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[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

Titel: [Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène
Autoren: Max Gallo
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s’assied.
    — Ces Polonais de Vilna et de Lituanie ne sont pas comme ceux de Varsovie, murmure-t-il d’un ton las.
    Il prise. Berthier vient d’annoncer qu’un envoyé d’Alexandre I er , le général Balachov, son ministre de la Police, demande à être reçu par l’Empereur afin de lui remettre une lettre du tsar.
    Napoléon se lève, commence à marcher.
    — Mon frère Alexandre, qui a tant fait le fier avec Narbonne, voudrait déjà s’arranger ! dit-il. Il a peur. Mes manoeuvres ont dérouté les Russes. Avant un mois, ils seront à mes genoux.
    Mais il faut les acculer à traiter. Il lira la lettre d’Alexandre, il recevra Balachov, après avoir donné ses ordres.
    Cette nouvelle de l’arrivée de l’envoyé d’Alexandre a décuplé son énergie. Il ne songe même pas à dormir. Il lance ses aides de camp sur les routes. Il faut qu’au sud Davout et Jérôme attaquent Bagration. Il faut qu’on lance à partir de Vilna des avant-gardes en direction de Glubokoïe. Les fortifications que les Russes ont élevées à Drissa, établissant un véritable camp retranché, seront ainsi tournées.
    Il interpelle les aides de camp.
    — Combien a-t-on fait de prisonniers ?
    C’est l’absence de déserteurs russes, de prisonniers qui l’inquiète. Il est tout à coup sombre. Les armées, faibles, se décomposent, les hommes se rendent. Il se souvient d’Eylau, de cet acharnement des troupes russes, et, même à Friedland, de ces unités entières qui se sacrifièrent.
    Il doit se réserver une possibilité de paix, ne pas faire renaître immédiatement une nation polonaise, laisser la porte des négociations entrouverte.
    Il pourrait aussi, dans ce pays d’esclaves, émanciper les serfs, déchaîner la révolte paysanne. Dans les livres d’histoire russe qu’il a lus ces derniers mois, il a été fasciné par la personnalité de Pougatchev, ce révolutionnaire cosaque qui, il y a à peine trente ans, à la tête de ses paysans révoltés, a menacé Moscou. Mais s’il prêche l’abolition du servage, qui pourra arrêter cet incendie ? Qui sait jamais jusqu’où peut aller une révolution ?
    Il n’est pas qu’un conquérant qui veut abattre la Russie, il est l’Empereur des Rois. Il veut la victoire et la paix, mais il veut aussi l’ordre.
    Il lit la lettre d’Alexandre.
    Quoi ? Des négociations seraient ouvertes si mes troupes repassaient le Niémen ? Voilà ce que le tsar propose ?
    — Alexandre se moque de moi, s’exclame-t-il, brandissant la lettre devant Duroc et Berthier. Croit-il que je suis venu à Vilna pour négocier des traités de commerce ? Je suis venu pour en finir une bonne fois avec le colosse des barbares du Nord. L’épée est tirée. Il faut les refouler dans leurs glaces afin que, de vingt-cinq ans, ils ne viennent pas se mêler des affaires de l’Europe civilisée.
    Il fait une grimace de mépris.
    — Aujourd’hui qu’Alexandre voit que c’est sérieux et que son armée est coupée, il a peur et voudrait s’arranger. Mais c’est à Moscou que je signerai la paix. Depuis Erfurt, Alexandre a trop fait le fier… S’il lui faut des victoires, qu’il batte les Persans mais qu’il ne se mêle pas de l’Europe.
    Puis il sort.
    Dehors, c’est la chaleur et la poussière, les étendues rousses recouvertes d’une brume presque gluante. Il a décidé de passer en revue, à une lieue et demie de Vilna, des divisions de fantassins et de dragons.
    C’est la fin de la journée, mais l’air reste brûlant. Les troupes défilent pendant plusieurs heures. Il demeure immobile dans ce nuage poisseux. Puis, au moment où la revue se termine, ce sont les trombes d’eau qui s’abattent.
    Climat barbare.
     
    Il rentre. Il va recevoir à dîner, à dix-neuf heures, ce mercredi 1 er  juillet, M. de Balachov. Le Russe est un homme vigoureux, aux yeux vifs qui ne se baissent pas.
    — Que pouvez-vous attendre de cette guerre ? lui demande Napoléon. J’ai conquis une province entière, sans combat. Ne fût-ce que par égard pour votre souverain qui, pendant deux mois, avait fait son quartier impérial à Vilna, vous auriez dû la défendre. À présent, quand toute l’Europe est à ma suite, comment pourriez-vous me résister ?
    — Nous ferons ce que nous pourrons, Sire.
    Napoléon hausse les épaules.
    — Je suis déjà à Vilna et je ne sais pas encore pourquoi nous nous battons ! L’empereur Alexandre prend sur lui la responsabilité de cette guerre
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