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Mon témoignage devant le monde-Histoire d'un Etat clandestin

Mon témoignage devant le monde-Histoire d'un Etat clandestin

Titel: Mon témoignage devant le monde-Histoire d'un Etat clandestin
Autoren: Jan Karski
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volonté de démocratie, de liberté, de progrès. »
    Ce rapport de Karski exposait ensuite la place importante qu’il tenait à donner dans la construction générale du livre – ce qui ne s’apprécie pas nécessairement en nombre de pages – à « l’horrible tragédie du peuple juif, à la demande d’aide des Juifs au monde, et au fait que cette aide ne leur a pas été accordée », c’est-à-dire à cette mission extraordinaire, endossée par l’« émissaire Witold » à la demande de deux représentants du ghetto de Warszawa, fin août 1942. Il commenta cette « dimension juive » de son récit par ce constat personnel : « Plus longtemps je me trouve hors des horreurs du pays et plus je suis éloigné du front, plus je ressens l’horreur de la tragédie des Juifs polonais. »
    C’est la raison pour laquelle il a en partie accédé à la demande insistante de ses éditeurs « pour que soit tout particulièrement développée la partie juive » de son livre et qu’il écrive « sur la lutte dans le ghetto de Warszawa, bien que ces faits n’aient pas de lien avec la construction de l’ensemble ». Le lecteur trouvera ainsi une allusion aux préparatifs de l’insurrection au chapitre  XXIX sur le ghetto, ce qui constitue, historiquement, un anachronisme. Autres thèmes qu’il souligna expressément : « la réaction des hommes d’État anglais et américains à (ses) rapports sur (son) pays » et, pour terminer, lui tenant à cœur, « la bestialité allemande ».
    À ceux qui, en 1999 en Pologne, relèveront que son livre peut paraître aujourd’hui très anti-allemand, il rappela qu’il a été écrit en 1944, et qu’alors il était animé uniquement par la haine de l’ennemi. « Je n’étais que haine des Allemands, haine des bolcheviques », ajoutant : « J’étais alors une conscience malade. »
    Enfin, Karski tenait tout particulièrement à s’assurer l’acceptation explicite par son gouvernement de la solution d’un « post-scriptum » remplaçant le chapitre rejeté sur le « voisin oriental » et « l’activité des partisans et du Parti ouvrier polonais ». Rappelons ici ce qui se passait alors en Pologne, que Karski et l’ambassadeur savaient… et voyaient commenter avec optimisme par la presse américaine. Les 22-25 juillet 1944, l’Armée de l’intérieur ( AK ) libérait Lublin au côté de l’Armée rouge et l’administration civile de la Delegatura sortait de la clandestinité. Le 27 juillet, tous étaient arrêtés par le NKVD . Le PKWN ou Comité polonais de libération nationale, amené de Moskva, s’installait à Lublin pour s’ériger en « gouvernement légal » et déléguait à l’Armée rouge (c’est-à-dire au NKVD ) la juridiction sur le territoire polonais libéré, devenu « arrière du front ». Le camp de Majdanek s’ouvrait à de nouveaux prisonniers : les soldats de l’ AK , piégés, désarmés, et les cadres civils de l’État clandestin, traqués. Le 1 er août, Warszawa s’insurgeait pour ne déposer les armes que le 2 octobre 1944.
    Mais Reeves et l’éditeur Houghton arguaient que Mikolajczyk négociait alors à Moskva un compromis avec Staline et ses protégés de Lublin. « On m’a proposé la solution suivante, précisa Karski : je vais écrire un post-scriptum dans lequel, sans entrer dans aucune appréciation des activités des communistes en Pologne, je déclarerai qu’eux aussi ont agi, mais je ne peux rien écrire à ce sujet, n’étant pas de leurs membres et n’ayant aucun contact avec eux. Un projet me fut remis. J’ai déclaré catégoriquement que, puisque c’est une question politique, je dois soumettre ce projet à l’approbation de l’ambassadeur de la République. Monsieur l’ambassadeur a procédé à des modifications stylistiques et politiques et me l’a rendu complété. Il a été en totalité approuvé par mes éditeurs et se trouve en dernière page de mon livre sous le titre “post-scriptum” » (Rapport sur le livre, op. cit.). Et il ajouta pour le justifier : « La rédaction en est si adroitement tournée qu’elle ne gêne en rien notre doctrine officielle du mouvement de résistance, et je pourrai l’interpréter dans ce sens même si je dois écrire un autre livre pour éclairer cette question à partir des matériaux que j’ai pu apporter de Pologne. »
    Évoquant dans le livre son infiltration dans le camp d’Izbica Lubelska (qu’il avait
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