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Marseille, 1198

Marseille, 1198

Titel: Marseille, 1198
Autoren: Jean (d) Aillon
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ici…
    — Roncelin est le vicomte de Marseille. S’il
est mort, je perdrai ma charge et la ville sa liberté.
    Ils quittèrent la maison du viguier immédiatement
après le récit de l’intendant. L’écuyer de Fer demanda à trois gardes de les
accompagner et fit préparer des chevaux, ainsi qu’une mule pour Ibn Rushd.
    Ils suivaient maintenant un chemin qui montait sur
une butte couverte de vignes.
    — Pour aller jusqu’à la tour de Roncelin,
nous traverserons la ville haute qui est le fief de l’évêque, expliqua Fer.
    Les hommes d’armes en broigne maclée, porteurs de
haches et de masses, les précédaient. L’écuyer à cheval et l’intendant sur sa
mule fermaient la marche. Le viguier avait exigé le silence total sur les
crimes et la disparition du vicomte Roncelin.
    Hugues avait revêtu son haubert et s’était coiffé
de son bassinet. Sa lourde épée était attachée à sa selle ainsi qu’une hache
d’arme et une rondache. Ignorant si ceux qui avaient massacré les gens de
Roncelin étaient partis, il s’était préparé à un rude affrontement.
    — Qui sont ces écorcheurs que tu sembles
craindre ? demanda Ibn Rushd comme ils passaient sous un porche fortifié.
    — Des miséreux chassés de la ville. Jusqu’à
présent, ils survivaient en vendant aux corroyeurs des peaux de loups, de
sangliers ou d’autres bêtes sauvages qu’ils tuaient et écorchaient, bien que ce
soit interdit.
    — Pourquoi ?
    — Les tanneurs ne peuvent acheter leurs peaux
qu’aux bouchers de la ville. J’ai longtemps été tolérant envers les écorcheurs,
car ils nous débarrassaient des loups, mais les bouchers se sont plaints. J’ai
donc dû mettre à l’amende les tanneurs qui commerçaient avec eux et le trafic a
cessé. Mais, sans ressources, les écorcheurs sont devenus des voleurs et
s’attaquent aux voyageurs. Pourtant, jusqu’ici, ils n’avaient jamais tué
personne.
    — En quoi consiste exactement la charge de
viguier ? demanda encore Ibn Rushd qui était d’un naturel curieux.
Est-elle différente de celle de cadi ?
    — Je ne sais pas, répondit Fer en se forçant
à sourire. Il faudrait que tu me dises en quoi consiste la charge de
cadi ! En ce qui me concerne, j’exerce la justice seigneuriale, mais
surtout je collecte les droits domaniaux de la vicomté, c’est-à-dire les leides
et les trézains [12] .
    — Ce sont de grosses sommes ?
    — Oui-da ! Les leides sont les droits
sur tout ce qui peut être pesé, comme les tissus, les aromates, les herbes, les
cuirs ou les fers. En résumé tout ce qui se vend sur un marché. Les trézains
sont des cens versés lors des ventes de maisons ou de terres. Bien sûr, ces
droits ne concernent pas seulement la ville basse, mais toute la vicomté qui
s’étend de Fos à Fréjus. Seule la ville haute que nous traversons y échappe.
    D’un geste, Hugues de Fer désigna les vignes qui
les entouraient et les moulins dressés sur les rochers. Tout était calme. On
n’entendait que le pépiement des oiseaux, les crissements lancinants des meules
et les claquements des ailes qui tournaient. Plus loin, dans un potager, des
moines et des journaliers bêchaient, taillaient ou ramassaient des pois. Quel
contraste avec la tumultueuse activité du port ! songea Ibn Rushd.
    — La ville est partagée entre le vicomte et
l’évêque ? demanda-t-il.
    — Pendant longtemps la famille des vicomtes a
possédé la ville, l’aîné étant vicomte et le cadet évêque. Mais, il y a trente
ans, Rome a rejeté cet arrangement ; aussi le dernier évêque a partagé la
ville avec son frère. Le port et la ville basse sont restés aux vicomtes,
tandis que l’évêque recevait cette partie plus pauvre que nous traversons. À
part l’évêché et la cathédrale qui bordent la mer, il n’y a ici que des
cultures, des moulins et quelques maisons de pêcheurs ainsi que le vieux port
gaulois, Portus Gallicus [13] , où nous nous rendons. Comme
viguier, je n’ai aucun droit ici, sauf celui de veiller au bon état des
fortifications.
    — L’évêché a aussi un viguier pour faire
respecter l’ordre ?
    — Non, le chapitre de la cathédrale a un
prévôt et l’évêché un juge épiscopal. C’est ce juge qui administre la justice
de la ville haute et qui encaisse les amendes.
    — Tu as seul l’administration de la ville
basse ?
    — Je la partage avec les consuls. Les
marchands, qui payent les droits seigneuriaux, exigent en
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