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Ma soeur la lune

Ma soeur la lune

Titel: Ma soeur la lune
Autoren: Sue Harrison
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tête d'Amgigh dans ses bras et, doucement, très doucement, Samig entendit les mots d'un chant, pas une ode funèbre, mais un des chants de Kiin — des mots qui demandaient aux esprits d'agir, des mots qui suppliaient le pardon d'Amgigh, qui maudissaient les animaux que Kiin avait sculptés.
    Enfin, Kiin se releva et s'essuya les yeux du revers de la main.
    — Il est parti. J'aurais dû venir plus tôt. J'aurais dû savoir qu'il combattrait le Corbeau. C'est ma faute, je...
    Mais Samig pressa ses doigts contre les lèvres de Kiin.
    — Tu n'aurais pas réussi à l'arrêter, protesta-t-il.
    Et il posa sa main sur la tête de Kiin.
    — Tu es ma femme, maintenant. Je ne laisserai pas le Corbeau te prendre.
    — Non, Samig. Tu n'es pas assez fort pour le tuer.
    Mais la colère brûlait dans la poitrine de Samig,
    dans sa gorge, dans ses yeux.
    — Un couteau, cria-t-il en se tournant vers les hommes rassemblés autour de lui.
    Quelqu'un lui tendit un couteau, de piètre facture, le tranchant émoussé, dont Samig s'empara pourtant, sa rage lui montrant l'arme pour meilleure qu'elle ne l'était réellement.
    Le Corbeau serra les dents et lui hurla quelque chose en langue Morse.
    — Il ne veut pas se battre avec toi, expliqua Kiin entre deux sanglots. Samig, je t'en prie. Tu n'es pas assez fort. Il te tuera.
    N'écoutant personne, Samig plongea en avant, le poignet tordu pour diriger vers le Corbeau le tranchant le plus long de la lame. Le Corbeau s'accroupit et marmonna des mots de fureur, des mots qui se glissaient entre ses dents serrées. Samig s'approcha, assez près pour saisir le revers de la main du Corbeau, arracher la peau, faire jaillir du sang, mais le Corbeau ne bougeait toujours pas.
    L'homme appelait Kiin d'une voix forte, avec des paroles Morses incompréhensibles pour Samig. Kiin répondit dans la même langue, sa voix montant du cercle de ses animaux sculptés. Samig regarda un moment dans sa direction. Kiin poussait les animaux dans le sol et les enfouissait dans le sable.
    À ce moment, Samig sentit le couteau du Corbeau taillader le haut de son poignet droit, la lame d'obsidienne mordre à travers sa peau jusqu'aux tendons et aux muscles. Samig sentit la force quitter sa main, comme si le couteau du Corbeau arrachait le pouvoir par la blessure. Samig essaya d'ouvrir les doigts, de libérer son propre petit couteau dans sa main gauche, mais en vain.
    Kiin se planta entre les deux hommes.
    — Non, dit-elle. Je vous en prie, non.
    Petit Couteau était là aussi, ses mains agrippant celles de Samig.
    — Tu ne peux pas gagner. Regarde ta main.
    Samig baissa les yeux et vit le sang, les doigts qui
    refusaient de lui obéir.
    — Je dois combattre, répéta-t-il, rageur. Je ne peux le laisser prendre Kiin.
    Mais Petit Couteau détourna les yeux pour qu'ils ne rencontrent pas ceux de Samig.
    — Ne te bats pas, supplia Kiin. Tu as Petit Couteau. C'est ton fils, maintenant. Tu as Trois Poissons. C'est une bonne épouse. Un jour, tu seras assez fort pour combattre le Corbeau et gagner. Jusqu'à ce moment, je resterai avec lui. Je ne suis pas assez forte pour lui tenir tête, mais je le suis assez pour t'attendre.
    Alors, Chasseur de Glace s'approcha de Kiin, prit le bras de Samig et mit une lanière de cuir de phoque autour de son poignet ensanglanté afin de comprimer la blessure.
    — Tu n'as aucune raison de te battre, déclara Chasseur de Glace. Le premier combat fut juste. Les esprits ont décidé. Sinon, pourquoi le couteau de ton frère se serait-il brisé?
    Samig eut alors l'impression que la force de sa main et tout le pouvoir qui lui restait s'échappaient de lui avec le sang de son poignet. Il n'eut pas de mots à opposer à Petit Couteau ou à Chasseur de Glace. Il n'eut pas de promesses à offrir à Kiin.
    Kiin ôta le collier que Samig lui avait donné la nuit de son attribution de nom et le passa lentement au-dessus de sa tête.
    — Un jour, tu le combattras, dit-elle, et ce jour-là tu me rendras ce collier.
    Elle se tourna vers le Corbeau :
    — Si je dois partir avec toi, que ce soit maintenant.
    Elle s'était exprimée d'abord dans la langue des Premiers Hommes puis elle répéta ses paroles dans la langue des Hommes Morses.
    Le Corbeau posa une question et Kiin répondit, d'abord dans la langue de son peuple puis dans celle du Corbeau.
    — J'ai donné Takha à l'esprit du vent ainsi que grand-mère l'avait prescrit.
    L'esprit de Samig, lourd de la mort d'Amgigh, fut
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