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Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Titel: Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi
Autoren: Max Gallo
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Luxembourg.
    Elle est assise à sa droite dans le carrosse royal rouge et or. Et près d’elle, il a voulu que la dauphine, Marie Anne Charlotte de Bavière, la mère de son petit-fils le duc de Bourgogne, l’héritier de la dynastie, prenne place.
    Tout est en ordre.
    Il éprouve même un regain d’énergie qui lui permet de chevaucher aux côtés du maréchal de Créqui et de Vauban, sur le parapet des tranchées, et il a l’illusion qu’il retrouve la vigueur de ses premières campagnes.
    Mais les douleurs percent son bas-ventre et ses fondements, après quelques heures de selle.
    Il ne veut pas montrer sa souffrance.
    Il entre aux côtés des troupes dans Luxembourg qui vient de capituler. Il y assiste à un Te Deum , et Mme de Maintenon est agenouillée dans la nef de la cathédrale.
    Dieu est aux côtés du très chrétien roi de France.
    Dieu ne lui tient pas rigueur d’avoir refusé de joindre ses troupes à celles de l’empereur germanique et du roi de Pologne qui affrontaient les Turcs sous les murs de Vienne. Ils l’ont emporté sans les soldats de France. Et Dieu a accepté que Louis le Grand ne soit pas d’abord le soldat de la papauté mais celui de la France.
    Le souci d’un souverain doit être de défendre les intérêts de son royaume et de faire resplendir sa gloire.
    Lorsqu’il dit cela à Seignelay, le ministre de la Marine, il guette le visage de Mme de Maintenon.
    Il aime que d’une inclinaison de tête elle l’approuve lorsqu’il demande à Seignelay de rassembler une flotte qui bombardera Gênes jusqu’à ce que capitule cette république alliée de l’Espagne, et qui fabrique et arme pour ce royaume des galères. Il sait que Seignelay exécutera avec efficacité cet ordre.
    Il apprécie le fils de Colbert, et d’autant plus que Mme de Maintenon, par petites phrases, lui tresse des éloges, montrant qu’elle se défie de Louvois, dont elle a appris sans doute qu’il était hostile au mariage, même s’il en fut le témoin.
    Louis est satisfait. Il peut continuer à jouer de la rivalité des clans Louvois et Colbert. Chacun d’eux veut l’emporter sur l’autre et c’est le roi qui gagne. Seignelay réussit. Gênes, détruite sous une pluie de quatorze mille bombes et boulets, tirés depuis l’escadre de Duquesne, demande grâce, annonce qu’elle enverra le doge à Versailles pour faire acte de soumission.
    Et Louvois obtient à Ratisbonne que les puissances liguées contre la France signent une trêve de vingt ans, par laquelle elles acceptent les annexions, les réunions – celle de Luxembourg comme celle de Strasbourg, de Besançon comme de Belfort – accomplies par Louis le Grand.
     
    Il est à Versailles. Il règne sur la Cour et l’Europe.
    Il s’installe sur son trône de vermeil.
    Les ambassadeurs du dey d’Alger s’avancent vers lui, nuques ployées. Leur ville a été bombardée par la flotte de Duquesne. Ils viennent reconnaître leur défaite, se soumettre, comme doit le faire dans quelques mois le doge de la république de Gênes.
    Humble, entouré de quatre sénateurs et des membres de sa famille, le doge parcourra la longue galerie des Glaces courbé. Il confessera les fautes de la République.
    Ainsi, chacun saura que la force du roi de France vaut droit !
    On doit s’en persuader du Sénégal, là où l’on entasse dans les cales des navires négriers les esclaves, aux îles d’Amérique où on les débarque, et on doit le reconnaître du Brandebourg à Gênes.
    Et les sujets du roi ne doivent pas l’oublier.
     
    Il est assis dans la chambre de Mme de Maintenon, à droite de la cheminée.
    D’un mouvement de tête, il approuve l’ordonnance que vient de lui lire Louvois.
    Désormais, les déserteurs de l’armée royale ne seront plus condamnés à mort, car la marine a besoin de bras.
    Ils auront le nez et les oreilles tranchés. Ils seront rasés, enchaînés et envoyés aux galères.
    Et sur leurs joues, ils seront marqués au fer rouge de deux fleurs de lys.
    L’empreinte du roi doit s’inscrire dans les âmes et dans les chairs.

 

5.
     
     
    Il étend la jambe, mais à peine le talon a-t-il effleuré le parquet que la douleur comme une lame rougie au feu s’enfonce dans le mollet, taraude la cuisse, le dos, le bas-ventre.
    Les médecins l’ont dit : c’est la goutte.
    Il mordille ses lèvres. Il sent que la douleur gagne la nuque et s’infiltre même dans la bouche.
    Il tente d’oublier ce corps, pesant, gênant.
    Il
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