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Mon témoignage devant le monde-Histoire d'un Etat clandestin

Mon témoignage devant le monde-Histoire d'un Etat clandestin

Titel: Mon témoignage devant le monde-Histoire d'un Etat clandestin
Autoren: Jan Karski
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référant expressément à Karski (cf. ch. Documents).
    Karski vit Anthony Eden, ministre des Affaires étrangères britannique, à deux reprises, début février 1943. Les Polonais furent déçus du barrage fait par Eden à tout accès direct à Churchill. La décision d’envoyer l’émissaire Karski aux États-Unis fin mai 1943 est liée à la dégradation des relations polono-soviétiques (découverte du charnier de Katyn).
    Une tout autre stratégie fut employée aux États-Unis pour parvenir jusqu’à Roosevelt. L’ambassadeur Ciechanowski procéda par une série d’invitations, début juillet, de différentes personnalités de l’administration américaine – et parmi elles, le juge à la Cour suprême, Felix Frankfurter. Il s’agissait de leur faire découvrir l’intérêt des informations apportées par cet émissaire de la résistance polonaise, qui était en outre un témoin oculaire de la tragédie juive. C’est ainsi que, le 28 juillet au matin, l’ambassadeur fut invité à venir avec son jeune émissaire à onze heures pour le présenter au président Roosevelt. Les différents rapports que Karski a laissés sur cette entrevue insistent sur la priorité donnée par Roosevelt à la situation intérieure de la Pologne et à ses frontières («  No more Polish corridor  ») et sur la nécessité d’un compromis avec les Soviétiques. Lorsque Karski lui demanda quel message il devait transmettre à son peuple de la part du président des États-Unis, Roosevelt lui répondit : « Dites-leur : nous allons gagner cette guerre. » Et il ajouta : « Dites-leur qu’ils ont à la Maison Blanche un ami. » Karski évoqua par ailleurs la « main impériale » qu’il lui tendit par-dessus son bureau.
    Jan Karski a toujours souligné combien il avait été impressionné par la puissance qu’incarnait Roosevelt. Mais très vite, il avait été amené à réfléchir, cette remarque de Ciechanowski proférée dans la voiture qui les ramenait à l’ambassade : « Eh bien, le président n’a pas dit grand chose. »
    En quittant les États-Unis pour London, où il arriva le 19 septembre 1943, Jan Karski avait le ferme espoir d’être aussitôt renvoyé en Pologne. Mais le Premier ministre Stanislaw Mikolajczyk lui répliqua qu’il ne saurait en être question et pour longtemps : il était apparemment « brûlé », malgré les précautions prises, car les radios nazies dénonçaient « un certain Jan Karski (qui) s’agitait aux États-Unis […] un agent bolchevique, stipendié par la juiverie américaine ». Il demanda alors à rejoindre l’armée, ce qui lui fut également interdit. Il devait rester à London, à la disposition du Premier ministre, et s’employer à contrer de toute sa popularité intacte une presse philosoviétique acharnée désormais à contester la représentativité de ce « gouvernement de réactionnaires », et même la loyauté de son Armée de l’intérieur – l’ AK . De plus, Anthony Eden sommait Mikolajczyk, le 5 octobre 1943, de céder aux exigences territoriales de Staline sans délai, dès lors que des compensations seraient assurées à la Pologne en Prusse-Orientale et en Sibérie. Jan Karski entama ainsi une nouvelle série de conférences sur la Pologne combattante, qu’il put nourrir d’informations sans cesse actualisées par la radio secrète Swit, installée à Bletchley, aux émissions de laquelle il fut à nouveau associé. C’est à l’automne 1943 qu’il commença à utiliser systématiquement la notion d’État clandestin : « The Polish Underground State », et son premier article sous ce titre fut publié le 15 décembre 1943, dans la Polish Fortnightly Review, organe du ministère polonais d’Information et de Propagande.
    Entre-temps, à la conférence de Téhéran (28 novembre-2 décembre 1943), Churchill et Roosevelt accordaient à Staline toutes ses demandes sur le dossier polonais, comme sur le reste de l’Europe centrale et orientale. Les fuites sur ces décisions furent démenties par Anthony Eden devant les Communes le 15 décembre 1943 et par Franklin D. Roosevelt devant le Congrès américain le 11 janvier 1944, tandis que Mikolajczyk demeurait dans l’attente d’une date d’audience sollicitée de Washington. Il avait décidé d’emmener Karski avec lui et, dans cette perspective, ce dernier préparait sous l’autorité du ministre de l’Information, le professeur Stanislaw Kot, un programme de
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