Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Mon témoignage devant le monde-Histoire d'un Etat clandestin

Mon témoignage devant le monde-Histoire d'un Etat clandestin

Titel: Mon témoignage devant le monde-Histoire d'un Etat clandestin
Autoren: Jan Karski
Vom Netzwerk:
Warszawa, à Krakow, de 1940 à 1942, le lieutenant Jan Kozielewski eut pour pseudonyme « Witold ». C’est sous ce pseudonyme que les réseaux le connaissaient, c’est à Witold que se sont adressés les deux représentants du ghetto. Jan Kozielewski était encore « Witold » Kucharski au cours de sa seconde mission, en juin 1940, lorsqu’il fut pris en Slovaquie, livré à la Gestapo, torturé. Et c’est sous cette fausse identité qu’il fut décoré in absentia en février 1941, par son commandant le général Rowecki, de la croix de Virtuti militari. Karski ne devait l’apprendre qu’à la fin des années 1990, de l’historien Andrzej Kunert, qui a découvert l’archive secrète : elle se trouve aujourd’hui dans sa ville natale, Lodz, et nous la publions ( cf . ch. Documents). En janvier 1943, à London, le général Sikorski l’ignorait également lorsqu’il décerna à nouveau à Karski la croix de Virtuti militari avec croix d’argent (cf. ch.  XXXII ).
    Lorsque le délégué du gouvernement à Warszawa, Cyryl Ratajski, décida, à l’été 1942, de confier à « Witold », sur proposition de différents leaders politiques, la mission éminemment risquée de gagner London en tant qu’« émissaire politique de la résistance civile », le gouvernement de London lui attribua le pseudonyme de Jan Karski. Il le restera (c f. ch.   XXXII , note clxv).
    — Je voudrais vous demander qu’avant votre départ pour London vous rencontriez les représentants des organisations juives. Le ferez-vous ?
    — Bien sûr, monsieur le délégué.
    — Vous emportez les instructions des partis politiques. Eux n’appartiennent pas à ces partis, mais ce sont aussi des citoyens polonais. S’ils souhaitent transmettre quelque chose, il convient que vous les entendiez.
    Ces paroles de Cyryl Ratajski ( cf. ch.  XXVIII , note cxxxvi), que l’émissaire Jan Karski a tenu à rappeler en 1987 devant son biographe, corroborent les premières lignes écrites en 1944 de l’inoubliable chapitre intitulé « Le ghetto », qui s’ouvre sur sa rencontre avec le « bundiste » Léon Feiner et son compagnon sioniste. C’est la partie officielle de sa « mission juive » : demandes à l’adresse du gouvernement, consignes à transmettre aux deux représentants de la minorité juive siégeant au Conseil national à London, l’avocat sioniste Ignacy Schwarzbart et l’ouvrier bundiste Szmuel Zygielbojm. Et Jan Karski savait déjà que la section juive du bureau d’Information de l’AK avait microfilmé tous les rapports réunis sur la « grande action » qui se poursuivait contre le ghetto de Warszawa, et l’extermination qui avait pour nom Treblinka, Belzec, Sobibor. À Warszawa, on savait qu’à London et New York, tout paraissait encore « exagéré ». Aussi, à cette dimension officielle de sa mission, Jan Karski accepta d’ajouter celle bénévole, extraordinaire, du « témoin oculaire », au péril de sa vie. Il s’agissait de convaincre que l’horreur décrite est vraie et de mobiliser une aide…
    Les précieux microfilms que Jan Karski a transportés jusqu’à Paris, dissimulés dans une clé, sont parvenus à London entre les mains de son gouvernement dès le 17 novembre. Et lorsque enfin, le 28 novembre 1942, les autorités polonaises récupèrent leur émissaire auprès des services britanniques, on le rassura : dès le 25 novembre, un premier rapport de synthèse de deux pages sur l’extermination désormais certaine des Juifs en Pologne a été diffusé auprès des gouvernements alliés et des personnalités et organisations juives de London. D’éminents spécialistes, tel Richard Breitman, ont démontré que ce premier « rapport Karski » a été déterminant pour accréditer les informations transmises en août 1942 par Gerhart Riegner, le représentant en Suisse du Congrès juif mondial, et que l’on continuait à mettre en doute aux États-Unis.
    Dès le 2 décembre 1942, Karski transmit les demandes orales, les appels de détresse du ghetto aux deux représentants des Juifs polonais au Conseil national. Il fut entendu par le Conseil des ministres polonais et, surtout, reçu longuement à dîner par le ministre des Affaires étrangères Edward Raczynski, chargé d’organiser une large diffusion des informations apportées par Karski auprès du gouvernement britannique et du public. Raczynski lui-même parla le 17 décembre au soir à la BBC en se
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher