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Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Titel: Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi
Autoren: Max Gallo
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souviennent-ils de l’état du royaume en 1709, au temps du grand hiver ?
    Il lui arrive cependant de murmurer : « J’ai trop aimé la guerre…»
    Mais voilà des années qu’il veut aboutir à la paix et il veut rechercher, maintenant que l’empereur a accepté qu’un Bourbon règne à Madrid, une entente avec Vienne.
    Mais lorsqu’il évoque ce projet en Conseil, puis avec les ambassadeurs, l’angoisse l’envahit.
    Aura-t-il le temps d’affermir la paix en Europe, avant que la mort ne l’emporte ?
    Car elle est là, de nouveau à l’œuvre.
    Il a appris avec une sorte d’effroi la mort de la reine d’Espagne. Marie-Louise de Savoie n’avait que vingt-six ans et depuis sa disparition Philippe V, qui l’aimait, vit cloîtré, sans doute dominé par cette vieille et perverse princesse des Ursins, qui à soixante-douze ans – c’est ce qui se murmure à la Cour – rêve peut-être de se faire épouser par un roi de trente et un ans !
    Il faut l’empêcher.
    — On ne peut penser à l’état où il est sans frémir, dit Mme de Maintenon, il faut qu’il se marie. Il est trop jeune et trop pieux pour demeurer en l’état où il est.
    Louis s’efforce de prêter attention à cela. Mais Philippe V est roi d’Espagne. Ses troupes ont conquis Barcelone, mettant fin à la sécession catalane. Il a renoncé à ses droits sur la couronne de France, et le duc de Berry et le duc d’Anjou à celle d’Espagne. Que Philippe V décide ! Car Louis se sent las.
    Il ne veut plus soutenir les manigances de la princesse des Ursins, que Philippe V chasse, après avoir décidé d’épouser une jeune princesse italienne, peu titrée, peu fortunée, Élisabeth Farnèse.
     
    Louis a le sentiment que les rênes lui échappent, qu’il n'est plus déjà qu’un spectateur distant, qui écoute avec une indifférence lasse la princesse des Ursins venue se plaindre de la manière dont elle a été traitée.
    — On m’a fait coucher dans la paille et jeûner d’une manière bien opposée aux repas que j’avais coutume de faire, je ne mangeais que deux vieux œufs par jour…
    Puis elle ajoute :
    — Je n’ai point encore reçu l’argent que Votre Majesté m’a fait la grâce d’ordonner qu’il me soit délivré.
    Qu’on la paie, qu’elle quitte le royaume !
    Il se sent, il se croit indifférent.
    Et tout à coup, Fagon qui entre, et sur le visage ce masque que le médecin a si souvent accroché, celui grimaçant et gris de la mort.
    Qui ?
    Le dernier petit-fils, le duc de Berry !
    En chassant le 26 avril à Marly, le duc de Berry a retenu son cheval qui glissait, et la monture s’est cabrée si violemment que le pommeau de la selle s’est enfoncé dans l’estomac du duc de Berry.
    Il a caché son mal. Et il a pensé, pour étancher ce sang qu’il avait les jours suivants dans la bouche, qu’il devait avaler nourritures et boissons, chocolat et viande. Il a même chassé le loup, le 30 avril. Il a vomi. On a cru qu’il rendait le chocolat, alors qu’il s’agissait de sang noir, jailli d’une petite veine rompue.
     
    Il est mort le vendredi 4 mai 1714, à quatre heures du matin.
    Lui, le dernier petit-fils.
     
    Louis est accablé, et il lui faut recevoir le baron de Breteuil pour fixer les cérémonies et la durée du deuil.
    On drapera les carrosses. On ne portera pas de « pleureuses », ces larges manchettes que l’on met sur l’habit en signe de deuil, mais seulement des cravates de mousseline claire avec de l’effilé autour et un petit crêpe noir pendant au chapeau.
    Il doit décider de tout cela alors que sa peine et son désespoir sont si profonds qu’il a l’impression que son corps est fendu, crevé.
    Mais il ne veut pas pleurer devant Breteuil.
    Il lui dit, parce qu’il se sent incapable d’affronter à nouveau les regards pour ce deuil venu après tous les autres :
    — Je ne recevrai aucun compliment public de la part des ministres étrangers, ni harangue des cours supérieures. Les pertes de la famille royale recommencent trop souvent depuis quelque temps, et les compliments et les harangues renouvellent trop vivement les douleurs.
    Il attend d’être seul pour s’abandonner au désespoir.
    Le duc de Berry, le dernier petit-fils, n’avait que vingt-huit ans, et sa jeune épouse, enceinte depuis six mois, n’a pas dix-neuf ans.
    Il sort lentement de ses appartements. Il se dirige vers la chambre où dort le duc d’Anjou, enfant de quatre ans, sur la
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