombrables partis d’extrême gauche qui fleurissent alors, n’ont guère été plus lucides. Cette génération est justement décriée pour sa capacité à admirer les uns après les autres parmi les pires dictateurs de la planète, pourvu qu’ils se soient autoproclamés révolutionnaires – Mao et les millions de morts de la Révolution culturelle chinoise, Castro et les milliers de prisonniers politiques de Cuba. Elle a été portée par des rêves politiques. La vraie révolution qu’elle a déclenchée est sociale : c’est ce bouleversement des mœurs que l’on vient d’évoquer, cette mise à bas des vieilles structures patriarcales, cet avènement d’un nouveau roi du monde, l’individu.
    Quelques-uns de ces nouveaux principes vont entrer dans la loi sous la présidence d’un homme de droite, qui se veut ouvert et moderne, Valéry Giscard d’Estaing (président de 1974 à 1981). Sous son impulsion sont accordés le droit de vote à dix-huit ans ou le droit à l’avortement, acquis, il est vrai, grâce aux voix de la gauche. Les mouvements de société, on le voit, sont toujours plus intriqués et complexes qu’on ne voudrait le croire.

    Une fin de millénaire
    De Gaulle revient aux commandes pour sauver l’Algérie française. Il devient le grand homme de la décolonisation. Les soixante-huitards pensent faire la révolution, ils feront carrière. Quelle période historique échappe à cette vieille contradiction entre ce que l’on veut faire et ce que l’on fait ? Les dernières décennies du xx e  siècle y sont soumises comme les autres. En 1981, pour la première fois sous la V e , la gauche arrive au pouvoir grâce à l’élection à la présidence de la République de François Mitterrand. Elle fait passer de nombreuses réformes : abolition de la peine de mort, nationalisations, extension des droits des salariés, libéralisation des ondes, décentralisation du territoire, ou encore, lors du gouvernement Rocard du deuxième septennat, instauration d’un revenu minimal pour tous, le RMI. Elle échoue à mener à bien la transformation quasi révolutionnaire qu’elle espérait : elle a changé des vies, elle n’a pas changé la vie, comme elle le promettait dans son programme, pas plus qu’elle n’a mis le capitalisme à genoux. Bien au contraire, diront les
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