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Marie

Marie

Titel: Marie
Autoren: Halter,Marek
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vous êtes stupides. Vous allez nous faire tous tuer, déclara
Miryem en mettant ce qu’elle pouvait de reproche dans sa voix.
    Barabbas
ricana.
    — Je
sais. Ils sont nombreux à le croire. Ils grognent et se lamentent comme si nous
étions la cause de leurs malheurs. Ils ont la trouille, c’est tout. Ils
préfèrent attendre le cul sur leur tabouret. Attendre quoi ? Ça, on ne
sait pas. Le Messie ?
    Barabbas
balaya le mot d’un geste de la main, comme pour en disperser les syllabes dans
la nuit.
    — Le
royaume est rempli de messies qui sont autant de fous et d’impuissants. Il
n’est pas besoin d’avoir étudié avec les rabbis pour comprendre qu’on ne peut
rien espérer de bon d’Hérode et des Romains. Ton père se trompe. Hérode ne nous
a pas attendus pour massacrer et violer et voler. Lui et ses fils ne vivent que
de ça. Ils ne sont riches et puissants que grâce à notre pauvreté ! Moi,
je ne suis pas de ceux qui attendent. On ne viendra pas me chercher dans mon
trou.
    Il se tut,
le souffle court, la colère dans la gorge. Comme Miryem ne pipait mot, il
ajouta d’une voix plus dure :
    — Si
on ne se révolte pas, qui le fera ? Ton père et tous les vieux comme lui
ont tort. Ils mourront, quoi qu’il en soit. Et ils mourront en esclaves. Moi,
je mourrai en Juif du grand peuple d’Israël. Ma mort sera meilleure que la
leur.
    — Mon
père n’est ni un esclave ni un lâche. Il a autant de courage que toi…
    — À
quoi lui sert-il, son courage ? À supplier comme un miséreux quand les
mercenaires trouvent sa fille cachée sur la terrasse ?
    — J’y
étais parce qu’il fallait te sauver ! Ils ont tout cassé dans notre maison
et dans celles de nos voisins, les pièces de bois que mon père a fabriquées et
nos meubles. Tout ça pour que tu fasses le malin !
    — Ah !
tais-toi ! Tu parles comme une gamine, je te l’ai déjà dit. Ces choses-là,
ce n’est pas pour les gosses !
    Ils
avaient tenté de discuter en sourdine, mais la dispute les avait emportés.
Miryem se soucia peu de l’insulte. Elle se tourna vers l’escalier, l’oreille
aux aguets, afin de s’assurer qu’aucun bruit ne filtrait depuis l’intérieur.
Quand son père se levait du lit, sa couche émettait un couinement qu’elle
reconnaissait entre mille.
    Rassurée,
elle fit à nouveau face à Barabbas. Il avait quitté les rondins. Incliné sur la
murette, il cherchait une voie pour descendre de la terrasse.
    — Qu’est-ce
que tu fais ? demanda-t-elle.
    — Je
m’en vais. Je suppose que tu ne souhaites pas que je traverse la précieuse
maison de ton père. Je vais plutôt repartir comme je suis venu.
    — Barabbas,
attends !
    Ils
avaient tous les deux tort et tous les deux raison, Miryem le savait. Barabbas
aussi. Voilà ce qui le mettait en colère.
    Elle
s’approcha assez près pour poser la main sur son bras. Il tressaillit comme si
elle l’avait piqué.
    — Tu
habites où ? demanda-t-elle.
    — Pas
ici.
    Ce que
c’était agaçant, cette manie de ne jamais répondre directement aux questions
qu’on lui posait ! Une habitude de voleur, sans doute.
    — Je
sais que tu n’habites pas ici, sinon, je te connaîtrais.
    — À
Sepphoris…
    Un gros
bourg, à une heure et demie de marche, au nord. Il fallait traverser une forêt
épaisse pour s’y rendre et, la nuit, nul ne s’y aventurait.
    — Ne
sois pas bête. Tu ne peux pas rentrer maintenant, dit-elle avec douceur.
    Elle ôta
son châle de laine et le lui glissa entre les mains.
    — Tu
peux dormir dans la cache… Laisse la trappe ouverte, comme ça, tu n’étoufferas
pas. Avec ce châle, tu n’auras pas trop froid.
    Pour toute
réponse, il haussa les épaules et évita son regard. Mais il ne refusa pas le
châle et ne chercha plus le moyen de sauter par-dessus le muret de la terrasse.
    — Demain,
répéta Miryem avec un sourire dans la voix, dès que je pourrai, je t’apporterai
un peu de lait et de pain. Mais quand il fera jour, il vaut mieux que tu
refermes la trappe. Parfois, mon père vient ici aussitôt levé.
    *
    * *
    À l’aube,
une pluie fine et froide gorgeait les maisons d’humidité. Miryem s’arrangea de
son mieux pour détourner des réserves de sa mère un petit pot de lait et un
quignon de pain. Elle grimpa sur la terrasse sans que nul dans la maison ne
s’en soucie.
    La trappe
de la cache était refermée. Le bois luisait, ruisselant de pluie. Elle s’assura
qu’on ne pouvait la voir et tira sur
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