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Meurtres dans le sanctuaire

Meurtres dans le sanctuaire

Titel: Meurtres dans le sanctuaire
Autoren: C.L. Grace
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poche, vous êtes un bourgeois, magistrat de surcroît, et vous jouissez d’une certaine aisance. Vous disposiez de deux autres avantages : votre gendre est médecin, et il a deux jeunes enfants à qui vous rendiez visite très régulièrement. Il vous était donc facile de vous procurer de temps en temps la clé de l’herboristerie pour aller subtiliser les poisons dont vous aviez besoin. Qui s’en serait aperçu ? Et pour que personne ne remarque que quelque chose manquait, de la belladone par exemple, ou de la digitale, eh bien, il vous suffisait de mélanger un peu de farine dans les pots pour que l’on ne voie pas que le niveau de leur contenu avait baissé. Ces plantes médicinales, quand elles sont pilées, deviennent des poudres blanches. La farine ne risquait pas de modifier leurs propriétés, et personne ne pouvait se douter que l’on avait touché aux pots.
    Kathryn ébaucha un sourire contraint.
    — J’avoue que ces traces de farine que Straunge a relevées sur le sol m’ont donné à réfléchir.
    Newington hochait la tête, regardant Kathryn comme pour l’encourager à continuer.
    — Très bien, murmura-t-il, parfait, même. Mais comme le dit l’homme de loi de Chaucer, « Vos amis vous font défaut quand vous en avez besoin ».
    — Et puis, poursuivit Kathryn, il y avait le problème des déguisements. Vous êtes membre de la guilde de la Messe de Jésus.
    Tous les ans, elle organise la représentation d’un mystère à l’église de la Sainte-Croix. Il vous était donc très facile de prendre une blouse et des chausses, et de les cacher sous votre manteau de magistrat. Vous pouviez aussi maquiller un peu votre visage : qui l’aurait remarqué ? Les gens voient toujours ce qui leur paraît évident. Ils n’imagineraient pas que le serviteur sale et taché de graisse qui leur apporte à boire à la taverne est en réalité un magistrat bien connu de la ville. En outre, et pour plus de sécurité, vous évoluiez toujours au milieu de pèlerins étrangers, qui ne risquaient pas de vous reconnaître. L’état de choc où se trouve la cité après la récente guerre civile servait aussi vos desseins. Tout est en ébullition et vos amis et collègues du Conseil de la cité sont trop occupés par leurs propres affaires. Des conditions idéales pour cacher votre jeu meurtrier. C’était si facile ! Kathryn conclut :
    — Il vous suffisait de vous rendre dans une auberge et de vous glisser dans une compagnie de pèlerins. Vous commettiez votre forfait, puis vous disparaissiez dans une venelle.
    — Assez ! tonna soudain Newington. Kathryn s’approcha encore.
    — Allons Maïtre magistrat, qu’attendez-vous pour me demander pourquoi et comment vous tuiez ? Savez-vous que vous êtes fou ? Fou à lier ?
    Un sourire hideux défigura Newington en même temps qu’il grondait :
    — Vous allez mourir, chienne ! Il brandit son arbalète.
    — Mais pas par une flèche, je vous réserve un sort plus subtil, mieux adapté à votre pratique.
    Kathryn passa la langue sur ses lèvres et prit une profonde inspiration. Ses jambes flageolaient, et elle se faisait violence pour ne pas pleurer ou demander merci. Elle reprit doucement :
    — Vous êtes très intelligent, John Newington, magistrat élu de Cantorbéry. Cependant, vous êtes un enfant illégitime, fils de Christina Oldstrom, une couturière issue de bonne famille qui vivait dans le quartier de Westgate. Elle vous a élevé, et dès que vous avez été en âge, elle vous envoya à Londres comme apprenti. Je me doute que si nous consultions les registres des églises de Cantorbéry, nous n’y trouverions pas mention de la naissance d’un John Newington.
    Kathryn sourit au magistrat.
    — Le nom de votre mère commençait par «  old  », en changeant le vôtre, vous l’avez fait commencer par «  new  » : c’est charmant. C’était un signe des temps : vous traciez ainsi une ligne de démarcation nette entre ce que vous êtes aujourd’hui et ce que vous étiez à la naissance. Combien d’années avez-vous passées à Londres ? Dix ? Vingt ? Assez en tout cas pour jeter le voile sur votre passé. Cependant, la culpabilité ne vous a jamais lâché. Vous êtes revenu à Westgate, et vous avez vu la pauvreté où vivait votre mère. Je soupçonne que, pour calmer vos remords de conscience, c’est vous qui avez fait une donation à l’église Saint-Pierre afin que l’on paie les médecins qui viendraient
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