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Mon Enfant De Berlin

Mon Enfant De Berlin

Titel: Mon Enfant De Berlin
Autoren: Anne Wiazemsky
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c’était le côté désagréable de l’histoire parce que si nous avions été prises cela aurait compromis la C.R.F. qui est une chose formidable et épatante. Nous étions les seules voitures qu’ils n’arrêtaient presque jamais. On jouait là-dessus et on gagnait à tous les coups. Les rares fois où ils arrêtaient l’ambulance, ils trouvaient un maquisard qui faisait le malade, alors ils refermaient vite la porte sans demander de papier et nous disaient : “Beaucoup travail, c’est bien !”
    J’ignore si vous avez reçu la lettre dans laquelle j’essayais de vous faire comprendre que j’étais allée dans un maquis. Un matin, je suis partie avec deux médecins de la section et le chef F.T.P. jusqu’à leur maquis en pleine montagne.
    Pendant quarante-huit heures j’ai fait la tournée des maquis aidant à distribuer des médicaments, soignant et amenant les blessés et les malades. À la fin de la première journée, je venais de faire le plein d’essence avec un maquisard, lorsque nous dépassâmes un gros camion de ravitaillement. Il me fit rouler au même niveau que lui et tout en braquant sa mitraillette sur le chauffeur, il lui ordonna de nous suivre. Ce soir-là, on fit bombance au maquis ! Je ne vous parle pas du dîner, de cette soirée passée autour d’un feu de camp, des chants. Ni du retour en pleine nuit avec des phares qui n’éclairaient pas et votre petite Claire qui s’est arrêtée pile devant un précipice, ni de la nuit dans l’ambulance, sur les brancards pleins de sang, dans de sales couvertures qui couvrirent je ne sais combien de morts et de malades, ni du sommeil qui malgré tout s’est emparé de moi. Le lendemain, nous roulions de nouveau à 7 heures.
    Je pense brusquement aux débarquements et je dois vous dire que nous connaissions tous les messages. Ainsi vous imaginez notre excitation lorsque les premiers passèrent. Ce que nous ne pensions pas, c’est que certains messages comme : “À mon commandement, garde-à-vous !” ou : “Il en rougit le traître” étaient pour toute la France ! Ainsi, la veille du premier débarquement, en les entendant, nous crûmes que c’était pour nous ! Quelle nuit ! Ils étaient tous là. L’un d’entre eux qui est maintenant capitaine préparait tous les explosifs dans le salon, et une heure après il mettait à exécution LE PLAN VERT en faisant tout sauter. Nous les filles, nous écoutions et à chaque nouvelle explosion nous nous disions : il n’est pas encore pris. Quelle déception de ne rien entendre de plus et d’apprendre le lendemain qu’ils avaient débarqué à Caen. »
     
Bravant le froid,
Bravant la faim,
Bravant les chiens,
Sans jamais perdre courage,
Ce sont ceux du maquis,
Ceux de la Résistance,
Ce sont ceux du maquis,
Jeunesse du pays...
     
    Claire chantonne ce qu’elle a entendu dans le maquis lors de ce merveilleux dîner improvisé autour d’un feu de camp. Elle n’est pas sûre des paroles, ni de la musique mais ce chant la fait frissonner d’émotion et de fierté. Il faut qu’elle trouve quelqu’un capable de lui dire le texte exact pour qu’elle puisse le recopier dans son journal. Elle se relit une dernière fois.
     
    « Samedi 2 septembre 1944
    Bonjour mes petits parents chéris. Il me tarde horriblement d’avoir de vos nouvelles. Je ne serai contente que lorsque j’aurai une lettre me disant que vous allez tous bien. Moi, je vais très bien. Je travaille beaucoup mais je trouve ces missions d’un fade à pleurer.
    Ici, rien de nouveau. Il pleut. Heureusement car depuis une semaine il faisait une chaleur accablante.
    Hier, je dormais profondément quand je dus aller chercher deux hommes blessés par balle de revolver. Imaginez un jeune homme, F.F.I. naturellement, qui montre son revolver à un agent en lui disant : “Tu n’en as sûrement pas un aussi joli que moi”. L’agent lui dit : “Doucement, tourne ton arme de l’autre côté — Il n’y a pas de danger”, dit l’autre qui retire le chargeur, met le canon sur son ventre et tire.
    Il y avait une balle dans le canon qui l’a transpercé de part en part et qui est venue se loger dans le foie d’un homme qui se trouvait derrière lui. Je ne sais pas si c’est le fait de m’être levée brusquement ou de voir tout ce sang, ces vomissements, ces pauvres figures, mais j’ai été prise de mal au cœur et j’ai dû quitter la salle d’opération.
    J’apprends juste à l’instant qu’ils
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