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Marie

Marie

Titel: Marie
Autoren: Halter,Marek
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regardait avec effroi. Cette fois, elle se détourna pour
de bon et s’élança dans l’escalier.
    Dans
l’obscurité, elle frôla le mur pour se guider, sans prendre la peine d’éviter
les marches grinçantes. Les soldats braillaient tant qu’ils ne risquaient pas
de l’entendre.
    Les coups
portés étaient si violents que le mur trembla sous la main de Miryem à
l’instant où elle poussa la porte qui conduisait à la terrasse.
    D’ici, le
tumulte des cris, des ordres, des plaintes se perdait dans la nuit. En bas,
dans la salle commune, la voix de Joachim semblait étonnamment calme tandis
qu’il retirait la barre de la porte et laissait celle-ci pivoter sur ses gonds.
     
    *
    * *
     
    Les
torches des soldats formaient une onde rouge dans l’obscurité. Le cœur battant,
Miryem résista au désir de s’approcher de la murette pour contempler le
spectacle. Elle le devinait sans peine. Les cris résonnaient dans la maison,
sous ses pieds. Elle percevait les protestations de son père, les gémissements
de sa mère, que les aboiements des mercenaires enjoignaient de se taire.
    Elle
courut vers l’autre extrémité de la longue terrasse en surplomb de l’atelier,
évitant le fatras qui l’encombrait. Des paniers, des sacs de vieux bois, de
sciure, des briques mal cuites, des jarres, des bûches et des peaux de mouton.
Tout ce que son père venait y déposer, par manque de place dans la resserre.
    Dans un
angle, d’énormes rondins à peine équarris étaient entassés dans un désordre qui
menaçait de s’écrouler. Cependant, tout ce bric-à-brac n’était que tromperie.
La cache réalisée par Joachim pour sa fille était sans doute le plus beau et le
plus astucieux de tous les ouvrages de charpente qu’il avait fabriqués dans sa
vie.
    Entre les
rondins entassés, si lourds qu’il fallait au moins deux hommes pour les
soulever, étaient coincées çà et là de fines planchettes. On aurait pu croire
que les troncs, glissant les uns sur les autres, les avaient bloquées au hasard
de leur poids.
    Pourtant,
à l’extrémité du tas, il suffisait de pousser l’une de ces planchettes de
caroubier pour ouvrir une trappe. Se confondant avec les éclats naturels du
bois, les coups de gouge et l’usure des intempéries, ce battant demeurait
parfaitement invisible.
    Derrière,
savamment creusée dans l’amoncellement des rondins, fixés et chevillés avec
art, apparaissait une tanière assez grande pour qu’un adulte puisse s’y tenir
allongé.
    Seule
Miryem, sa mère et Joachim connaissaient son existence. Ni ami, ni voisin. Ils
ne pouvaient courir ce risque. Les mercenaires d’Hérode savaient faire avouer
aux hommes et aux femmes ce qu’ils croyaient pouvoir taire à jamais.
    La main
sur la planchette, Miryem allait actionner le mécanisme, quand elle
s’immobilisa. Malgré le vacarme effroyable qui croissait dans la rue et dans la
maison, elle eut la sensation d’une présence toute proche.
    Elle
tourna vivement la tête. L’ombre claire d’un tissu chatoya. Puis s’éteignit.
Elle fouilla du regard l’ombre derrière les tonneaux de saumure où macéraient
des olives, consciente qu’elle ne pourrait demeurer ainsi longtemps.
    — Qui
est là ? chuchota-t-elle.
    Pas de
réponse. D’en bas provenait la voix sourde de Joachim qui affirmait, en réponse
aux vociférations d’un soldat, que non, qu’il n’y avait jamais eu de garçon
dans cette maison. Dieu Tout-Puissant ne lui en avait pas donné.
    — Ne
mens pas ! gueulait le mercenaire avec un accent qui entrechoquait les
syllabes. Il y a toujours des garçons chez les Juifs.
    Miryem
devait se dépêcher : ils allaient monter. Avait-elle réellement vu quelque
chose ou était-ce son imagination ?
    Retenant
son souffle, elle avança. Et buta contre lui. Il bondit tel un chat à
l’attaque.
    Un garçon,
grand et maigre, pour ce qu’elle en devinait à la faible lueur des torches de
la rue. Des yeux brillants, un visage à la peau tendue sur les os.
    — Qui
es-tu ? murmura-t-elle, stupéfaite.
    S’il avait
peur, il n’en montra rien. Il agrippa Miryem par la manche de sa tunique et,
sans un mot, l’entraîna dans l’épaisseur de l’obscurité. La tunique craqua.
Miryem finit par s’accroupir près du garçon.
    — Idiote !
Tu vas me faire repérer ! Une voix sèche et grave.
    — Lâche-moi,
tu me fais mal.
    — Crétine !
gronda-t-il encore.
    Mais il
relâcha son bras en se rencognant contre la murette.
    Miryem
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