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Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Titel: Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises
Autoren: Reynaert
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tant d’autres.
    La décolonisation est en effet la grande affaire de l’après-guerre, c’est elle qui précipitera la fin du régime. Mendès a préparé celle de la Tunisie, et par ricochet du Maroc, les deux États seront indépendants en 1956. Le cas de l’Algérie est autrement épineux. Que faire du million d’Européens qui y habitent, y sont nés pour la plupart et qui, en partie, bloquent toute évolution qui permettrait de donner leur juste place aux 8 millions de musulmans dont c’est également le pays et qui n’acceptent plus d’y être considérés en inférieurs ? La IV e  République danse sans cesse d’un pied sur l’autre. Les socialistes remportent les élections de 1956. Ils cherchent à négocier une évolution humaine et démocratique, et en même temps envoient encore plus de soldats, et même le contingent, pour effectuer de sinistres opérations de « pacification ». Elles n’excluent aucune méthode, même les pires – torture, exactions, violations constantes des droits de l’homme – contre les Algériens du FLN, qui, pour arriver à une indépendance dont ils veulent être les seuls bénéficiaires, n’excluent eux non plus aucune méthode.
    L’indécision politique de la métropole exacerbe les tensions. En mai 1958, au cours de véritables journées d’émeute, des partisans de l’Algérie française investissent les lieux du pouvoir à Alger avec la bienveillance de l’armée et réclament le retour au pouvoir de l’« homme providentiel », seul à même, à leurs yeux, de sauver la situation. Le climat est insurrectionnel, les rumeurs de putsch constantes, on craint en permanence la guerre civile. Paris est bien obligé d’entendre le message. Le président de la République René Coty rappelle le général de Gaulle, qui met quatre mois pour en finir officiellement avec un régime qu’il détestait. Le 4 octobre 1958, une nouvelle Constitution est promulguée. Elle déplace le curseur du pouvoir en donnant une place bien plus importante à l’exécutif et surtout au chef de l’État. Elle a été approuvée par référendum quelques jours auparavant : la V e  République est née.

    Il n’y a pas grand monde, alors, pour regretter celle qu’elle enterre. Il est juste avant de la laisser retomber dans l’oubli de rappeler les deux biens essentiels qu’elle nous laisse en héritage.
    Le premier porte un nom qui fait peu rêver, tant la caricature qu’on en fait est synonyme d’administration sinistre, de machine à demander des formulaires, de puits de déficits impossibles à combler. Il représente pourtant, sur l’échelle de l’histoire humaine tout entière, un progrès immense : la Sécurité sociale. Dès les années de guerre, par la voie du célèbre « plan Beveridge », les Britanniques avaient promis à leurs citoyens que l’État saurait les protéger du « berceau à la tombe » (« from the cradle to the grave ») des grands fléaux éternels que les hommes ont eu à combattre : la misère, l’ignorance, le chômage, la maladie. Les gouvernements de la Libération reprennent à leur compte les bases de ce que l’on appelle en français « l’État providence » en le croisant avec un système que les Allemands connaissent depuis Bismarck, et qui laisse le fonctionnement et le financement aux « partenaires sociaux », c’est-à-dire les patrons et les syndicats. C’est ainsi que peu à peu, sous la IV e  République, sont étendues à toutes les catégories de travailleurs les assurances maternité, maladie, vieillesse, chômage dont ne bénéficiaient, avant la guerre, que quelques branches très privilégiées.
    Le second legs de cette période semble a priori aussi peu glamour. Il a pourtant sa part dans le développement économique de notre pays : la construction européenne. La France y a participé dès les lendemains de la guerre. A-t-elle poussé à la meilleure manière de procéder ? C’est une autre question. Le grand rêve de nombreux Européens, au sortir du cauchemar, était d’éviter à jamais son retour en tuant dans l’œuf le poison du nationalisme, c’est-à-dire en agrégeant tous les anciens ennemis dans une vraie fédération : « les États-Unis d’Europe ». Les esprits n’étaient-ils pas prêts, ou cette idée d’en finir avec des États-nations vieux pour certains de plusieurs siècles était-elle une utopie ? Toujours est-il que, pour éviter d’avoir à franchir
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