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Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Titel: Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi
Autoren: Max Gallo
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parvenu.
    Il éprouve chaque nuit, depuis qu’il loge à Versailles, au moment de s’engloutir dans le sommeil, un moment d’intense satisfaction.
    Il a voulu ce château.
    Il en a surveillé tous les travaux, ceux des jardiniers et des charpentiers, des tapissiers et des peintres.
    Il a guidé la main des architectes.
    Il a voulu que se croisent les deux axes, allant d’un point cardinal à l’autre.
     
    À l’est, l’espace des jardins, avec ces trente-neuf fontaines placées dans le labyrinthe, ces statues, cette nature réglée, dont il est le maître et possesseur.
    À l’ouest, c’est le côté de la ville, les bureaux des secrétaires et des commis.
    Et dans tout ce qui est visible, l’or doit briller, comme le trône de vermeil surmonté d’un dais pourpre dans lequel il s’installe, pour dominer cette foule de plusieurs milliers de courtisans.
    Il contemple ce grouillement où les aigrefins, les voleurs, les débauchés côtoient les princes. Mais comment extirper le vice ?
    Il chasse de la Cour quelques illustres sodomites. Il ordonne même que certains soient condamnés au bûcher. Mais il ne peut éradiquer ce mal. Et il est contraint d’avouer à Mme de Maintenon qui l’y invite :
    — Il faudrait que je commence par mon frère !
    Et c’est impossible. On ne touche pas à Philippe d’Orléans et on ne peut châtier sévèrement ses mignons ! Alors, les pervertis et les tricheurs s’abandonnent à leurs vices, corrompent, ruinent les princes aux jeux de la bassette, du lansquenet, du hoca.
    Louis voudrait que la Cour se voue à Dieu. Et il constate qu’à la chapelle, les dames, hier si licencieuses, s’agenouillent, prient, font comme si chaque dimanche était Pâques.
    Mais il n’est pas dupe. Il se souvient de Tartuffe. Les courtisans font mine d’être dévots pour lui plaire, séduire Mme de Maintenon, mais les espions qui sillonnent la Cour, à l’affût des rumeurs, rapportent qu’on se moque de la bigoterie de la nouvelle favorite, qui transforme le roi en dévot. Il le sait : entre eux et lui, c’est une épreuve de force. Et c’est pour cela aussi qu’il laisse les courtisans continuer à jouer, à se ruiner, à se livrer aux usuriers, aux prêteurs, et à devenir ainsi plus serviles encore, tous quémandeurs d’un don, d’une charge.
    Et il veut qu’ils soient soumis et qu’ils soient tous là sous son regard, espérant un geste, une pension.
    Et celui qui abandonne la Cour doit savoir qu’il n’obtiendra rien.
    — C’est quelqu’un de peu car il ne vient jamais à la Cour, dit-il d’une voix forte.
    Il faut que chacun entende et que chacun comprenne qu’on doit paraître et même se ruiner pour rester à Versailles.
    Et Louis répète, pour que la leçon ne soit pas oubliée.
    — C’est un homme que je ne vois jamais.
     
    Alors ils sont tous là, dans les galeries, les salons, les antichambres, se pressant autour des tables de jeu, pour le « souper au grand couvert ».
    Ils sont prêts à tout accepter, le froid, la promiscuité, la saleté qui après quelques jours envahit les galeries.
    Les femmes et les hommes pissent là où ils peuvent, contre les lambris, sur les parquets.
    On marche sur des étrons.
    On vole les couverts et même les franges en fil d’or des rideaux.
    On s’entasse pour dormir sous les combles, si l’on n’a pas obtenu l’un des cent quatre-vingt-deux logements, ou l’une des mille deux cent cinquante-deux pièces avec cheminée !
    On espère être distingué, être invité à faire partie du petit nombre de courtisans admis à se rendre au château de Marly. On supplie pour y être convié : « Sire, Marly. »
    Et pendant ce temps, une partie des sept mille domestiques nettoiera le château de ces immondices.
    L’or, le marbre, les boiseries, les parquets brilleront à nouveau. On aura lustré les consoles, les commodes et, dans leurs cadres dorés et leurs moulures, les peintures de Poussin, de Le Brun, de Mignard resplendiront.
     
    Louis ferme les yeux.
    Il a imaginé le château de Versailles. Il a voulu cette scène, ce décor. Il a composé les figures de ce ballet, choisi les acteurs, précisé l’ordre de succession des tableaux et des actes.
    Il veut qu’« avec un almanach et une montre on soit capable à trois cents lieues d’ici de dire ce qu’il y fait ».
    Il faut que chaque sujet connaisse la course du Soleil et qu’il en soit ébloui.
    Il faut qu’en chaque point du royaume et dans
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