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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon
Autoren: André Castelot
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napoléons simples d’or, un double-napoléon d’argent, deux doubles-napoléons d’or d’Italie »... On les y laisse. On imbibe le satin de créosote, puis on referme tous les cercueils.
    Un poêle de velours violet semé d’abeilles d’or, orné d’aigles d’or, auréolé d’étoiles et marqué d’une croix en moire blanche recouvre le lourd sarcophage qui non sans mal – il pèse 1 200 kilogs – est porté par les soldats à l’uniforme rouge jusqu’au char qui, au son du canon et sous une pluie battante, descend vers Jamestown. Bertrand, Gourgaud, Las Cases et Marchand tiennent chacun un coin du poêle. La milice de Sainte-Hélène ouvre la marche et un détachement du 91° régiment d’infanterie anglaise, avec musique, fifres et tambourins précède le char funèbre escorté par un détachement de l’artillerie royale. En dépit de son état de santé et de son âge, lord Middlemore suit à pied. Une compagnie ferme le cortège. La pluie a cessé et le soleil luit lorsque l’on arrive au port.
    Deux bateaux français de commerce – la Bonne – Aimée et l’Indien – se trouvent également dans la rade et, comme la Belle-Poule, la Favorite et l’Oreste, ont mis leurs vergues en croix et leurs pavillons en berne. Près du quai où attend le prince, les chaloupes tiennent leurs avirons mâtés, c’est-à-dire dressés verticalement. A bord de l’une d’elles se trouve une musique qui joue des airs funèbres. Les artilleries des navires et des forts se répondent. Dès que la chaloupe d’honneur reçoit le lourd sarcophage, le pavillon impérial monte au mât de la Belle-Poule. La frégate redresse ses vergues et déploie ses pavois. « Notre deuil, expliquera Rohan-Chabot, avait cessé avec l’exil de Napoléon et la division française se parait de tous ses ornements de fête pour recevoir le cercueil impérial sous le drapeau de la France. »
    Joinville prend la barre et la chaloupe s’éloigne du quai vers la Belle-Poule. Il est six heures trente du soir lorsque le sarcophage est hissé à bord. La nuit est venue, une étoile – une seule – brille.
    Il y avait vingt-cinq ans, jour pour jour, que le Northumberland, ayant Napoléon à son bord, avait jeté l’ancre devant l’île.
    Le lendemain – vendredi 16 octobre – en présence de 800 marins français alignés, tête nue, sur le port, l’abbé Coquereau célèbre devant le cercueil la messe des morts. À l’élévation, les tambours battent aux champs, les soldats présentent les armes... Puis le sarcophage est descendu dans la chapelle ardente aménagée dans l’entrepont.
    Le samedi 17, la Belle-Poule, suivie de la Favorite et de l’Oreste, lève l’ancre. Au cours de la traversée – le 2 novembre — Joinville apprend que l’on craignait de voir se déclencher une guerre entre l’Angleterre et la France. Quel était le casus belli  ? La signature du traité de Londres qui réglait, sans la France, les questions égyptienne et syrienne.
    — Si on m’attaque, aurait déclaré le prince, je ne rendrai pas les cendres de l’Empereur ; je m’ensevelirai avec elles dans la mer.
    Il met sa frégate en état de défense.
    — Avec le cercueil de Napoléon à notre bord, nous pouvons mourir ; mais être pris, jamais !
    Fort heureusement, grâce à Soult et à Guizot qui avaient remplacé Thiers au ministère, les choses se sont arrangées et c’est sans encombre que le lundi 30 novembre, la Belle-Poule, battant toujours pavillon impérial et saluée par les canons des remparts, jette l’ancre dans le port de Cherbourg.
    Bien des événements se sont déroulés depuis le départ de Toulon. Le prince Louis-Napoléon a tenté avec Montholon de débarquer à Boulogne et de soulever la garnison. Ces premiers pas du Second Empire ont échoué et le futur Napoléon III se trouve enfermé « à perpétuité » au fort de Ham. Mais cette tentative, bien que lamentablement conduite, n’en a pas moins remué l’opinion prise d’une fringale de gloire. S’il avait fallu écouter certains exaltés, le corps de Napoléon devait se rendre de Cherbourg à Paris, de clocher en clocher, en véritable apothéose. Avec prudence, le gouvernement, après avoir fait célébrer une ultime cérémonie à bord de la Belle-Poule, ordonne que le cercueil de l’Empereur soit placé sur le vapeur Normandie. Celui-ci, à la tête d’une petite flottille se dirige vers le Havre. Puis il remonte la Seine. Au val de la Haye, en
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