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Ma soeur la lune

Ma soeur la lune

Titel: Ma soeur la lune
Autoren: Sue Harrison
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est repris avec de légères variantes et l'accent est mis sur des points différents afin de servir de base à l'édification de Ma sœur la lune.
    Dans maintes cultures indiennes, on considère que les noms possèdent des pouvoirs particuliers. Au long d'une vie, un guerrier ou un chasseur peut en avoir plusieurs : un « vrai » nom, donné par un parent honoré ou une personne dont les pouvoirs spirituels inspirent le respect ; un surnom, usité à la place du « vrai » nom afin de protéger le possesseur du vrai nom de l'assaut des malédictions et envoûtements de la part de ceux qui entendent nuire; un « petit nom » utilisé par la famille ou les amis proches; des noms choisis par la personne elle-même afin de commémorer un événement de sa vie ; un nom d'esprit, souvent gardé secret, obtenu au cours d'une quête ou d'un jeûne spirituel. Dans Ma sœur la lune, tout comme dans Ma mère la terre, mon père le ciel, on donne aux personnages dont les pensées sont ouvertes au lecteur des noms présentés en langage indien. Ces noms représentent la nature ou la destinée spirituelles de celui qui les porte. Très souvent, on attribue aussi à un personnage un nom d'esprit, comme dans le cas de Kiin (Tugidaq).
    À l'époque où se situe Ma sœur la lune, les tailleurs de pierre des îles Aléoutiennes orientales fabriquaient uniquement des lames monofaces, bien que dans d'autres régions d'Amérique du Nord les tailleurs de pierre aient mis au point la technique supérieure et ô combien magnifique du biface Piano.
    Prologue
    ÉTÉ 7055 AVANT J.-C. île de Chuginadak, îles Aléoutiennes
    PROLOGUE
    Chagak était assise à l'entrée de l'ulaq, sur la motte épaisse qui constituait le toit. Elle était occupée à gratter les derniers lambeaux de chair d'une peau de phoque. Samig et Amgigh tétaient sous son suk en peaux d'oiseaux, nichés au chaud; chaque enfant était maintenu par une bandoulière fixée à son épaule.
    Baie Rouge, la fille de Kayugh, jouait avec des pierres de couleur sur l'herbe en haut des dunes. De temps à autre, la petite fille appelait Chagak mais le crissement des vagues sur les graviers sombres du rivage dominait sa voix ténue.
    Chagak aurait voulu que le bruit de la mer recouvre aussi les sanglots de Coquille Bleue, mais elle entendait toujours la femme pleurer.
    Elle songea au nouveau bébé de Coquille Bleue, une petite fille, et interrompit un instant son ouvrage pour envelopper Samig et Amgigh de ses bras. Deux beaux garçons, robustes, se dit-elle. Et même si Amgigh était le fils de Kayugh et non le sien, elle avait le sentiment qu'Amgigh lui appartenait autant que Samig. C'était son propre lait qui lui avait donné la vie. Mais pourquoi les esprits l'avaient-ils bénie elle et pas Coquille Bleue? Pourquoi une femme était-elle choisie pour recevoir des fils alors qu'on ne donnait à une autre que des filles?
    « Un fils ! » avait hurlé Oiseau Gris à Coquille Bleue au moment où étaient apparues les premières douleurs. Chagak avait été écœurée. Un homme pouvait-il comprendre la souffrance qu'une femme endurait quand elle mettait un enfant au monde ? Si Oiseau Gris avait eu aussi mal que Coquille Bleue pendant l'accouchement, serait-il aussi impatient de tuer l'enfant ?
    — J'ai eu ma part de malheur, dit Chagak en s'adressant avec défi à la montagne sacrée Aka.
    Mais soudain des voix s'élevèrent avec des accents de colère. Kayugh et Oiseau Gris sortirent de l'ulaq de Longues Dents.
    Kayugh balaya la plage du regard puis, à longues enjambées, rejoignit sa fille. Il la saisit dans ses bras et la tint contre sa poitrine. Baie Rouge s'accrocha à lui, son petit visage se détachant tout pâle contre son parka. Puis Kayugh se tourna vers Oiseau Gris.
    Pendant un moment, les deux hommes s'observèrent sans un mot. Kayugh mesurait deux mains de plus que Oiseau Gris et le vent bruissant dans les plumes de son parka le faisait paraître encore plus grand.
    La mâchoire crispée, il dit :
    — As-tu oublié que nous sommes les Premiers Hommes ? As-tu oublié que nous avons entrepris de reconstituer un village? Et tu voudrais construire cet endroit sans femme?
    Les premiers mots étaient prononcés d'une voix basse et douce mais, au fur et à mesure qu'il parlait, la rage montait.
    Chagak ne regardait pas Oiseau Gris, cependant elle ne quittait pas le visage de Kayugh des yeux, prête à s'emparer de Baie Rouge si Oiseau Gris attaquait.
    — Qui portera tes
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