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Mon frère le vent

Mon frère le vent

Titel: Mon frère le vent
Autoren: Sue Harrison
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hommes rassemblés autour de lui.
    Quelqu'un lui tendit un couteau, de piètre facture, au tranchant émoussé. Samig s'en saisit quand même.
    Le Corbeau serra les dents et lui hurla quelque chose en langue Morse.
    — Tu voudrais te battre avec moi ? Toi, un gamin ? Tu n'as donc rien appris de ce gosse, là, mort sur le sable ?
    — Le Corbeau ne veut pas se battre avec toi, s'écria Kiin entre deux sanglots. Samig, je t'en prie ! Tu n'es pas de taille. Il te tuera.
    Mais Samig repoussa Kiin et plongea en avant, le poignet tordu pour diriger vers le Corbeau le tranchant le plus long de la lame. Le Corbeau s'accroupit et Kiin l'entendit marmonner des mots de chaman, des chants et des malédictions, des prières aux sculptures qu'elle avait faites. Elle courut jusqu'aux figurines, s'agenouilla au milieu et les enfouit dans le sable.
    Elle leva les yeux, vit Samig menacer le Corbeau de son couteau. La lame toucha le revers de la main du Corbeau, et le sang jaillit. Mais le Corbeau ne bougea pas.
    — Kiin, appela le Corbeau, cet homme, c'est ton « Cheveux Jaunes », n'est-ce pas ?
    Se souvenant de l'amour du Corbeau pour Cheveux Jaunes, son épouse morte, elle déclare :
    — Ne le tue pas. Je serai ta femme, mais je t'en supplie, ne le tue pas.
    Le Corbeau se déplaça, tel un oiseau de proie. La longue lame de son couteau mordit dans la chair de Samig, à l'endroit où le poignet rejoint la main. Kiin courut sur le sable, foulant le sang du premier combat, pour se placer entre Samig et le Corbeau. Petit Couteau, le fils adoptif de Samig, était là aussi, l'agrippant par les bras.
    — Tu ne peux pas gagner, dit-il. Regarde ta main.
    Les yeux baissés, Samig protesta :
    — Je dois combattre. Je ne peux pas le laisser prendre Kiin.
    — Ne te bats pas, répéta Kiin. Tu as Petit Couteau.
    C'est ton fils, maintenant. Tu as Trois Poissons. C'est une bonne épouse. Un jour, tu auras le pouvoir de l'emporter sur le Corbeau. Jusqu'à ce jour, je resterai avec lui. Je ne suis pas assez forte pour lui tenir tête, mais je le suis assez pour t'attendre. J'ai passé toute l'année dans le village Morse. C'est un peuple bon. Viens me chercher lorsque tu seras prêt.
    Alors, Chasseur de Glace, un homme du village Morse, s'approcha de Kiin, prit le bras de Samig et mit une lanière de cuir de phoque autour de son poignet ensanglanté afin de comprimer la blessure.
    — Tu n'as aucune raison de te battre, dit Chasseur de Glace. Le premier combat fut juste. Les esprits ont décidé.
    Kiin regarda Samig dans les yeux et y lut le vide de sa défaite. Elle ôta le collier en perles de coquillage qu'il lui avait donné la nuit de la cérémonie de son attribution de nom. Elle le passa lentement au-dessus de la tête de Samig.
    — Un jour, tu le combattras, dit-elle, et ce jour-là tu me rendras le collier.
    Elle se tourna vers le Corbeau.
    — Si je dois partir avec toi, que ce soit maintenant.
    Elle s'était exprimée d'abord dans la langue des Premiers Hommes puis elle répéta ses paroles dans la langue des Hommes Morses.
    — Où sont tes fils ? demanda le Corbeau.
    — Shuku est ici, répondit Kiin en relevant son suk afin qu'il voie l'enfant. Mais j'ai donné Takha aux esprits du vent, ainsi que Grand-mère et Tante l'ont prescrit.
    Kiin libéra Shuku de sa bandoulière.
    — Voici ton fils, dit-elle au Corbeau, mais ce n'est plus Shuku. C'est Amgigh.
    Kiin vit la colère du Corbeau obscurcir ses yeux. Pourtant elle ne cilla pas, ne frémit pas, même lorsqu'il leva la main sur elle.
    — Frappe donc, dit Kiin au Corbeau. Montre à ce peuple qu'un chaman ne possède que le pouvoir de la colère contre sa femme, le pouvoir de ses mains, le pouvoir de son couteau.
    Puis elle ajouta, dans un quasi-murmure :
    — Un homme n'a pas besoin d'un esprit puissant quand il a la plus belle arme, un couteau volé.
    Le Corbeau jeta à terre le couteau d'obsidienne. Kiin le ramassa, retourna vers Samig et plaça l'arme dans sa main gauche. Ses yeux se plantèrent dans ceux de Samig.
    — Toujours, dit-elle, toujours je serai ta femme.
    Le Corbeau adressa un signe à Chasseur de Glace et aux autres Hommes Morses qui l'accompagnaient. L'un rassembla les sculptures de Kiin, un autre mit Pik du Corbeau à l'eau.
    — Nous ne reviendrons pas sur cette plage, annonça le Corbeau.
    Mais Kiin se pencha et ramassa une poignée de petits galets.
    Une fois encore, elle regarda Samig et tenta de graver son image dans son esprit. Puis
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