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Marie

Marie

Titel: Marie
Autoren: Halter,Marek
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hausser les épaules. Joachim, d’une voix déjà plus ferme,
lança :
    — C’est
une enfant, décurion. Elle n’a rien fait.
    — Alors,
pourquoi as-tu peur qu’on découvre ta fille dans ta maison, si elle n’a rien
fait ?
    Il y eut
un silence gêné. Miryem répliqua aussitôt :
    — Mon
père a peur parce qu’on raconte que les soldats du roi Hérode tuent même les
femmes et les enfants. On raconte aussi que vous les emportez dans le palais du
roi et qu’on ne les revoit plus.
    Le rire du
décurion éclata, faisant sursauter Miryem, avant que les mercenaires, autour
d’elle, imitent leur chef. L’homme redevint sérieux. Il saisit Miryem par
l’épaule, la fixa intensément.
    — Tu
as peut-être raison, gamine. Mais on ne s’en prend qu’à ceux qui n’obéissent
pas à la volonté du roi. Es-tu bien sûre que tu n’as rien fait de mal ?
    Miryem
soutint son regard, les traits immobiles, les sourcils levés par
l’incompréhension, comme si le mercenaire avait proféré une insanité.
    — Comment
pourrais-je faire quelque chose contre le roi ? Je ne suis qu’une enfant
et il ne sait même pas que j’existe.
    De nouveau
les soldats s’esclaffèrent. L’officier poussa Miryem contre son père. Joachim
referma les bras sur elle et la serra si fort qu’elle en eut le souffle coupé.
    — Ta
fille est une maligne, charpentier, déclara l’officier. Tu devrais mieux la
surveiller. La cacher sur ta terrasse n’est pas une bonne idée. Les garçons que
nous pourchassons sont dangereux. Ils tuent même les vôtres quand ils ont peur.
    *
    * *
    A leur
retour dans la maison, Hannah, elle aussi surveillée par des mercenaires, les
attendait au pied de l’escalier. Elle enlaça sa fille en balbutiant une prière
au Tout-Puissant.
    L’officier
menaça encore : des jeunes brigands avaient voulu s’emparer de la villa du
percepteur. Ils avaient cherché, une fois de plus, à voler le roi. Ils seraient
pris et punis. On savait comment. Et tous ceux qui leur viendraient en aide
subiraient leur sort. Sans la moindre clémence.
    Lorsque
les soldats quittèrent enfin la pièce, Joachim s’empressa de rabattre la barre
de la porte. Un grésillement vif attisait les braises du foyer. Les mercenaires
ne s’étaient pas contentés de renverser les quelques sièges, de retourner les
couches et les coffres, ils avaient jeté dans le feu les pièces de bois
délicatement travaillées par Joachim. Maintenant, elles brûlaient avec des
flammes claires, ajoutant à la chiche lumière des lampes à huile.
    Miryem se
précipita, s’accroupit devant le foyer, voulut retirer les morceaux ouvragés à
l’aide d’une pointe de fer. Il était trop tard. La main de son père se posa sur
son épaule.
    — Il
n’y a plus rien à sauver, marmonna-t-il. Ce n’est rien. Ce que j’ai su faire,
je saurai le refaire.
    Les larmes
brouillaient le regard de Miryem.
    — Au
moins ne s’en sont-ils pas pris à l’atelier. Je ne sais pas ce qui les a
retenus, soupira Joachim.
    Alors que
Miryem se relevait, sa mère demanda :
    — Comment
ont-ils réussi à te trouver ? Dieu Tout-Puissant, ils ont découvert la
cache ?
    Joachim
répondit :
    — Non.
Elle s’était simplement glissée derrière les barriques.
    — Et
pourquoi ?
    Miryem
contempla leurs visages encore gris de peur, leurs yeux trop brillants, leurs
traits tendus à l’idée de ce qui aurait pu advenir. Elle songea au garçon
enfermé là-haut, à sa place. A son père, elle aurait pu confier ce secret. Pas
à sa mère.
    Elle
murmura :
    — J’avais
peur qu’ils vous fassent du mal. J’avais peur de rester toute seule pendant
qu’ils vous faisaient du mal.
    Ce n’était
qu’un demi-mensonge. Hannah la serra contre sa poitrine, lui mouillant les
tempes de ses larmes et de ses baisers.
    — Oh !
ma pauvre petite ! tu es folle. Joachim redressa un tabouret, esquissa un
sourire.
    — Elle
s’est parfaitement débrouillée avec l’officier. Notre fille est courageuse,
c’est bien.
    Miryem
s’écarta de sa mère, les joues rosies de fierté sous le compliment. Le regard
de Joachim était empli d’orgueil, presque heureux.
    — Aide-nous
à ranger, dit-il, et va dormir. À présent, la nuit sera tranquille.
    *
    * *
    En effet,
les braillements des mercenaires cessèrent. Ils n’avaient pas trouvé ce qu’ils
cherchaient. Comme souvent. Le plus souvent, en vérité. Cette impuissance les
rendait parfois aussi fous que des bêtes
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