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Ma soeur la lune

Ma soeur la lune

Titel: Ma soeur la lune
Autoren: Sue Harrison
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n'avait aucun droit de vendre Kiin, mais quel que soit le prix payé par le Corbeau, je le rembourserai.
    Amgigh attendit pendant que Chasseur de Glace, utilisant ses mains et de nombreux mots, parlait de nouveau au Corbeau. Mais le Corbeau jeta à terre sa couverture de plumes noires et, avec colère, regagna son abri.
    Alors, Chasseur de Glace se tourna lentement pour faire face à Amgigh :
    — Il refuse de négocier pour elle, mais il se battra contre toi pour elle et pour les fils. Lance ou couteau, il s'en moque.
    — Couteau, décida Amgigh en pressant la main contre l'étui recouvrant sa lame d'obsidienne.
    Okmok était plus fort que le Corbeau.
    La plage était déserte. Les commerçants dormaient encore, certains dans le grand ulaq des Premiers Hommes, d'autres dans des abris de fortune. Amgigh n'avait rien raconté à Samig de ce qui se passait. Quand son frère s'était assis à côté de lui la nuit dernière pour lui demander où étaient Kiin et Trois Poissons, Amgigh avait répondu qu'elles étaient dans les collines, loin des commerçants, loin du bruit qui faisait pleurer les bébés. Elles reviendraient le lendemain, avait affirmé Chagak. Samig avait haussé les épaules. Mais Amgigh savait son frère soucieux et comprenait sans colère que son inquiétude était autant pour Kiin que pour Trois Poissons.
    Pourtant, Amgigh ne pouvait dire la vérité à son frère, qui l'avait toujours aidé, qui lui avait tout appris. Enfin venait le tour d'Amgigh de se battre, d'être l'homme.
    Amgigh se dirigea vers la plage dont le sable était constellé de traces de pas au-dessus de la ligne de marée, mais lisse au-dessous, ses propres pas formant des empreintes neuves sur le sable vierge. Il remarqua du mouvement dans l'abri des deux Hommes Morses et marcha alors jusqu'à eux, et attendit debout devant le rabat de la porte que le Corbeau paraisse.
    Le Corbeau ne portait que ses tabliers. C'était un homme grand, plus grand que Kayugh et plus large que Samig. Il resta un moment sans parler, puis appela quelqu'un dans l'abri. Chasseur de Glace émergea.
    — Amgigh, dit Chasseur de Glace, solennel. Il veut savoir si tu désires toujours te battre.
    — Demande-lui s'il compte quitter cette plage et laisser ma femme et mes fils.
    Chasseur de Glace traduisit. Le Corbeau hurla de rire, marmonna quelque chose, et se tourna vers Amgigh, sourcil levé.
    — Il demande si tu veux te battre ici ou ailleurs, dit Chasseur de Glace.
    — Sur la plage, là où c'est plat, répondit Amgigh.
    Sans se détourner, il désigna un endroit derrière
    lui où l'eau avait laissé le sable immaculé.
    Le Corbeau acquiesça d'un signe de tête et les deux hommes se dirigèrent lentement jusqu'au replat. Amgigh, la main gauche sur son amulette, tira lentement son couteau de son fourreau, faisant bouger la lame pour que la lumière se prenne dans ses faces translucides.
    Le Corbeau devait savoir contre quoi il luttait. Il devait savoir qu'il y avait là davantage que l'esprit d'un seul homme.
    Amgigh vit la surprise sur le visage du Corbeau, puis un lent sourire, et Amgigh vit le Corbeau tirer son propre couteau, dont la lame était plus longue que celle du couteau d'Amgigh. Les doigts de quelque esprit enserrèrent sa poitrine. La pression ralentit le rythme de son cœur, arracha le courage d'Amgigh de ses mains et de ses pieds, au point que ses bras et ses jambes furent soudain lents et faibles.
    C'était le couteau d'obsidienne d'Amgigh, le frère du couteau de Samig. Qakan avait dû le voler quand il avait emmené Kiin, puis le troquer.
    Le Corbeau tenait le couteau et riait. Peut-être l'esprit du couteau se souviendra-t-il que c'est moi le véritable propriétaire, songea pourtant Amgigh.
    Lentement, Amgigh leva son couteau, lentertient, il commença à marcher en cercle.
    Une légère brume s'était mise à tomber, trempant les peaux et les nattes de leur abri. Kiin avait froid et faim. Au cours de la nuit, Trois Poissons avait mangé toute la nourriture qu'Amgigh leur avait apportée, et maintenant, elle ne cessait de jacasser. Les mots s'écoulaient de sa bouche comme de l'eau de source, bouillonnant, écumant, jusqu'à ce que l'abri soit tellement rempli de bruit que Kiin se demanda comment il restait encore de la place pour les rigoles d'eau qui se frayaient un chemin entre les peaux et les nattes pour goutter sur les cheveux et lui dégouliner dans le cou.
    Elle sortit Takha de son suk. Peut-être que si Trois
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