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Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Titel: Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi
Autoren: Max Gallo
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à sa gloire, les habitudes du royaume. Et pourtant il diffère le moment où il devra imposer les dispositions qu’il envisage pour le lendemain de sa mort.
    Il ne le peut pas encore, comme s’il refusait de la regarder en face.
    Et pourtant elle est en lui déjà.
    La fatigue le terrasse souvent. Il somnole. Il est de plus en plus fréquemment soumis à des vertiges. Il chancelle, la tête envahie de vapeurs brûlantes. Il a envie de se laisser tomber à même le sol. Rester droit, marcher, exige de lui un effort de volonté qui le laisse épuisé. Il a l’impression que sa chair devient une charpie molle qui ne le porte plus. Elle s’effiloche. Elle se détend. Il maigrit.
    Et pourtant, il a encore tant à faire.
     
    Il veut servir Dieu et la religion. Pour le bien du royaume et son propre salut. Faire que ses sujets et l’Église soient soumis à la juste foi telle que le souverain de l’Église en ce monde, le pape, la définit.
    Il faut faire plier ces évêques, cet archevêque de Paris, Noailles, qui contestent la bulle Unigenitus . Comment osent-ils, eux les sujets du pape, se dresser contre lui ?
    Il faut briser cette Fronde, contraindre le Parlement de Paris, la Sorbonne, la faculté de théologie, à enregistrer cette bulle pontificale, et exiler au sein de leurs diocèses Noailles et les évêques réticents, qu’il ne veut plus voir à la Cour.
    Il se sent apaisé quand son confesseur, le père Le Tellier, le félicite d’avoir ainsi servi Dieu, la religion, le souverain de l’Église, et brisé cette rébellion d’une Église tentée par l’hérésie janséniste ou par, plus grave encore, l’indépendance à l’égard de son souverain. N’est-ce pas ce qui s’est produit dans le royaume d’Angleterre ? Et n’est-ce pas ce que veulent ici ces « gallicans » ?
    Il prie. Il a œuvré pour Dieu et l’Église en combattant les huguenots, et maintenant en étant aussi rigoureux avec les jansénistes.
    Il a accompli sa tâche et Dieu lui en saura gré.
     
    Il en est sûr quand il reçoit le maréchal de Villars qui vient de signer à Rastadt le traité de paix qui complète celui d’Utrecht et met fin à la guerre entre le royaume de France et l’empereur germanique. Villars a négocié avec le prince Eugène, et les conversations ont été longues et difficiles, mais le 6 mars 1714, tout est conclu.
    Louis s’avance vers Villars, qui s’incline dans ce grand cabinet d’où l’on voit la fontaine d’Apollon.
    — Voilà donc, monsieur le maréchal, le rameau d’olivier que vous m’apportez. Il couronne vos lauriers, dit Louis.
    Villars s’incline à nouveau en une longue et profonde révérence.
    — Permettez-moi, Sire, d’embrasser les genoux de Votre Majesté de la part du prince Eugène, dit Villars. Il m’a fait promettre d’assurer Votre Majesté de son regret sincère de tout ce qu’il a été forcé de faire pendant la guerre. À l’occasion de la paix qui est un temps de clémence, il prend la liberté de supplier Votre Majesté de recevoir favorablement les assurances de son profond respect.
    Louis se tait. « Mme Putana », ce « hideux prince Eugène », le voici qui courbe la nuque, parce qu’on l’a vaincu.
    — Il y a longtemps que je ne regarde le prince Eugène que comme sujet de l’empereur, dit Louis. En cette qualité il a fait son devoir.
    Il hésite, puis ajoute :
    — Je lui sais gré de ce que vous me dites de sa part, et vous pouvez l’en assurer.
    Et maintenant il faut remercier le maréchal de Villars, qui attend ses récompenses, voudrait être connétable ou entrer au Conseil des finances. Et Louis ne veut pas lui accorder cela. Il est résolu à ce qu’il n’y ait point de connétable et il ne faut pas donner à un chef de guerre trop de pouvoirs. Il faut marquer cependant sa reconnaissance. Il lui ouvre les « grandes entrées » au lever du roi, le convie à la chasse, lui dit après un tir fructueux :
    — Monsieur le maréchal vous m’avez porté bonheur, car jusqu’à votre arrivée j’avais mal tiré. Vous êtes accoutumé à rendre mes armes heureuses.
    Elles le sont. Il ne veut pas entendre ceux qui murmurent qu’aux traités d’Utrecht et de Rastadt, le royaume de France a trop payé la paix ! Et ils ergotent sur les places abandonnées – Ypres ou Tournai. Il s’indigne de ce mauvais procès. L’Alsace et Strasbourg, et Philippe V régnant à Madrid, cela ne compte-t-il pour rien ?
    Se
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