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[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

Titel: [Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène
Autoren: Max Gallo
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devant son peuple…
    Balachov l’irrite. Cet homme a une sorte de placide assurance qu’il faut briser.
    — Quel est le chemin de Moscou ? demande Napoléon.
    Balachov hésite, puis répond d’une voix calme :
    — Sire, cette question est faite pour m’embarrasser un peu. Les Russes disent comme les Français que tout chemin mène à Rome. On prend le chemin de Moscou à volonté. Charles XII l’avait pris par Poltava.
    Il connaît cette défaite suédoise. Croit-on l’inquiéter ? Alexandre et Balachov savent-ils qui je suis ?
    Il dicte une réponse à Alexandre.
    « Votre Majesté a constamment refusé pendant dix-huit mois de s’expliquer… La guerre est donc déclarée entre nous. Dieu même ne peut pas faire que ce qui a été n’ait pas été. Mais mon oreille sera toujours ouverte à des négociations de paix… Un jour viendra où Votre Majesté s’avouera qu’elle a manqué de persévérance, de confiance et, qu’elle me permette de le dire, de sincérité. Elle a gâté tout son règne. »
     
    Alexandre ne répond pas. Il ne pliera que s’il est battu. Jour après jour, Napoléon étudie les cartes, parcourt les environs de Vilna. Pas de prisonniers russes, pas de trophées.
    Au sud, Jérôme, mon frère Jérôme, a refusé de se plier aux ordres et aux conseils du maréchal Davout, et les Russes de Bagration ont réussi à s’enfuir. Et Jérôme, mon frère Jérôme, a quitté l’armée avec ses quarante mille soldats de Westphalie !
    Napoléon enrage. Il en veut à Jérôme, à Davout.
    La nuit, pour se calmer, il écrit à Marie-Louise.
    « Le petit roi se porte fort bien. Vilna est une fort belle ville de quarante mille âmes. Je suis logé dans une assez belle maison où était, il y a peu de jours, l’empereur Alexandre, fort éloigné de me croire si près d’entrer ici… Nous avons alternativement des orages et des chaleurs, la récolte sera excellente dans le pays. Je t’envie du bonheur que tu vas avoir d’embrasser le petit roi, embrasse-le pour moi. Il sera déjà grandi, dis-moi s’il commence à parler. Addio, mio bene . Tu sais combien je t’aime.
    « Tout à toi.
    « Nap. »
     
    Il pleut. Puis la chaleur brûle. Puis il pleut à nouveau. Napoléon est chaque jour plusieurs heures à cheval.
    Il assiste, sur la route de Kovno, au défilé de deux divisions bavaroises. Il faut que toute l’armée se regroupe, que les approvisionnements en vivres et munitions arrivent. Il faut attendre. Et voilà déjà dix-sept jours qu’il est à Vilna.
    Il devrait se jeter en avant, mais il ne veut pas commettre d’imprudence. Il sent qu’autour de lui on l’observe avec inquiétude. On attend ses ordres pour une bataille qui ne vient pas. Comment cerner cette armée russe qui se perd dans l’océan de terre qu’est son pays ?
     
    Le jeudi 16 juillet 1812, quand il rentre à Vilna de retour d’une inspection des régiments du train, Méneval lui apporte deux dépêches de Murat, qui commande l’avant-garde. Le roi de Naples signale que les troupes russes ont réussi à capturer par surprise une unité de cavaliers.
    Par surprise ! Murat est une bête !
    La deuxième dépêche annonce que les Russes ont évacué le camp retranché de Drissa auquel ils ont travaillé deux années !
    Napoléon n’hésite pas. Il faut se lancer à leur poursuite. Les agripper. Les réduire.
    Il est vingt-trois heures, ce jeudi 16 juillet. Il monte en voiture. Il va rouler toute la nuit vers Glubokoïe.
    Les feux des bivouacs scintillent ici et là. Il n’entend pas un cri, pas une chanson. Les nuits dans ce pays sont aussi tristes que les jours.

3.
    Trois heures, quatre heures de l’après-midi. Napoléon est assis dans la salle voûtée et sombre du couvent des Carmes de Glubokoïe. C’est le moment de la journée où la chaleur, dans cette deuxième quinzaine du mois de juillet 1812, est le plus intense. Même derrière ces murs de pierre, l’atmosphère est étouffante. Il dicte, écrit, et cela suffit pour être couvert de sueur. Dehors, la campagne est brûlée par la lumière aveuglante d’un soleil dont le disque semble avoir recouvert tout le ciel. Les troupes ne marchent pas dans cette fournaise. Les chevaux se serrent dans les rares zones d’ombre. Et beaucoup pourrissent, à demi dépecés par les soldats, sur le bord des chemins.
    Napoléon écrit. Il sortira dans une heure, quand le soleil commence à décliner, à abandonner une partie du ciel. Il
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