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Mon témoignage devant le monde-Histoire d'un Etat clandestin

Mon témoignage devant le monde-Histoire d'un Etat clandestin

Titel: Mon témoignage devant le monde-Histoire d'un Etat clandestin
Autoren: Jan Karski
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présente réédition de son beau livre quelques précisions sur sa biographie.
    Qui était donc Jan Karski lorsqu’il portait encore, jusqu’en 1942, son véritable patronyme de Jan Kozielewski ? Il était né le 24 juin 1914, à Lodz, huitième et dernier enfant d’un maître bourrelier polonais de la ville, propriétaire de son atelier de sellerie. Aucun blason ni manoir familial, comme il le soulignait à tous ceux qui relevaient son air « aristocratique ». Une solide famille de la classe moyenne polonaise, au catholicisme ardent mais ouvert et tolérant et au patriotisme placé ostensiblement sous le signe de Jozef Pilsudski, c’est-à-dire hostile à tout nationalisme exclusif ( c f . ch.  XXIII , note cxix), dans la spécificité pluriculturelle de Lodz, « la ville de ma jeunesse fière et heureuse », disait Karski. Jusqu’en 1934, Walentyna Kozielewska, veuve depuis 1920, vécut avec son jeune fils au 71, rue Kilinski, dont la majorité des locataires était composée de familles juives. Jan eut donc, de la cour de l’immeuble jusqu’aux bancs du lycée Pilsudski dont il fut un excellent élève, des copains et des amis réels parmi ses concitoyens juifs. Revenu à Lodz en mai 2000 (moins de deux mois avant sa mort) en tant que citoyen d’honneur de la ville, il devait déclarer : « Mentalement, je ne suis jamais parti. Sans le Lodz d’alors, il n’y aurait sans doute pas eu le Karski d’aujourd’hui. » (Gazeta wyborcza, 16 mai 2000).
    En 1931, il emporta de Lodz ces souvenirs chaleureux, mais aussi les idéaux d’un activiste catholique des Légionnaires de Marie (Sodalicje Marianskie), et un rêve de gamin transformé en plan de carrière : devenir diplomate. Son frère et tuteur le prit au mot, exigeant travail et excellence dans ses études à l’université Jean-Casimir de Lviv (1931-1935) pour bénéficier des facilités de stages à l’étranger et bourses de perfectionnement qu’il pouvait lui procurer ( c f . ch.  I , notes i et vi). Les pilsudskistes de première date demeuraient très attachés à la méritocratie comme au sens du service de l’État et de sa fragile indépendance et souveraineté. À Lviv, Jan fit donc partie de la Légion des jeunes étudiants pilsudskistes. En 1999, à un journaliste l’interrogeant sur ces années-là, il précisait : « Oui, j’ai passé ma jeunesse à crier : “Vive Pilsudski !” Mais j’ai surtout beaucoup, beaucoup travaillé. » (« Krzystof Maslon interroge Jan Karski », Kurier czytelniczy, n o  60, décembre 1999.)
    Rêvant d’une carrière de diplomate, par définition civile, il manifesta la même volonté d’excellence à l’école d’aspirants de réserve de l’artillerie montée : sortir major de la promotion 1936 et décrocher la très convoitée « épée d’honneur » remise par le président de la République. Stanislaw M. Jankowski a publié dans son dernier Karski. Raporty tajnego emisariusza (« Karski. Les rapports d’un émissaire secret », Poznan, Rebis, 2009) le « serment » de patriotisme, rédigé au nom de cette promotion 1936, par l’aspirant rédacteur en chef Jan Kozielewski et son adjoint et ami, l’aspirant Jerzy Lerski (évoqué avec chaleur au chapitre « Lviv »). De même lui fallut-il terminer premier de la formation élitiste de recrutement du ministère des Affaires étrangères, qui ouvrait la « carrière » ( c f . ch.  I note i).
    Dans une note établie de sa main en février 1940 à Angers, lors de sa première mission Warszawa-Paris via Budapest, le sous-lieutenant Jan Kozielewski (signant alors du nom d’emprunt Jan Kanicki) précisait à l’intention du général Sikorski son itinéraire depuis la défaite de septembre 1939 : « détention par les bolcheviques, environ six semaines, près de Poltava », « échange » comme simple soldat remis aux Allemands parce que natif de « Litz-mannstadt (Lodz) », « prisonnier des Allemands, dix jours, près de Radom », évasion, clandestinité. « Au pays, j’ai travaillé politiquement. J’ai été illégalement à Lviv, Lodz, Wilno, Poznan, Lublin, etc. Je suis le frère de M. Konrad (c’est-à-dire du colonel Kozielewski, cf. ch.  I , note vi). » Il travaillait avec « M. Konrad » et ils rédigèrent ensemble un premier rapport pour le gouvernement dès décembre 1939 (transmis par un diplomate d’un « pays voisin ») sur la situation générale des populations et sur
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