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Marie

Marie

Titel: Marie
Autoren: Halter,Marek
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Prologue
    Il faisait
nuit. Les portes et les volets du village étaient clos, les bruits du jour
absorbés par l’obscurité.
    Sur son
tabouret rembourré d’un peu de laine, Joachim le charpentier, le poing serré
sur des ronces enveloppées dans un chiffon, polissait des pièces de bois aux
nervures délicates qu’il déposait avec précaution, une fois achevées, dans un
panier.
    Ses gestes
étaient ceux de l’habitude, alourdis par la fatigue et le sommeil. Parfois il
s’immobilisait. Ses paupières se fermaient, son menton s’affaissait.
    De l’autre
côté du foyer, Hannah, son épouse, le visage rosi par les braises mourantes,
coula vers lui un regard tendre. Un sourire plissa ses joues. Elle cligna de
l’œil vers sa fille Miryem, qui lui tendait un écheveau de laine. L’enfant
répondit à sa mère d’une grimace complice. Puis, de nouveau, les doigts agiles
d’Hannah tirèrent les brins de laine, les entremêlant et les torsadant si
régulièrement qu’ils ne formaient plus qu’un seul fil.
    Des
braillements les firent sursauter.
    Là dehors,
tout près.
    Joachim se
redressa, la nuque tendue, les épaules raides, sans plus trace de sommeil.
    Ils
entendirent d’autres cris, reconnurent des voix, plus aiguës que des cliquetis
de métal, et les rires qui jaillirent soudain, incongrus. Une plainte de femme
s’éleva, s’acheva en sanglots.
    Miryem
scruta le visage de sa mère. Hannah, les doigts noués sur la laine, se tourna
vers Joachim. La mère et la fille le regardèrent déposer dans le panier la
pièce de bois qu’il travaillait encore. Un geste précis, soigneux. Par-dessus,
il jeta la poignée de ronces enveloppées de chiffons.
    A
l’extérieur, les hurlements enflèrent, plus violents. Toute la ruelle du
village s’agitait. Des insultes fusaient, clairement compréhensibles,
franchissant les portes et les murs.
    Hannah
rangea son ouvrage dans le tissu déployé sur ses cuisses et ordonna tout bas à
Miryem :
    — Monte.
    Sans
attendre, elle retira l’écheveau des bras tendus de la fillette. La voix plus
dure, elle répéta :
    — Monte.
Dépêche-toi !
    Miryem
s’écarta de la cheminée et recula jusqu’à la tenture qui masquait la cage
d’escalier noyée d’ombre. Le rideau repoussé, elle s’arrêta, incapable de
détacher les yeux de son père.
    Joachim
était debout, s’avançant vers la porte. Lui aussi s’immobilisa. La barre était
glissée en travers du grand vantail et de l’unique volet. Il l’avait placée
lui-même. Elle était bien bloquée, il le savait.
    Comme il
savait qu’elle était inutile. Elle ne les protégerait pas de ceux qui
approchaient. Les portes et les volets, ils s’en moquaient.
    Les
gueulements, maintenant, résonnaient plus près, entre les murs des resserres et
des ateliers.
    — Ouvrez !
Ouvrez ! Ordre d’Hérode, votre roi !
    Des mots
prononcés en mauvais latin et répétés en mauvais hébreu. Des voix, un accent,
une manière de brailler qu’ici on considérait comme une langue étrangère.
    C’était
ainsi chaque fois que les mercenaires d’Hérode venaient semer la terreur et le
malheur dans le village. Ils arrivaient de préférence la nuit, sans que l’on
sache jamais pourquoi.
    Parfois,
ils s’éternisaient dans Nazareth des jours durant. En été, ils campaient à la
sortie du village. En hiver, ils jetaient des familles hors de leurs masures et
s’installaient au gré de leurs caprices. Ils ne s’en allaient qu’après avoir
volé, brûlé, détruit et tué. Ils prenaient leur temps, se plaisaient à
contempler l’effet du mal et de la souffrance qu’ils engendraient.
    Parfois,
ils traînaient des prisonniers derrière eux. Des hommes, des femmes, même des
enfants. On les revoyait rarement, mais il fallait du temps avant qu’on les
tienne pour morts.
    Quelquefois,
les mercenaires laissaient le village en paix pendant des mois. Une saison entière.
Les plus jeunes, les plus insouciants oubliaient presque leur existence.
    A présent,
les cris cernaient la maison. Miryem entendit le raclement des semelles sur le
dallage de pierre.
    Joachim
devina le regard de sa fille qui pesait dans son dos. Il se retourna, chercha
sa silhouette dans l’ombre. Il ne se montra pas fâché de la trouver encore là,
mais agita la main de manière pressante.
    — Monte
vite, Miryem ! Sois prudente.
    Il lui fit
une grimace. Peut-être un sourire. Miryem vit sa mère qui pressait les mains
devant sa bouche et la
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